Netanyahu : la grève est « une honte » ; la Histadrout dénonce celui « qui a transféré des milliards au Hamas »
Le Premier ministre aurait réaffirmé son insistance à ne pas retirer les forces israéliennes du corridor de Philadelphie et promis de venger les six otages assassinés par le groupe terroriste
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié lundi la grève nationale lancée par la Histadrout de manifestation honteuse de soutien au Hamas et à son chef Yahya Sinwar, selon des citations divulguées lors de la réunion hebdomadaire du cabinet.
« Cette grève est une honte. C’est comme dire à Sinwar : Vous avez tué six personnes ; nous sommes là pour vous soutenir », a déclaré Netanyahu à ses ministres, en référence aux six otages assassinés par leurs ravisseurs du Hamas, selon le site d’information Ynet.
La grève, qui a débuté ce matin, a été interrompue par décision de justice à 14h30 mais le Forum des otages et des proches de disparus a encouragé la population à continuer le mouvement.
Des centaines de milliers de personnes ont manifesté hier soir dans tout le pays pour demander un accord et condamner la façon dont Netanyahu a mené les négociations. La colère et l’angoisse ont été exacerbées par l’assassinat des six otages par le Hamas, peu avant que les forces israéliennes ne découvrent leurs corps. Le président de la Histadrout, Arnon Bar-David, s’adressant aux manifestants à Tel Aviv hier soir, a accusé Netanyahu d’avoir « abandonné » les otages.
Suite aux propos de Netanyahu concernant la grève et rapportés par la presse, la Histadrout a accusé dans un communiqué le Premier ministre d’être « déconnecté » avec la réalité et que son « affirmation incitative selon laquelle l’appel au retour des personnes enlevées qui meurent à Gaza aide Sinwar, vise à faire oublier au public israélien qui est celui qui a transféré des milliards de dollars au Hamas dans des valises ». « Le Premier ministre, sous la direction duquel le plus grand désastre est arrivé au peuple juif depuis la Shoah, devrait mieux investir ses efforts dans ce domaine, et ramener nos fils et nos filles – vivants et non dans des sacs noirs », a ajouté l’organisation.
Le Premier ministre aurait demandé à son gouvernement de lui proposer dans les 48 heures des recommandations pour une riposte vigoureuse au Hamas suite à l’exécution des six otages : Hersh Goldberg-Polin, 23 ans, Eden Yerushalmi, 24 ans, Ori Danino, 25 ans, Alex Lobanov, 32 ans, Carmel Gat, 40 ans, et Almog Sarusi, 27 ans.
Selon des propos rapportés par la presse, lundi, Netanyahu aurait justifié un maintien d’une présence militaire israélienne le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte dans le cadre d’un possible accord.
L’autopsie des corps a établi que les otages ont été exécutés par balle entre jeudi et vendredi matin, ce qui a fait dire à certains qu’il s’agissait d’une riposte au vote très symbolique du cabinet, jeudi soir, en faveur de la demande de Netanyahu de subordonner tout projet d’accord au contrôle israélien de la frontière entre Gaza et l’Égypte.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant aurait demandé à Netanyahu de revenir sur cette décision, qu’il a qualifiée de « contrainte inutile que nous nous sommes imposée ».
Selon la Douzième chaîne, Netanyahu aurait qualifié le corridor de Philadelphie de « bouée de sauvetage du Hamas », ajoutant : « Je ne les laisserai pas se réarmer et nous massacrer à nouveau. Il ne s’agit pas que d’une question diplomatique, c’est une question stratégique et existentielle pour l’État d’Israël. »
« Nous devons rester sur le corridor de Philadelphie, c’est indispensable à la sécurité d’Israël », a déclaré Netanyahu. « En outre, si nous partions, il nous serait difficile d’y revenir. Nous sommes à un moment stratégique de la guerre pour nous maintenir dans le corridor, sans quoi nous ne serons pas capables d’atteindre nos objectifs de guerre. »
L’insistance du Premier ministre à ne pas retirer les forces israéliennes du corridor frontalier entre Gaza et l’Égypte lors de la première phase – 42 jours – d’un accord de cessez-le-feu et de libération des otages dans le but d’empêcher le Hamas de faire passer des armes en contrebande est considérée comme un obstacle majeur à la conclusion d’un accord.
Israël a déclaré la guerre et juré de détruire les capacités militaires et de gouvernance du Hamas suite au pogrom du 7 octobre 2023, jour lors duquel des milliers de terroristes venus de Gaza ont fait irruption en Israël pour y tuer près de 1 200 personnes et en kidnapper 251, essentiellement des civils, avec une extrême brutalité et de nombreuses agressions sexuelles.
Netanyahu a déclaré lundi que, lors des onze mois suivants, l’objectif militaire a été de détruire les capacités militaires du Hamas. Désormais, aurait-il dit, « l’accent sera mis sur la destruction des capacités gouvernementales. Il va y avoir des changements dans la distribution de nourriture et d’aide humanitaire ».
Fait rare : le Premier ministre a présenté des excuses, dimanche, pour ne pas avoir réussi à obtenir la libération de l’otage assassiné Alex Lobanov, l’un des six captifs enlevés le 7 octobre et exécuté par le Hamas à Gaza en fin de semaine dernière.
Selon un communiqué du cabinet du Premier ministre, Netanyahu aurait dit à Oksana et Gregory Lobanov, en utilisant le surnom de leur fils : « Laissez-moi vous dire à quel point je suis désolé et je vous demande pardon de ne pas avoir réussi à ramener Sasha vivant. »
Selon ce même communiqué, Netanyahu aimerait pouvoir parler aux proches des cinq autres otages assassinés par le Hamas la semaine dernière, au moment où l’armée israélienne approchait de leur cachette dans la bande de Gaza. La Douzième chaîne a indiqué dimanche que deux familles avaient d’ores et déjà refusé de parler au Premier ministre et que d’autres familles n’avaient pas encore pris de décision.
Lobanov, 32 ans et chef barman, avait été enlevé à la rave Nova, près du kibboutz Reim, lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre qui a fait 350 morts.
Il a été inhumé au nouveau cimetière d’Ashkelon dimanche soir et laisse dans la peine ses parents, sa femme Michal et sa fille, née après son enlèvement.
Les excuses présentées à la famille seraient une première de la part de Netanyahu, qui estime que les responsabilités dans le pogrom du 7 octobre seront à rechercher après la défaite du Hamas, objectif officiel de l’action militaire israélienne avec le sauvetage des otages. Jusqu’alors, il s’était limité à se dire désolé suite à l’attaque du groupe terroriste du 7 octobre, et ce en réponse à une question de médias anglophones.
La découverte des corps des six otages a porté à son paroxysme la conviction des familles d’otages selon laquelle Netanyahu torpillerait les projets d’accord de crainte que ses partenaires d’extrême droite ne renversent le gouvernement s’il mettait fin aux combats à Gaza.
Netanyahu aurait déclaré dimanche, dans un message enregistré, que le Hamas refusait de négocier de bonne foi depuis décembre dernier.
On estime à 97 sur les 251 initialement enlevés par le Hamas le 7 octobre le nombre des otages encore à Gaza, dont les corps d’au moins 33, dont la mort a été confirmée par Tsahal.
Le Hamas a libéré 105 civils à la faveur d’une trêve d’une semaine, fin novembre, auxquels s’ajoutent quatre otages libérés quelque temps avant, huit otages vivants secourus par des soldats et les corps de 37 otages retrouvés – trois d’entre eux tués par erreur par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés de leur plein gré dans la bande de Gaza, respectivement en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats israéliens tués en 2014.
JTA a contribué à cet article.