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Opposition et colère face à l’organisation d’une commémoration du 7 octobre par le gouvernement

Le kibboutz Nirim a indiqué qu'il ne collaborerait pas dans le cadre de la cérémonie ; au moins deux familles d'otages ont dit qu'elles refusaient que le nom de leurs êtres chers soit utilisé

Des proches des otages détenus par les terroristes du Hamas avec des photos d'Ohad Ben Ami, 55 ans, et de Tal Shoham, 38 ans, se tiennent le long de la clôture frontalière de Gaza, au kibboutz Nirim, avec des hauts-parleurs montés sur une grue pour tenter de transmettre un message d'espoir aux captifs qui viennent de passer presque cent jours en détention, le 11 janvier 2024. (Crédit : Jack Guez / AFP)
Des proches des otages détenus par les terroristes du Hamas avec des photos d'Ohad Ben Ami, 55 ans, et de Tal Shoham, 38 ans, se tiennent le long de la clôture frontalière de Gaza, au kibboutz Nirim, avec des hauts-parleurs montés sur une grue pour tenter de transmettre un message d'espoir aux captifs qui viennent de passer presque cent jours en détention, le 11 janvier 2024. (Crédit : Jack Guez / AFP)

Des proches des victimes du 7 octobre, aux côtés de d’autres résidents de la zone frontalière de Gaza, ont fait savoir lundi qu’ils ne se rendraient pas à une cérémonie organisée par le gouvernement pour marquer le premier anniversaire du pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël. Ils ont indiqué qu’ils allaient mettre en place leur propre commémoration dans un contexte de vive colère nourrie à l’encontre des autorités, qui ont été dans l’incapacité d’obtenir la libération des otages détenus dans la bande.

Au moins deux familles de captifs ont formellement refusé que les noms de leurs êtres chers soient utilisés dans le cadre de cette cérémonie d’État qui est prévue en date du 7 octobre 2024. L’événement sera organisé par la ministre des Transports, Miri Regev. Les familles ont dit être inquiètes à l’idée d’une commémoration susceptible de servir d’outil de propagande dans le but d’amnistier le gouvernement et d’effacer les responsabilités qui sont les siennes dans le massacre.

« Nous n’accepterons pas que ceux que nous aimons reçoivent un hommage dans le cadre d’une cérémonie artificielle, fabriquée de toutes pièces par des politiciens cyniques qui refusent d’assumer leurs responsabilités », a confié Jonathan Shamriz au site d’information Ynet.

Shamriz, dont le frère Alon Shamriz a été accidentellement tué par les forces israéliennes aux côtés de deux autres otages – tous les trois étaient parvenus à échapper à leurs ravisseurs – est membre du groupe Kumu, une organisation réunissant des habitants des communautés frontalières qui mettra en place une cérémonie alternative.

En plus de l’échec du gouvernement à sauver les otages, les résidents du sud du pays et leurs alliés dénoncent depuis plus de dix mois ce qu’ils considèrent comme un « abandon » de la part du gouvernement. Un grand nombre ont reconnu être furieux face au refus obstiné du Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres responsables de premier plan de reconnaître leurs fautes – et leur refus d’autoriser l’ouverture d’une enquête portant sur les éventuelles erreurs qui avaient permis, à terme, à des milliers d’hommes armés placés sous la direction du Hamas de commettre un massacre dans le sud d’Israël, semant la désolation dans la région, avant que l’armée et les forces de sécurité ne parviennent à mettre en œuvre une riposte efficace.

Près de 1 200 personnes ont été tuées pendant le pogrom, des civils en majorité. Les terroristes ont kidnappé 251 personnes, prises en otage à Gaza. Il resterait plus de 100 captifs dans les geôles du groupe terroriste, dont les corps sans vie de ceux qui sont morts en détention.

Au lieu de coopérer avec Regev – dont l’événement consisterait en une émission spéciale diffusée à la télévision, agrémentée de discours et d’interventions préenregistrés – les communautés frontalières de Gaza ont indiqué que leur propre commémoration sera « intime, sensible », a dit à Haaretz Omri Shifroni, un habitant du kibboutz Beeri dont des proches ont perdu la vie lors du pogrom du 7 octobre.

Dans un communiqué, le kibboutz Beeri – 101 résidents du kibboutz ont été tués le 7 octobre – a annoncé son opposition au projet de cérémonie du gouvernement. Il a déclaré qu’il préférerait que le gouvernement « investisse toute son énergie dans la promotion d’un accord pour le retour des otages et la fin de leur abandon ».

Au lieu d’une cérémonie, le gouvernement devrait établir une commission d’enquête nationale « qui nous fournira des réponses et tirera des conclusions qui permettront de commencer à guérir », a déclaré le kibboutz, ajoutant qu’il préférerait que le gouvernement « s’occupe des vies qui peuvent encore être sauvées ». Le kibboutz Beeri organisera ainsi une cérémonie commémorative privée le 7 octobre, pour les membres qu’il a perdus, a-t-il déclaré.

De plus, plusieurs médias en hébreu rapportent que le kibboutz Kfar Aza a dit dans un communiqué qu’il était « déçu » par les plans du gouvernement alors que 109 otages sont toujours en captivité à Gaza, dont cinq habitants du kibboutz.

Kfar Aza demande aussi au gouvernement de focaliser ses efforts sur la libération des otages et, en ce qui concerne les commémorations, de « mettre les drapeaux en berne et de se lever au moment des sirènes commémoratives, au lieu d’organiser un événement grandiose ».

Le communiqué indique que le kibboutz va marquer le jour anniversaire de l’attaque du 7 octobre par un événement privé, réservé à la communauté, « dans l’espoir que d’ici là, nous aurons la chance d’embrasser nos amis qui seront de retour de captivité ».

Les restes des destructions causées par les terroristes du Hamas lorsqu’ils ont infiltré le kibboutz Nirim le 7 octobre 2023, près de la frontière entre Israël et Gaza, dans le sud d’Israël, le 21 janvier 2024. (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

Le kibboutz Nirim, qui a été dévasté lors du massacre, a lui aussi fait savoir au gouvernement, dans un courrier, lundi, qu’il refusait de coopérer dans le cadre de la cérémonie. « Au lieu d’un service de commémoration d’État, nous appelons de nos vœux une commission d’enquête d’État », a écrit le kibboutz Nirim. « Depuis une année, pas un seul officiel du gouvernement n’est venu à Nirim pour assumer ses responsabilités, pour reconnaître ses erreurs et pour nous demander ce qui nous est nécessaire. »

Cette lettre est arrivée vingt-quatre heures après qu’une société de production est venue à Nirim pour faire des repérages en vue de la cérémonie. Les résidents du kibboutz lui ont demandé de quitter les lieux, selon la Douzième chaîne.

« La vie des membres du kibboutz et celle de tous les résidents de l’Ouest du Neguev n’est pas un film de fiction et le gouvernement d’Israël n’est pas une société de production », a poursuivi le courrier.

Rejoignant tous ceux qui s’opposent à la cérémonie organisée par l’État à l’occasion du premier anniversaire du 7 octobre, le chef de l’opposition Yair Lapid a annoncé, lundi, qu’il n’y assisterait pas. Il a ajouté qu’il irait passer du temps, à la place, avec les familles des victimes à Sderot, au kibboutz Beeri et à Nir Oz.

« La seule cérémonie que le gouvernement de Netanyahu et ses extrémistes peuvent et doivent organiser, c’est une cérémonie de démission collective accompagnée de l’annonce de la formation d’une commission d’enquête d’État », a-t-il continué.

La Douzième chaîne a fait savoir qu’une lettre demandant à Netanyahu d’annuler la commémoration avait été signée par des dizaines de familles de victimes.

« Nous ne permettrons pas à ceux qui ont été à l’origine du massacre le plus brutal de toute l’histoire de la nation d’organiser un événement de propagande au détriment de la vie de nos êtres chers », est-il écrit dans la lettre, selon la chaîne.

« Cet événement cherche à façonner un service de commémoration national à un moment où certains de nos proches sont encore vivants, attendant désespérément le salut et à un moment où les corps sans vie de nos êtres chers gisent encore dans les tunnels du Hamas », ont précisé les auteurs de la missive.

D’autres encore se sont insurgés contre la perspective de commémorer des personnes qui sont encore vivantes.

Mor Korngold, frère de l’otage Tal Shoham, a dit au site d’information Walla : « Je ne marquerai rien, mon frère est toujours là-bas. » « Je pense que c’est ridicule », a-t-il ajouté. « Tous ces échecs relèvent de la responsabilité du gouvernement et c’est ridicule que ce soit le gouvernement qui organise cette cérémonie. »

Einav Zangauker, mère de l’otage Matan Zangauker et critique fervente du gouvernement, a déclaré à Haaretz qu’elle ne laisserait pas le nom de son fils être utilisé dans le cadre d’un tel événement – il y a une semaine, Yehuda Cohen, le père de Nimrod Cohen, lui aussi en captivité, avait exprimé un sentiment similaire. Zanguaker a dit au journal qu’elle ne laisserait le gouvernement utiliser le nom de son enfant que dans le cadre d’une seule liste : celle des otages sur le point d’être libérés. « Mais sûrement pas dans le cadre des cérémonies de Miri Regev et sûrement pas dans le cadre de la cérémonie que l’administration veut organiser », a-t-elle affirmé à Haaretz.

Einav Zangauker, mère de Matan Zangauker qui est retenu en otage par le Hamas à Gaza, assise dans la rue Begin, devant le siège du ministère de la Défense, à Tel Aviv, le 1er juin 2024. (Crédit : Paulina Patimer/Mouvement de protestation pour la démocratie)

Le gouvernement a décidé, dimanche, de confier à Regev les rênes de cette cérémonie d’État du 7 octobre qui aura lieu – c’est inhabituel – à sa date-anniversaire selon le calendrier grégorien, au détriment du calendrier hébraïque.

Le choix de Regev a immédiatement entraîné de vives critiques en raison du travail qui avait été réalisé par la ministre à l’occasion de la cérémonie d’État de Yom Haatsmaout. Certains avaient déclaré qu’elle avait utilisé cet événement national de premier plan pour rassembler les soutiens à Netanyahu et en conséquence, cette année, les familles ont organisé leur propre cérémonie de l’Indépendance.

La ministre des Transports Miri Regev lors d’une conférence de presse en amont de la 76e Journée de l’Indépendance sur le mont Herzl de Jérusalem, le 8 mai 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

Ni Regev, ni Netanyahu n’ont réagi aux critiques. Les autres membres de premier plan de la coalition sont également restés silencieux.

Nili Bar-Sinai, membre du kibboutz Beeri qui a perdu son mari, Yoram, le 7 octobre, a indiqué à Haaretz que la décision prise de procéder à des enregistrements en vue de l’événement plutôt que de laisser les intervenants s’exprimer devant le public, en direct, était le résultat « d’un gouvernement lâche coupé du peuple et qui ne veut donc pas inviter le peuple ».

Le gouvernement, a-t-elle précisé, « fait le strict minimum, il le fait de manière hypocrite et il a peur que des gens puissent dire ce qu’ils pensent vraiment ».

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