Plus de 110 000 Israéliens au Sinaï pour Pessah, ignorant les mises en garde
Il resterait encore environ 11 000 Israéliens sur place ; le Sinaï, une destination populaire grâce à ces plages désertiques, son atmosphère détendue et des prix attractifs
Plus de 110 000 Israéliens ont ignoré les mises en garde contre des risques d’attaque terroristes émises par les autorités et ont traversé la frontière vers la péninsule du Sinaï en Egypte durant la fête de Pessah, ont déclaré samedi des officiels à l’Autorité israélienne des aéroports.
La plupart des touristes sont rentrés en Israël, et les autorités israéliennes estiment qu’il restait encore 11 000 personnes dimanche.
Avant la fête, qui avait commencé le 19 avril au soir, le gouvernement avait prévenu d’une sérieuse menace d’attaques terroristes dans le Sinaï, une destination populaire depuis longtemps grâce à ces plages désertiques, son atmosphère détendue et des prix attractifs.
Les avertissements aux voyageurs existent depuis de nombreuses années. La péninsule était perçue comme un endroit à risque étant donné la porosité de la frontière avec la bande de Gaza, et la crainte que des terroristes palestiniens puissent passer par cette frontière et cibler des touristes israéliens. Au cours des dernières années pourtant, la frontière avec Gaza est devenue beaucoup plus hermétique, dans la mesure où les forces égyptiennes ont détruit des tunnels de contrebande et exercent un contrôle bien meilleur sur la frontière.
Dans le même temps, une cellule islamiste s’est développée, avec la présence de soutiens de l’Etat islamique. Ces groupes terroristes ont perpétré de nombreuses attaques mortelles contre des soldats égyptiens.
La zone a été la cible de plusieurs attaques terroristes majeures qui ont tué plus d’une centaine d’étrangers, y compris des Israéliens, au cours des décennies passées. Ces dernières années, peu d’attaques ont ciblé des civils, et la côte est de la péninsule – là où se rendent la plupart des Israéliens – a été très pacifique. Cela a conduit de plus en plus d’Israéliens à ignorer les avertissements aux voyageurs.
Avant la fête de Pessah, le Bureau du contre-terrorisme du Conseil de sécurité national d’Israël a déclaré qu’il existait une « sérieuse menace d’attaques terroristes contre des touristes dans le Sinaï, y compris des Israéliens ».
Le Bureau avait aussi réitéré son appel à tous les Israéliens présents sur place de « quitter immédiatement la zone et de revenir en Israël » et avait déclaré « recommander formellement à tous ceux qui souhaitent y aller d’éviter de le faire ».
Mais, beaucoup d’Israéliens n’ont pas été dissuadés par ces mises en garde.
« C’est plein à craquer ici. Je suis sûr qu’il y a plus de gens ici que pendant l’Exode d’Egypte », a déclaré une voyageuse à la Douzième chaîne depuis le point de passage de Taba, en référence à l’histoire de Pessah.
Elle a expliqué qu’elle avait dû attendre à la frontière pendant plus de trois heures pour trouver un taxi car les chauffeurs locaux étaient débordés par la demande.
Interrogée pour savoir pourquoi elle voulait aller dans le Sinaï, la femme a répondu : « Premièrement, nous n’avons pas d’argent, et c’est vraiment pas cher. Deuxièmement, c’est proche. Troisièmement tout le monde y va, alors pourquoi n’irions-nous pas ? Et quatrièmement, il n’y a aucune raison valable de ne pas y aller. »
Quant aux mises en garde de risques terroristes, elle a répondu : « Des mises en garde ? Il y a maintenant ici plus d’Israéliens que d’Egyptiens.»
Il y a deux ans, dans une décision très inhabituelle, Israël avait fermé sa frontière avec l’Egypte pendant 11 jours durant les vacances de Pessah, à cause de craintes d’attaques terroristes, principalement de la part de groupes affiliés à l’Etat islamique qui contrôlent une partie du territoire du Sinaï et qui luttent contre l’armée égyptienne depuis plusieurs années.
Il s’agissait de l’une des rares fois où le point de passage de Taba était fermé depuis son ouverture en 1982 après l’accord de paix israélo-égyptien de 1979. Le point de passage a également été fermé en 2014 après une attaque terroriste du côté égyptien, et en 2011 quand Israël a estimé qu’il y avait un risque très élevé d’attaques.
En juillet 2005, 88 personnes, dont un Israélien, ont été tuées dans une série d’attaques à la bombe dans la ville balnéaire de Sharm El Sheikh dans le sud du Sinaï.
Le 7 octobre 2004, 12 Israéliens comptaient parmi les 34 victimes d’une série d’attaques à la bombe contre des touristes dans le Sinaï.