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Néonazis aux assises de Paris : Deux témoins chargent le « cerveau » du groupe

Ils ont présenté l'un des prévenus, Alexandre Gilet, seul accusé en détention provisoire, comme le "cerveau" de leur groupe

La Cour d'assises de Paris. (Crédit : justice.gouv.fr)
La Cour d'assises de Paris. (Crédit : justice.gouv.fr)

Au procès de quatre néonazis à Paris, deux témoins, dont un adolescent déjà condamné dans cette affaire, ont présenté l’un des accusés comme le « cerveau », enclin à pousser les autres membres du groupe à passer à l’acte.

« C’est celui qui voulait faire des attentats », affirme Joseph (prénom modifié) à propos d’Alexandre Gilet, seul accusé en détention provisoire.

Cet adolescent de 14 ans au moment des faits, en 2017 et 2018, a été condamné en décembre par un juge des enfants à deux ans de prison avec sursis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

Les quatre autres accusés du dossier, Alexandre Gilet, Julien (prénom modifié, il avait 17 ans lors des faits), Gauthier Faucon et Evandre Aubert, sont jugés depuis une semaine devant la cour d’assises des mineurs.

Participant convaincu à des forums « néonazis » et « antisémites » malgré ses origines juives, Joseph est invité à rejoindre un groupe plus restreint sur l’application Discord : « projet Waffenkraft ».

En juillet 2018, cinq membres – lui-même et les quatre accusés – organisent une séance de tir en forêt près de Tours avec les armes d’Alexandre Gilet, gendarme volontaire et membre d’un club de tir.

Joseph assure qu’Evandre ne tire pas et que Gauthier Faucon tire « deux fois », tout comme lui.

Alexandre et Julien tirent eux de nombreuses fois et se prennent en photo cagoulés, faisant le salut nazi.

Dans une vidéo projetée à l’audience, sur une trentaine de tirs d’une arme de type kalachnikov, on entend « deux rafales de deux et une rafale de trois » balles, laissant penser que l’arme a été « transformée en automatique », analyse un expert.

Alexandre Gilet assure n’avoir pas modifié l’arme, expliquant la cadence de tir par une technique de prise en main.

« Rouler sur des passants »

« Il y a déjà une conscience de projets terroristes avant cette séance de tir », juge Joseph, qui témoigne par visioconférence.

« C’est un entraînement en vue de passages à l’acte violents ? », insiste une assesseure.

« Oui », confirme le jeune homme, en gilet vert clair.

N’est-ce pas plutôt « la réalisation d’une attirance pour les armes, la possibilité de voir des armes en vrai ? », tente Modestie Corde, avocate de Julien.

« Dans mon esprit, oui », reconnaît-il.

Mais c’était bien « un groupe déterminé », juge Joseph. En témoigne, le passage sur Wire, « plus sécurisé » que Discord, signe qu’ils avaient conscience de parler « de choses illégales ».

Selon lui, Julien et Gauthier, Tourangeaux comme lui, avaient proposé de « lancer des cocktails Molotov contre les locaux de la Licra » dans cette ville.

Julien, en institut spécialisé en raison de problèmes de comportement, parlait aussi de « brûler des églises », mais sans cible précise.

Toutefois, le plus déterminé était Alexandre Gilet, assure Joseph.

Le tueur norvégien Anders Behring Breivik arrive au tribunal le premier jour d’une audience où il demande une libération conditionnelle, à Skien, Norvège, le 18 janvier 2022. (Ole Berg-Rusten/NTB scanpix via AP)

Il « prenait comme modèle » Anders Breivik, terroriste d’extrême-droite auteur d’un massacre qui avait fait 77 morts en Norvège en 2011.

« Sous forme d’humour caché, il essayait de m’inciter à prendre un camion et à rouler sur des passants. Ça m’agaçait, je disais non à chaque fois », raconte aussi l’adolescent.

Invité à préciser s’il s’agissait d’une blague ou d’une « proposition ferme », le témoin parle de réelle « incitation ».

Auparavant, un autre membre du groupe avait aussi décrit Alexandre Gilet comme « le cerveau », « qui gérait un peu tout ».

« Il embrigadait » Julien, « c’était un peu un dieu pour lui », estime Pierre, 23 ans, en tee-shirt noir et courte barbe brune.

Sur « projet Waffenkraft », parmi des discussions qualifiées de « bon enfant », allant des jeux vidéo à « l’extrême-droite, mais sans partir dans l’excès », le témoin assure qu’il avait identifié « un ou deux » membres « vraiment extrêmes », au « langage haineux » contre « les personnes racisées, les homosexuels, les Juifs ».

Ajouté à cela le fait que « French Crusader » (Alexandre Gilet) avait publié une photo « kalachnikov en main », et Pierre en conclut qu’ils préparaient bien des actes de « terrorisme », même s’il n’a pas eu vent de cibles.

« Concrètement dans ce groupe-là, vous ne vous connaissez pas. Comment vous pouvez dire des choses aussi extrêmes ? Vous ne saviez même pas sa profession », s’insurge l’avocate d’Alexandre Gilet, Fanny Vial.

« C’est mon avis. On me pose des questions, je réponds », rétorque le témoin.

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