NY : Deux arrestations et des armes saisies, « menaces envers la communauté juive »
La police new-yorkaise et le FBI ont saisi une arme à feu illégale, un chargeur de 30 cartouches, un grand couteau et un brassard nazi sur des suspects interpelés à Penn Station
Luke Tress est le vidéojournaliste et spécialiste des technologies du Times of Israël
NEW YORK – Samedi, les forces de l’ordre new-yorkaises ont arrêté deux hommes et saisi des armes en raison de ce que la police qualifie de « menaces envers la communauté juive ».
Les autorités ont saisi un grand couteau de chasse, une arme de poing illégale Glock 17 et un chargeur de 30 cartouches, a précisé la police.
Un brassard nazi aurait été également été trouvé avec les armes.
La Metropolitan Transit Authority, l’Autorité chargée des des transports new-yorkais a déclaré que deux de ses agents avaient appréhendé les suspects, tard vendredi soir, après avoir été pris connaissance de la menace.
Elle a ajouté, dans un communiqué, que les policiers avaient trouvé un couteau sur l’un des suspects et que l’enquête consécutive à leur arrestation avait permis de trouver d’autres armes et « plusieurs autres objets ».
Les suspects ont été appréhendés à Penn Station, plaque tournante du réseau de transport public de Manhattan. Interpelés aux alentours de minuit, ils ont officiellement été arrêtés samedi.
Suite à cette arrestation, la police a déclaré avoir « déployé des renforts aux endroits sensibles » de la ville.
L’unité antiterroriste de la police new-yorkaise et le FBI avaient eu connaissance de la menace vendredi, a expliqué la police.
Christopher Brown, 21 ans, a été accusé de menaces terroristes, harcèlement aggravé et possession criminelle d’une arme, a déclaré la police new-yorkaise au Times of Israel.
Matthew Mahrer, 22 ans, a été accusé de possession criminelle d’une arme.
Brown est originaire de Long Island et Mahrer de New York, a précisé la police.
Les autorités ont déclaré que Brown avait souffert de problèmes de santé mentale et récemment menacé des synagogues des environs.
Après avoir été appréhendés, les suspects ont été remis aux services de police et au FBI.
« Nous sommes extrêmement reconnaissants aux enquêteurs de police et à nos partenaires chargés de faire respecter la loi d’avoir découvert et déjoué une grave menace pour notre communauté juive », a déclaré le chef de la police de New York, Keechant Sewell, dans un communiqué.
Le Community Security Service, une organisation de sécurité juive, a déclaré avoir été en contact avec les forces de l’ordre fédérales et locales, ces dernières 24 heures, au sujet d’une « menace spécifique envers la communauté juive new-yorkaise ».
L’organisation a ajouté que d’autres organisations juives, parmi lesquelles l’Anti-Defamation League, la Community Security Initiative (CSS) et le Secure Community Network, se trouvaient également dans la boucle.
Evan Bernstein, le chef du CSS, a déclaré que le Community Security Trust du Royaume-Uni avait le premier détecté la menace sur Twitter et informé ses partenaires aux États-Unis.
Le suspect a été identifié grâce à ses publications sur les réseaux sociaux, et les enquêteurs ont ainsi pu établir qu’il se dirigeait vers Manhattan.
Was relieved to learn that this individual is now in police custody. Thank you, @NYPDnews & @NYPD70Pct ! pic.twitter.com/ocPGORxL9Q
— Council Member Ari Kagan (@CMAriKagan47) November 19, 2022
Les enquêteurs ont envoyé une alerte, pris des photos du suspect sur les réseaux sociaux et distribué les images aux organismes de sécurité sur le terrain.
C’est ainsi que le suspect a pu être appréhendé vers minuit, a expliqué Bernstein au Times of Israel.
Il assure ne pas avoir eu connaissance d’une menace spécifique, mais avoir ete destinataire d’une alerte générale concernant les communautés juives.
Le Centre sur l’extrémisme de l’ADL a déclaré que l’un des suspects avait publié des centaines de messages sur Twitter, la semaine passée, « parmi lesquels des messages marqués par l’antisémitisme, la misogynie, le racisme et la rhétorique anti-LGBTQ + ».
« Ses publications sur Twitter renfermaient également des menaces voilées », a déclaré l’ADL.
Ces arrestations ont lieu au moment-même où les juifs américains font l’objet de nombreuses menaces, lorsque ce ne sont pas des attaques en règle.
« Le niveau d’alerte ne cesse d’augmenter », déclare Bernstein.
« Que le risque vienne de l’extrême-droite ou de la gauche, les Juifs sont pris entre deux feux », ajoute-t-il.
La police new-yorkaise a confirmé que 195 crimes de haine antisémites avaient eu lieu dans la ville entre le début de l’année et le 30 septembre dernier, ce qui représente une attaque toutes les 33 heures. Beaucoup d’autres incidents ne sont sans doute pas signalés. Les attaques vont des agressions aux graffitis racistes, en passant par les dommages matériels et le harcèlement verbal.
À New York, les Juifs sont, année après année, le groupe le plus ciblé par les crimes haineux, quel que soit le référentiel – par habitant ou en termes absolus -.
Pour le seul mois dernier, la police a signalé 20 crimes de haine antisémites, quatre fois plus que contre tout autre groupe.
Plusieurs attaques ont eu lieu contre des synagogues aux États-Unis ces dernières années, comme la fusillade de 2018 à la congrégation Tree of Life de Pittsburgh, en Pennsylvanie, qui a coûté la vie à 11 personnes. Il s’agit encore à ce jour de l’attaque la plus meurtrière jamais perpétrée contre la communauté juive américaine.
En 2019, un agresseur armé d’une machette a tué un homme âgé chez un rabbin lors de fêtes à Monsey, au nord de New York.
Plus tôt ce mois-ci, les procureurs fédéraux du New Jersey ont arrêté un adolescent aux opinions islamistes extrémistes pour avoir proféré des menaces ayant conduit à l’émission d’une alerte générale du FBI envers les synagogues de l’État.
L’état de la menace a conduit la police de New York à intensifier ses rondes et patrouilles aux abords des synagogues.
« Ce sont des idéologies très différentes d’origines diverses », explique Bernstein. « Les Juifs se retrouvent dans la ligne de mire de ces différents groupes, dont le dénominateur commun est la haine des Juifs. »
En avril, un antisémite avait poignarde et écrasé plusieurs Juifs, mettant la communauté en émoi. Le suspect a depuis été accusé de crimes fédéraux de haine.
En 2019, le New Jersey a connu l’une des pires attaques antisémites de ces dernières années lorsque deux assaillants ont ouvert le feu dans un supermarché casher de Jersey City, tuant le propriétaire et un client, tous deux juifs, ainsi qu’un employé.
Un rapport publié par l’ADL cette année dénonce les niveaux les plus élevés jamais enregistrés d’événements antisémites aux États-Unis en 2021, et ce, depuis que l’organisation suit le problème, au mitan des années 1970.
Les propos antisémites de Kanye West et la publicité faite à un documentaire antisémite par le joueur de la NBA, Kyrie Irving, n’ont fait qu’attiser les flammes et ont ouvert un véritable débat national sur l’antisémitisme aux États-Unis.
Le directeur du FBI, Christopher Wray, a déclaré jeudi que la communauté juive américaine « était attaquée de toutes parts » et avait « désespérément » besoin de plus de soutien de la part de l’Agence, dans un contexte de regain des attaques antisémites.
Il a déclaré que 63 % des crimes de haine religieuse étaient motivés par l’antisémitisme, « prenant pour cible un groupe qui représente environ 2,4 % de la population américaine ».