Otzma Yehudit : Les députés du Likud face à l’alliance facilitée par Netanyahu
Des législateurs du parti au pouvoir ont pour leur part refusé de commenter la fusion entre Otzma Yehudit et HaBayit HaYehudi orchestrée par le Premier ministre
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Cinq jours après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu est parvenu à faire conclure une alliance entre les partis HaBayit HaYehudi et Otzma Yehudit et face à l’indignation massive qui a suivi aux niveaux national et international, aucun député du Likud n’a exprimé son opposition à cette initiative qui pourrait pourtant permettre à au moins un parlementaire issu de la formation extrémiste Otzma Yehudit de faire son entrée dans la 21ème Knesset.
Un certain nombre de législateurs du Likud ont offert un soutien actif à la renaissance d’Otzma Yehudit – tandis que la plupart ne l’ont simplement pas commentée.
Cette fusion entre les deux mouvements a été fustigée par les politiciens de l’opposition. Les leaders de la communauté juive américaine ont, pour leur part, exprimé leurs inquiétudes et leurs critiques. Selon les termes de l’accord, Netanyahu a laissé la 28e place sur la liste électorale du Likud à un représentant de HaBayit HaYehudi et il a promis à la formation deux postes ministériels s’il devait être en charge de la formation de la prochaine coalition à l’issue du scrutin du 9 avril.
Le Times of Israel a contacté plus d’une douzaine de députés issus du parti au pouvoir qui n’avaient pas encore commenté l’alliance passée mercredi entre Habayit Hayehudi, mouvement sioniste religieux dirigé par Rafi Peretz et Bezalel Smotrich, et Otzma Yehudit, dont les leaders sont les disciples auto-proclamés de Meir Kahane. La formation Kach qui avait été fondée par ce dernier, un rabbin suprématiste juif, avait été interdite selon les termes de la loi israélienne pour incitation au racisme et elle avait été ultérieurement déclarée groupe terroriste.
Les députés qui ont refusé de commenter : Gila Gamliel, Yuval Steinitz, Ayoub Kara et Gilad Erdan, ainsi que le candidat Gideon Saar. Une porte-parole de la députée Sharren Haskel a indiqué que la parlementaire était malade et donc dans l’incapacité de répondre.
Les députés qui n’ont pas répondu malgré des tentatives d’entrée en contact répétées : Amir Ohana, Zeev Elkin, Israel Katz, David Bitan, David Amsalem, Avi Dichter, Benny Begin, Ofir Akunis.
Les députés qui ont exprimé leur soutien au cours de la semaine passée : Yuli Edelstein, Miri Regev, Yariv Levin, Haim Katz, Tzachi Hanegbi, Nir Barkat, Tzipi Hotovely, Miki Zohar, Yoav Kisch, Yehudah Glick, Shlomo Karai et Michal Shir. (Presque tous ont souligné l’importance de l’unité entre les partis de droite afin d’empêcher l’ascension d’un gouvernement de gauche).

Glick a été le seul législateur à exprimer un semblant de critique dans sa réponse, disant que Netanyahu n’aurait pas dû réserver la 28e place sur la liste du Likud à un membre de HaBayit HaYehudi. Toutefois, Glick a expliqué qu’il soutenait encore l’alliance par principe. « Je suis très heureux de cette fusion mais pas parce que mes points de vue s’aligneraient avec ceux de ce camp-là. Nous vivons néanmoins en démocratie et toutes les voix méritent de se faire entendre ».
« Tout comme les partisans du Meretz doivent pouvoir s’exprimer à travers les parlementaires qui les représentent à la Knesset, les soutiens d’Otzma Yehudit doivent également pouvoir le faire. Et cette union garantit cette représentation », a expliqué Glick.

Glick a ajouté que sa ligne rouge était le soutien à la violence – « Otzma Yehudit dit ne pas la soutenir ».
Netanyahu a affirmé qu’il était nécessaire de fusionner Otzma Yehudit et HaBayit HaYehudi pour empêcher que les votes de droite soient « perdus » si l’un des deux partis – voire les deux – devaient échouer à franchir le seuil électoral de représentation à la Knesset qui s’élève à 3,25 %, un scénario qui rendrait probablement plus difficile pour l’actuel Premier ministre la formation d’une autre coalition au pouvoir.
En plus d’avoir été éreintée par les parlementaires issus de l’opposition, l’alliance a été condamnée par les plus grandes organisations juives américaines, comme l’AIPAC et l’AJC (American Jewish Committee).
Etabli en 2012 sous le nom d’Otzma Leyisrael par Michael Ben Ari et Ayreh Eldad, un grand nombre de points de vue adoptés par le parti sont les mêmes qui sont soutenus par les députés les plus radicaux de la Knesset – annexion de la Cisjordanie toute entière et construction d’implantations sans restrictions, opposition à un Etat palestinien et mise en place d’opérations militaires punitives en réponse aux attentats terroristes, ainsi qu’une plus grande emphase mise sur le caractère juif d’Israël dans les systèmes éducatif, social et judiciaire.
Toutefois, il encourage également l’émigration des non-Juifs d’Israël et d’expulser les Palestiniens et les Arabes israéliens qui refusent de déclarer leur loyauté et d’accepter un statut sous-égalitaire dans un Etat juif élargi dont la souveraineté s’étendrait à travers toute la Cisjordanie – la Judée-Samarie biblique. Il appelle également à mettre un terme au statu-quo fragile mis en oeuvre sur le mont du Temple.
Otzma Yehudit inclut en son sein un certain nombre de Kahanistes auto-proclamés : Michael Ben Ari, à qui un visa américain avait été refusé en 2012 en raison des liens qu’il entretenait avec Kach ; Baruch Marzel, qui avait été secrétaire de Kahane à la Knesset ; Bentzi Gopstein, ancien élève du rabbin extrémiste et activiste anti-métissage qui doit répondre d’accusations d’incitation à la violence, au racisme et au terrorisme, et Itamar Ben Gvir qui, lorsqu’il était adolescent, était actif au sein du parti Kach et qui est dorénavant connu pour défendre devant les tribunaux les Juifs soupçonnés de terrorisme.

Tandis qu’aucun député en exercice nouveau candidat présent sur la liste du Likud n’a fait connaître son opposition à la fusion, un certain nombre d’anciens membres du parti se sont pour leur part exprimés en défaveur de l’accord orchestré par Netanyahu.
Dan Meridor, qui a été parlementaire durant 30 années pour le Likud depuis les années 1980, a déploré que la version contemporaine de sa formation « souhaite légitimer le racisme pour sauver des votes ».
L’ancien ministre de la Justice a affirmé au Times of Israel que s’il favorisait la liberté d’expression, le fanatisme lui semblait être une ligne rouge que Netanyahu n’aurait jamais dû franchir.
Meridor avait été le député qui avait demandé – avec succès – à ce que le parti de Meir Kahane soit interdit de participation lors du scrutin de 1988 en raison de ses incitations au racisme. Kahane avait été élu en 1984 et il et avait été le seul représentant de son mouvement au parlement.
« Ce n’est pas seulement un Likud différent que nous voyons aujourd’hui, mais un Likud complètement contraire, dont les membres sont en concurrence pour savoir qui parlera des Arabes, de la gauche et du système judiciaire avec le plus d’agressivité », a dit Meridor.
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