Prix Sakharov : nomination d’un Egyptien qui appelle à tuer des Israéliens
52 députés européens proposent la nomination d’Alaa Abdel Fattah pour le prix Sakharov de la liberté de penser
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Un groupe de plus de 50 députés européens de a nommé un activiste égyptien controversé pour le prestigieux Prix Sakharov pour la liberté de penser. Et ce malgré le fait qu’il ait préconisé l’assassinat d’Israéliens et de dirigeants politiques en Egypte et appelé à la fin de l’Etat d’Israël.
Alaa Abdel Fattah, 32 ans, un blogueur et militant politique égyptien, a été arrêté à plusieurs reprises par les autorités égyptiennes depuis l’éruption d’une révolution populaire dans ce pays au début de 2011.
Abdel Fattah, qui se vante d’avoir 626 000 « followers » sur Twitter et 156 000 sur Facebook, a été libéré sous caution le 15 septembre après avoir été accusé d’avoir organisé une manifestation illégale au Caire et condamné à 15 ans de prison.
Abdel Fattah a été nominé pour le Prix Sakharov le 23 septembre avec les rappeurs Mouad Belghouate (Maroc) et Ala Yaacoubi (Tunisie) par le groupe parlementaire Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL), un groupe de 52 membres du Parlement européen représentant 14 pays de l’UE. Le gagnant du prix sera annoncé le 16 octobre.
Nommé d’après le dissident soviétique Andrei Sakharov, le prix de
50 000 dollars est décerné à « des personnes exceptionnelles qui luttent contre l’intolérance, le fanatisme et l’oppression ». Parmi les lauréats précédents figurent le président sud-africain Nelson Mandela, le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, et la militante adolescente pakistanaise Malala Yousafzai.
Bien que les informations en vue d’identifier Abdel Fattah comme un dissident politique soient irréprochables, un certain nombre d’observations passées publiés par lui sur Twitter soulèvent des doutes quant au fait de recevoir un prix récompensant « le respect du droit international, le développement de la démocratie et la mise en œuvre de la règle de droit ».
« Personne ne souhaiterait-il former une organisation armée et assassiner au hasard des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur et se débarrasser d’eux ? » avait-il tweeté le 6 juillet 2011, alors que l’Égypte bouillonnait dans de violentes manifestations contre les dirigeants militaires. « Nous savons tous que ce sont tous des criminels » avait-il ajouté.
Le 6 septembre 2012, Abdel Fattah a écrit que l’assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate en 1981 était « un service à la nation » car Sadate était un traître à son peuple.
« Un président n’est pas n’importe qui. C’est notre droit de tuer le président s’il n’y a pas d’autre moyen de se débarrasser de lui. Est-ce que l’assassinat de Kadhafi était un crime ? ». Abdel Fattah a ajouté qu’il considérait l’assassinat éventuel de l’ex-général égyptien Mohammed Hussein Tantawi, qui a dirigé de facto l’Egypte en 2012 en tant que président du Conseil suprême des forces armées comme « un acte patriotique ».
« Nous pourrions limiter les meurtres aux présidents de la république » a-t-il tweeté.
Lors d’un échange sur le contexte politique égyptien et sur le fait de généraliser, Abdel Fattah a encore posté : «Tous les sionistes sont des criminels, tous les racistes sont stupides, tous les êtres humains ont des droits. Ce sont des exemples de généralisations acceptables. »
En débattant de la question palestinienne, Abdel Fattah a écrit le 15 novembre 2012, qu’ «il y a un certain nombre d’Israéliens que nous devons tuer pour que le problème soit résolu ».
Le lendemain, il écrit : « il devrait n’y avoir aucune relation d’égalité avec Israël ou aucune relation tout court. Israël doit prendre fin ».
« Alors que l’Egypte doit être à la tête d’un mouvement de boycott contre l’entité [sioniste] et de toute personne qui coopère avec lui, nous avons la QIZ [Qualification Industrial Zone, une zone de libre-échange qui unit Israël et l’Egypte], la normalisation, une ambassade [israélienne] et du tourisme » a-t-il ajouté.
Ni Abdel Fattah, ni le groupe parlementaire européen GUE/NGL n’ont répondu aux demandes d’éclaircissements du Times of Israel.