Qatargate: les avocats de Feldstein accusent le porte-parole de Netanyahu « d’hystérie »
Le porte-parole a prétendu que le principal suspect dans l'affaire n'a pas travaillé pour le bureau du Premier ministre dans les mois qui ont précédé l'éclatement du scandale

Lors d’une querelle qui a éclaté au grand jour dans la journée de samedi, les avocats d’Eli Feldstein, l’un des principaux suspects dans l’affaire du Qatargate, ont démenti les affirmations faites par le porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a déclaré que l’accusé n’avait pas travaillé pour le bureau du Premier ministre dans les mois qui avaient précédé son arrestation.
Les avocats de Feldstein, Oded Savoray et Sion Hausman, ont fait savoir dans un communiqué que l’affirmation laissant entendre que leur client n’avait pas agi en tant que porte-parole du cabinet du Premier ministre au cours des six mois qui avaient précédé son arrestation « est fausse et elle est par ailleurs contredite par des montagnes de preuves objectives ».
Les avocats ont affirmé que leur client avait agi à titre officiel, au nom du cabinet du Premier ministre, en tant que porte-parole pour les dossiers en lien avec les problématiques relatives à la diplomatie et la sécurité. Ils ont ajouté que la police avait entre les mains des « milliers » de messages contenant des instructions que Feldstein avait reçues de ses supérieurs au sein du cabinet du Premier ministre ainsi que des documents attestant de sa présence physique fréquente au cabinet à l’époque.
« Tous les agissements – sans exception – de Feldstein sur les questions relatives à la sécurité et à la diplomatie, jusqu’au jour de son arrestation, ont été effectués pour le Premier ministre et sous la direction du personnel autorisé de son bureau », ont-ils déclaré. « Les propos tenus par Dostri, qui tente ainsi d’éloigner rétroactivement Feldstein du cabinet du Premier ministre – d’une manière fictive de surcroît – témoignent de l’hystérie qui est ressentie par ce dernier et par ceux qui en ont fait leur messager ».
Une clarification qui est venue en réponse à des propos tenus dans la journée de samedi par l’un des porte-paroles du chef de gouvernement, Omer Dostri, qui avait indiqué lors de l’émission Meet the Press, sur la chaîne d’information N12, que Feldstein n’a pas touché d’argent du Qatar pendant qu’il était employé au bureau de Netanyahu.
Dostri avait ajouté que Feldstein n’avait travaillé que quelques mois au sein du bureau qu’il avait quitté après avoir échoué à un contrôle de sécurité.
« Si Feldstein a continué à transmettre ultérieurement des informations aux journalistes, ça a été de sa propre initiative et non dans le cadre d’une fonction officielle », avait ainsi affirmé Dostri.

Dostri avait également dit : « En tant que personne ayant assisté à des discussions de sécurité et à des rencontres du cabinet, je n’ai jamais travaillé avec lui, je ne l’ai jamais vu dans une discussion portant sur la sécurité. Cette affaire fait l’objet d’une enquête et nous verrons ce qu’il en ressortira ».
Dans le dossier du Qatargate, Feldstein et Jonatan Urich, un autre collaborateur de Netanyahu, sont soupçonnés d’avoir commis de multiples délits en lien avec leur travail présumé pour une société de lobbying pro-Qatar – ils auraient ainsi entretenu des contacts avec des agents étrangers et ils sont notamment mis en cause pour corruption dans une affaire qui implique des lobbyistes et des hommes d’affaires. Ils sont soupçonnés d’avoir accepté de l’argent pour diffuser des messages pro-Qatar à des journalistes avec pour objectif de renforcer l’image de l’État du Golfe en tant que médiateur dans les négociations sur les otages entre Israël et le Hamas alors même qu’ils étaient au service du Premier ministre, a annoncé un juge au début du mois.
La police souhaite également interroger un troisième collaborateur du Premier ministre, Yisrael Einhorn, qui réside actuellement en Serbie.
Plusieurs autres personnes ont également été interrogées dans le cadre de ce scandale, y compris Netanyahu, qui n’est pas lui-même directement mis en cause et qui a nié avoir eu connaissance des agissements répréhensibles de son entourage proche.
Le Qatar, qui a joué un rôle déterminant dans les négociations en faveur de la remise en liberté des otages, est un soutien du groupe terroriste palestinien du Hamas, accueillant ses dirigeants politiques.
Feldstein et Urich ont été finalement assignés à résidence après plusieurs jours de détention pour leur implication présumée dans l’affaire.

Lors d’une récente audience, la police a indiqué qu’elle soupçonnait Urich et d’autres d’avoir diffusé des messages pro-Qatar en faisant croire que ces informations provenaient de hauts-responsables israéliens appartenant au bureau du Premier ministre.
Selon un récent reportage qui a été diffusé par la chaîne d’information N12, un interrogatoire conjoint mené par les enquêteurs de Feldstein et d’Urich a failli dégénérer en altercation physique entre les deux accusés.
Avant de se retrouver impliqué dans le Qatargate, Feldstein avait été arrêté et mis en examen, l’année dernière, dans une affaire distincte dans laquelle il est accusé d’avoir porté atteinte à la sécurité de l’État en divulguant des informations secrètes volées à des services de renseignement – des informations qui avaient ensuite été publiées dans la presse étrangère.
Feldstein a ainsi été inculpé, au mois de novembre dernier, pour atteinte à la sécurité nationale dans un dossier portant sur le vol de documents classifiés de Tsahal qui avaient ultérieurement fuité auprès du quotidien allemand Bild, dans le but d’influencer l’opinion publique en faveur de Netanyahu.