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Onze novembre 1943 : Grenoble défie les nazis et subit une féroce répression

2 000 personnes célébraient la victoire de 1918 pour "hâter la prochaine Victoire de la France sur les barbares nazis et les traîtres à leur solde". Arrêtées, près de 400 sont envoyées à Buchenwald

Vincent Malerba, 98 ans, déporté pendant la Seconde Guerre mondiale, dans sa maison de Montbonnot-Saint-Martin, dans le sud-est de la France, le 8 novembre 2023. (Crédit : JEFF PACHOUD / AFP)
Vincent Malerba, 98 ans, déporté pendant la Seconde Guerre mondiale, dans sa maison de Montbonnot-Saint-Martin, dans le sud-est de la France, le 8 novembre 2023. (Crédit : JEFF PACHOUD / AFP)

Onze novembre 1943 : Vincent Malerba, apprenti-soudeur âgé de 18 ans, participe à une manifestation interdite dans Grenoble occupée pour célébrer l’armistice de 1918, et est déporté avec des centaines d’autres dans les camps nazis.

« On nous a fait travailler. Il fallait obéir à tout ce qu’ils disaient, sinon ils nous donnaient un coup de schlague », témoigne cet homme de 98 ans, dernier déporté encore vivant en Isère, lors d’une rencontre avec l’AFP.

« J’ai vite appris mon numéro », relate l’ancien résistant qui sait toujours décliner en allemand son matricule, le 40250, et dit n’avoir survécu que grâce à la « solidarité » de ses codétenus.

Il y a 80 ans, il avait pris part contre l’avis de ses parents à cette manifestation de défi aux occupants.

Ce rassemblement, suivi d’un féroce épisode de répression et de nombreux coups d’éclat de la résistance, vaudront à la ville d’être élevée au rang de commune Compagnon de la Libération par le général de Gaulle, au même titre que Nantes, Paris, Vassieux-en-Vercors et l’île de Sein.

« Dès qu’elle le put, Grenoble, par ses propres moyens, est apparue libre, au grand soleil, (…) fière et lavée de l’ennemi », déclarera le général, venu en personne décerner la prestigieuse médaille, le 5 novembre 1944.

Armes secrètes

Grenoble, située en zone libre jusqu’en novembre 1942, puis soumise jusqu’à septembre 1943 à une occupation italienne relativement clémente, avait dans un premier temps été plutôt préservée des horreurs de la guerre.

Les nazis n’arrivent « que le 9 septembre 1943, donc la population grenobloise ne connaît pas la violence de ce que peut être la répression allemande, ou seulement par ouï-dire », relate l’historien Olivier Vallade, spécialiste de la répression en Isère.

Dans ce contexte, 2 000 personnes décident de célébrer le 25e anniversaire de la victoire de 1918 pour « hâter la prochaine Victoire de la France sur les barbares nazis et les traîtres à leur solde », selon un tract conservé au musée de la Résistance et de la Déportation. Arrêtées, près de 400 sont envoyées à Compiègne puis, pour la plupart, au camp de concentration de Buchenwald.

« Buchenwald était à l’époque en plein boom à cause de la construction du camp satellite de Dora », site dédié à la fabrication des missiles V1 et V2, armes secrètes d’Hitler, souligne M. Vallade. « Les Nazis en étaient au début de ce programme », ils « avaient besoin d’énormément de main d’œuvre ».

Les conditions extrêmes, faim, froid et sévices, ainsi que les « marches de la mort » de la fin de la guerre, font des ravages: seuls 120 des manifestants raflés survivront à la déportation.

« Saint-Barthélémy grenobloise »

Pour les Allemands, cet épisode « a été un moyen de dire à la fois aux autorités françaises et à la population ‘regardez ce qu’on est capable de faire en termes de répression’. Ce qui n’a pas empêché la résistance de faire exploser, les 13 et 14 novembre, un polygone d’artillerie et le 2 décembre une caserne », souligne M. Vallade.

De leur côté, les services de renseignement allemands lyonnais déploient un commando de miliciens menés par le gestapiste français Francis André, dit « Gueule tordue », qui vont assassiner plus d’une vingtaine de cadres de la résistance locale. « C’est ce qu’on appelle la Saint-Barthélémy grenobloise », en référence aux massacres de protestants en 1572, explique l’historien.

Cette « espèce de match entre la répression allemande et une résistance qui ne s’en laisse pas conter crée un climat très anxiogène au dire des témoins de l’époque, qui ne s’atténuera pas avant la Libération ».

Tous ces événements sont aujourd’hui « mal connus » des Grenoblois, mais font l’objet d’un vaste programme de commémorations sur trois ans, indique Emmanuel Carroz, adjoint au maire de Grenoble, en charge de la Mémoire.

« La haine est un danger pour tous et il est important de dénoncer ces discours », renchérit Jean-Pierre Celse, fils d’un autre résistant déporté à Dora. « L’actualité de tous les jours met à mal tous les messages qu’on peut porter mais il faut continuer malgré tout ».

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