Un dirigeant de l’AfD condamné à 13 000 € d’amende pour avoir utilisé un slogan nazi
Le parquet avait également requis 6 mois avec sursis contre le leader du parti d'extrême-droite Alternative pour l’Allemagne, Björn Höcke
Le parquet a condamné mardi une figure du parti d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), Björn Höcke, jugé pour avoir utilisé un slogan nazi – « Alles fuer Deutschland » (« Tout pour l’Allemagne ») – lors d’un meeting électoral en 2021. Son amende s’élève à 13 000 euros.
Le parquet avait requis à l’encontre de Höcke, leader de l’AfD en Thuringe, dans l’est du pays, le versement de 10 000 euros à une organisation d’utilité publique et six mois de prison avec sursis.
« Tout pour l’Allemagne » était un slogan connu de la Section d’assaut (SA) du parti national-socialiste qui a joué un rôle essentiel dans la conquête du pouvoir d’Adolf Hitler.
En Allemagne, où la loi interdit formellement l’utilisation de slogans de l’époque nazie ou l’exhibition en public de symboles du IIIe Reich, ce délit est passible de peines pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.
Ancien enseignant d’histoire au lycée, Höcke, 52 ans, a affirmé ignorer que cette phrase était un slogan nazi.
Les affirmations de Höcke selon lesquelles il ne savait pas que le slogan « Alles für Deutschland » était un slogan des SA ne sont « ni crédibles, ni compréhensibles », a déclaré mardi le procureur de Halle, Benedikt Bernzen.
Höcke aurait dû également être jugé pour un second chef d’accusation après avoir crié « Tout pour… » et incité le public à répondre « l’Allemagne » lors d’un meeting de l’AfD en Thuringe en décembre. Le tribunal a néanmoins décidé de distribuer les procédures car la défense n’avait pas eu suffisamment de temps pour se préparer.
Höcke risquait jusqu’à trois ans de prison, mais le juge Jan Stengel avait fait savoir au début du procès qu’une amende serait une sanction considérée comme appropriée par le tribunal s’il était reconnu coupable.
« Extrémiste »
Ce procès est survenu à un moment où l’AfD fait face à plusieurs scandales qui érodent sa popularité avant les élections européennes du 9 juin.
Créé en 2013, ce parti populiste et anti-migrants avait jusqu’au début de l’année le vent en poupe dans les sondages et espérait triompher à ce scrutin ainsi que dans trois élections régionales en septembre dans l’est du pays, considéré comme son fief.
Mais à la mi-janvier, la participation, révélée par des médias, de certains membres de l’AfD à une réunion de l’ultra-droite pour discuter d’un projet d’expulsion massive de personnes étrangères ou d’origine étrangère d’Allemagne avait choqué le pays.
Puis en avril, une enquête a été ouverte pour soupçons de financements russes et chinois à l’encontre de sa tête de liste au scrutin européen, l’euro-député Maximilian Krah, dont l’un des assistants au Parlement européen, suspecté d’être un agent chinois, venait d’être arrêté.
Considéré comme un extrémiste par les services de renseignement allemands, Höcke est l’une des personnalités les plus controversées de l’AfD.
Dans le passé, il a qualifié le monument de la Shoah à Berlin de « mémorial de la honte » et a appelé à un « changement à 180 degrés » de la culture du souvenir dans le pays.
En raison de positions extrémistes, l’AfD de Thuringe, comme celle de Saxe-Anhalt, ont été placées sous la « surveillance systématique » des services de renseignement régionaux.
Lundi, le tribunal de Münster a autorisé les renseignements à maintenir une surveillance sur l’ensemble de cette formation, rejetant ainsi une demande de l’AfD contre son classement en tant que « suspect d’extrémisme ».