Pour un restaurant de Toronto, les « sionistes » sont loin d’être les bienvenus
La propriétaire Kimberly Hawkins déclare "J'aime les Juifs" et que le fait d'afficher "Les sionistes sont des nazis" n'est pas antisémite, mais constitue une critique valable
JTA – Un restaurant d’alimentation saine de Toronto a été critiqué pour avoir utilisé le hashtag « #zionistsnotwelcome » dans des messages sur les réseaux sociaux.
« Ouvert maintenant – 20h pour les clients non racistes », peut-on lire dans un message sur Instagram, avec ce hashtag et d’autres, dont « #freepalestine ».
En réponse, Kimberly Hawkins, la propriétaire de Foodbenders, a écrit sur Instagram sur la question.
« La première chose que je dirai est que j’aime les Juifs et qu’ils sont les bienvenus dans mon magasin. Je n’ai jamais rien dit sur les Juifs », a-t-elle écrit.
« Je ne crois pas que critiquer l’idéologie politique sioniste, Israël ou le projet du Grand Israël, ou pointer du doigt ses fondements racistes et suprémacistes équivaut à critiquer le peuple juif ou même les citoyens israéliens. Certaines personnes le croient et peuvent interpréter ces critiques comme antisémites, et d’autres vont délibérément confondre les deux pour vous étiqueter comme racistes dans le but premier de faire taire la discussion sur Israël ».
This is the owner, Kimberly Hawkins. pic.twitter.com/cVtCtSAkux
— StopAntisemitism (@StopAntisemites) July 5, 2020
Le Centre Simon Wiesenthal a qualifié le hashtag d’antisémite.
« En déclarant que les sionistes ne sont pas les bienvenus dans son magasin, cette entreprise affirme en fait que les juifs ne sont pas les bienvenus », commente le rabbin Meyer May, directeur exécutif du centre. « C’est de l’antisémitisme évident, extrêmement discriminatoire et inacceptable. »
L’intéressée a répliqué dans une interview avec BlogTO.
« Quand je fais une déclaration sur le sionisme, je ne fais pas référence au peuple juif », explique-t-elle. « C’est à propos du gouvernement de l’État. »
Le geste a apparemment coûté des affaires à Kimberly Hawkins : cette semaine, Uber Canada, Ritual et DoorDash ont mis fin à leurs accords de livraison avec le restaurant. La chaîne Ambrosia Natural Foods a annoncé qu’elle ne proposerait plus de produits Foodbender dans ses établissements.
Mardi, elle a publié sur Instagram une menace d’incendie criminel et de mort reçue sur le site web de la société.
La propriétaire a doublé son soutien aux causes palestiniennes. Ces derniers jours, elle a orné la vitrine de son magasin d’un grand drapeau palestinien en plus du panneau « I (love) Palestine » qui y était déjà accroché, et a recouvert l’enseigne de son magasin d’une bannière portant l’inscription « Free Palestine ».
Sur les réseaux sociaux de Foodbenders, on peut lire « la brutalité policière est une exportation israélienne » et « les sionistes sont des nazis », et ont inclus des hashtags tels que #fromtherivertothesea (De la rivière à la mer) et #intifada. « De la rivière à la mer » est un slogan politique populaire utilisé par les Palestiniens qui rejettent tout compromis avec Israël. Les intifadas palestiniennes, qui ont eu lieu à la fin des années 80, au début des années 90 et à nouveau au début des années 2000, étaient une série de violentes protestations palestiniennes qui impliquaient des attaques terroristes contre Israël.
Samedi, quelque 200 manifestants pro-palestiniens ont organisé une Journée de la rage devant le magasin pour protester contre le plan déclaré d’Israël d’annexer des parties de la Cisjordanie. Les manifestants ont accusé les « sionistes » de brutalité et de génocide et ont appelé les entreprises à se désinvestir d’Israël, a rapporté le Toronto Sun.
Selon le quotidien, des membres du mouvement Black Lives Matter ont dit à la foule qu’ils étaient engagés dans le même combat et qu’ils devraient travailler ensemble contre les suprémacistes blancs et pour l’abolition de la police.