Israël en guerre - Jour 471

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Analyse

Netanyahu se garde d’entrer en guerre mais il n’est pas un pacificateur

Les actions de Netanyahu prouvent qu’il préfère le statu quo au changement

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprime devant la presse dans le port d'Eilat, lundi 10 mars 2014, alors qu'Israël expose les roquettes M-302 déchargées du navire sous pavillon panaméen Klos C (Crédit : AFP/ Jack Guez)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprime devant la presse dans le port d'Eilat, lundi 10 mars 2014, alors qu'Israël expose les roquettes M-302 déchargées du navire sous pavillon panaméen Klos C (Crédit : AFP/ Jack Guez)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est souvent décrit, à juste titre, comme un faucon de droite. Il a récemment révélé qu’il n’acceptera jamais la pleine souveraineté palestinienne en Cisjordanie alors qu’il avait parlé à plusieurs reprises d’une solution à deux Etats au cours de ces dernières années.

Mais une chose est sûre, Netanyahu n’est pas un belliciste.

Dirigeant de ce que certains observateurs ont appelé la coalition la plus à droite dans l’histoire d’Israël, Netanyahu a été extrêmement réticent à lancer l’opération Bordure protectrice. Il a lancé plusieurs ultimatums jusqu’à qu’il n’ait plus d’autre choix que d’ordonner une campagne militaire limitée pour tenter de ramener le calme dans les villes israéliennes, une fois que 200 roquettes soient tombées en l’espace de quelques jours.

Même ceux de la gauche d’Israël qui critiquent vivement le gouvernement, tels que Yossi Beilin et Gershon Baskin, ont dû reconnaître que le Premier ministre a agi avec sagesse. La retenue relative dont il a fait preuve face aux tirs continus de roquettes à partir de Gaza lui a assuré un large soutien international pour l’opération Bordure protectrice, alors que plus de 190 Palestiniens ont été tués, dont beaucoup étaient des civils.

Mardi matin, Netanyahu a réussi à convaincre son cabinet de sécurité de voter en faveur de l’accord du cessez-le-feu proposé par l’Egypte (seulement le ministre de l’Economie Naftali Bennett et le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman s’y sont opposés).

Pour la deuxième fois depuis son entrée en fonction, Netanyahu a décidé de mettre fin à une vaste campagne militaire contre les terroristes dans la bande de Gaza sans envoyer des troupes pour « finir le travail », comme certains Israéliens l’exigeaient.

Tout comme lors de l’opération Pilier de défense en 2012, le gouvernement israélien avait menacé à plusieurs reprises d’une incursion terrestre mais sans jamais avoir vraiment eu l’intention d’aller jusqu’au bout.

Cette dernière mini-guerre donne encore plus de raisons et de légitimité pour une telle démarche, car le Hamas a considérablement rehaussé son niveau avec d’innombrables tirs de roquettes sur les principaux lieux de concentration de la population d’Israël et en tentant des soi-disant
« attaques stratégiques terroristes » par la mer, l’air et la terre.

Netanyahu en 2009 : Nous ne nous arrêterons pas l’armée, nous allons renverser le Hamas

Le 3 février 2009, quelques jours après que le Premier ministre de l’époque, Ehud Olmert, ait mis fin à l’opération Plomb durci – qui incluait une opération terrestre – en déclarant un cessez-le-feu unilatéral, Netanyahu, qui dirigeait l’opposition à l’époque, a déclaré que s’il avait été en charge, l’armée aurait été jusqu’au bout. « Je tiens à dire ici et maintenant : nous n’arrêterons pas l’armée israélienne. Nous allons terminer le travail. Nous allons renverser la domination du terrorisme du Hamas ».

Il y a quelques jours, les messages de Jérusalem suggèrent, que cette fois, Netanyahu veut la destruction du Hamas, ou au moins le toucher suffisamment profondément pour le dissuader de reprendre ses attaques terroristes contre Israël à l’avenir.

« Nous ne voulons pas d’un pansement », a déclaré jeudi un haut fonctionnaire du gouvernement. « Nous ne voulons pas laisser du répit au Hamas pour qu’il puisse se reposer, se regrouper et recharger ses batteries. Puis la semaine prochaine ou dans deux semaines, qu’il recommence à tirer des roquettes sur Israël. Une telle solution rapide n’est pas quelque chose que nous voulons ».

La proposition de cessez-le-feu égyptienne est la recette infaillible qui mènerait à ce scénario. Il est sûr que les conditions sont pires pour le Hamas qu’elles ne le sont pour Israël. Le groupe terroriste ne recevra que le calme pour calme – quelque chose qu’il aurait pu avoir avant le début de cette crise – et peut-être l’ouverture du point de passage.

Le fait est qu’en tant que Premier ministre, Netanyahu a mis fin deux fois, ou offert de mettre fin à des campagnes militaires sans détruire le Hamas.

Hésitant à intensifier une campagne aérienne pour la rendre entièrement sécuritaire et mettre les troupes israéliennes en danger, il a refusé par deux fois l’appel de son électorat de droite à une action plus sévère contre les terroristes dans la bande de Gaza.

Dans les heures qui ont précédé l’annonce de l’Egypte de la proposition du cessez-le-feu, les experts israéliens affirmaient que Netanyahu choisirait entre une incursion terrestre ou un cessez-le-feu en fonction du nombre de sièges à la Knesset qu’il perdrait en faveur de ses rivaux. Il semble que la méfiance du Premier ministre envers la guerre a remporté sur son opportunisme politique.

Il reste à savoir si Israël a pleinement atteint l’objectif qu’il s’était fixé pour l’opération Bordure protectrice : la « restauration du calme pendant une longue période tout en infligeant un coup dur sur le Hamas et les autres organisations terroristes dans la bande de Gaza », comme l’a expliqué Netanyahu.

Qu’est-ce qu’une « longue période ? » – quatre ans ? quinze mois ?

Le Premier ministre, cependant, a réussi dans l’arène diplomatique. La campagne a eu l’appui total de la communauté internationale.

Grâce à son hésitation à lancer l’opération et l’acceptation immédiate et inconditionnelle de la trêve, il a marqué des points majeurs dans les capitales du monde entier – y compris le monde arabe, où les gens commencent lentement mais sûrement à blâmer le Hamas pour la misère de Gaza, comprenant qu’Israël n’avait pas d’autre choix que d’agir contre les tirs de roquettes incessants.

Mais les personnes qui déclarent que Netanyahu ne tient pas à faire la guerre doivent aussi préciser qu’il n’est pas un pacificateur non plus.

Tout en soutenant, en principe, une solution à deux Etats, il a indiqué vendredi que sous sa direction, Jérusalem n’accepterait jamais un Etat palestinien indépendant qui contrôlerait la vallée du Jourdain.

Invoquant la nécessité de se protéger dans une région troublée par l’extrémisme islamiste, il explique que même si elle est souhaitable, la souveraineté palestinienne complète est tout simplement impossible.

Netanyahu est un homme du statu quo.

Au regard des menaces terroristes qui surgissent littéralement de tous les coins du Moyen-Orient, le scepticisme de Netanyahu pour prendre des mesures audacieuses vers la réconciliation régionale est compréhensible.

Mais son pessimisme constant semble le paralyser. Il l’empêche de prendre des mesures actives, de lancer ses propres initiatives diplomatiques, d’être proactif plutôt que réactif. C’est pourquoi, sous sa direction, Israël n’a pas connu de guerres mais n’a pas connu non plus de tentative sérieuse de faire la paix.

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