Pour le chef de l’armée, la victoire de Tsahal à Gaza doit devenir stratégique
Selon Kohavi, l'armée a porté un "coup critique" aux groupes terroristes sur le plan tactique, mais Israël doit maintenant transformer cette réussite en une victoire stratégique
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Le chef d’État-major Aviv Kohavi a déclaré mercredi que l’armée devait rester « modeste » dans l’évaluation de l’efficacité des combats menés le mois dernier contre les groupes terroristes de la bande de Gaza, notant que les victoires tactiques n’entraînent pas nécessairement un calme sur le long-terme.
« La guerre des Six Jours [de 1967] a été une victoire claire et décisive, et peu de temps après, la guerre d’usure a éclaté », a-t-il déclaré, faisant référence à un conflit de trois ans entre Israël et l’Égypte, et des groupes palestiniens en Jordanie.
Dans un discours, M. Kohavi a de nouveau vanté les victoires de l’armée sur les groupes terroristes du Hamas et du Jihad islamique palestinien dans la bande de Gaza au cours du conflit de 11 jours. Baptisée « Gardien des murs », l’opération a débuté le 10 mai, lorsque le Hamas a tiré un barrage de roquettes sur Jérusalem en réponse aux affrontements entre les forces de sécurité israéliennes et les émeutiers arabes et palestiniens à Jérusalem-Est et sur le mont du Temple.
Le chef de l’armée israélienne a souligné que l’objectif de la campagne n’était pas de renverser le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, mais de parvenir à un certain degré de dissuasion contre le groupe et le Jihad islamique, les deux organisations terroristes les plus puissantes de l’enclave, et d’entraver sérieusement leur capacité d’attaques dans l’avenir.
« L’opération ‘Gardien des murs’ n’avait pas pour but de remporter une victoire décisive à Gaza, mais d’utiliser la force militaire afin de priver le Hamas et le Jihad islamique palestinien d’un grand nombre de leurs capacités et de créer une dissuasion; je laisserai au temps le soin de déterminer dans quelle mesure nous avons réussi. Mais en termes de capacités, le Hamas et le Jihad islamique ont subi un coup critique, rien de moins », a déclaré Kohavi, qui s’exprimait lors d’une conférence commémorant l’ancien chef d’état-major de Tsahal, Amnon Lipkin-Shahak, à l’école militaire au nord de Tel Aviv.
« Nous les avons privés de capacités massives dans les domaines de la production de roquettes, de missiles et d’autres armes ; nous avons neutralisé le domaine souterrain, un domaine dans lequel ils avaient investi pendant 15 ans, les laissant dans l’obligation de réfléchir à la manière de procéder à l’avenir ; nous avons presque totalement détruit les capacités aériennes et navales qu’ils avaient – et ils les avaient ; nous avons tué leurs membres, y compris des agents de haut rang; et, ce qui est tout aussi important, nous avons déjoué la plupart des attaques qu’ils ont tenté de mener », a déclaré Kohavi.
« Au cours de l’opération Gardien des murs, nous avons frappé trois fois plus de cibles – trois fois plus, et des cibles de haute qualité – que lors des opérations précédentes », a-t-il ajouté.
Mais Kohavi a ajouté que ces succès tactiques ne signifiaient pas nécessairement que le Hamas ne lancerait pas à nouveau des attaques contre Israël sous peu.
« Nous devons être modestes quant à l’effet dissuasif que cela a eu », a-t-il déclaré.
M. Kohavi a déclaré qu’Israël devait maintenant mettre en place des politiques claires concernant la bande de Gaza et le Hamas afin de s’assurer une « victoire stratégique » sur le groupe terroriste.
« Nous nous préparons à cela. Il n’y aura pas de répétition de ce qui s’est passé, tant en termes de représailles qu’en termes de traitement du Hamas », a-t-il déclaré.
Le chef de l’armée a reconnu que l’armée n’a pas réussi à empêcher le Hamas et le Jihad islamique de lancer des roquettes et des obus de mortier sur le front intérieur israélien pendant la guerre, mais il a fait remarquer que la plupart des projectiles qui auraient pu faire des dégâts ont été interceptés par le système de défense antimissile du Dôme de Fer, qui, selon Tsahal, a eu un taux d’interception d’environ 90 %.
« Nous avons déjoué l’écrasante majorité des roquettes qui ont été tirées sur Israël, même si je suis conscient de l’impact et de l’effet que les tirs eux-mêmes ont eu sur le front intérieur. Mais au final, en termes de résultats, le Hamas a largement échoué dans ce qu’il avait prévu », a déclaré M. Kohavi.