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Raël, le prophète qui veut construire une ambassade pour les extraterrestres à Jérusalem

Fort de sa réinterprétation « sci-fi » des récits bibliques, le leader d’une secte à succès espère un jour pouvoir accueillir les extraterrestres dans la ville sainte malgré les refus du gouvernement israélien et les nombreuses outrances de son mouvement

Claude Vorilhon, reconnu par ses disciples comme le prophète Raël, interviewé en 2021 au Japon, dans le documentaire Netflix « Raël, le prophète des extraterrestres », sorti en 2024. (Capture d'écran Netflix, utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)
Claude Vorilhon, reconnu par ses disciples comme le prophète Raël, interviewé en 2021 au Japon, dans le documentaire Netflix « Raël, le prophète des extraterrestres », sorti en 2024. (Capture d'écran Netflix, utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur le droit d'auteur)

C’est certainement l’une des plus impressionnantes success stories à la française dans le domaine des sectes. Le mouvement raëlien fête cette année ses cinquante ans d’existence et continue de diffuser son message prophétique à travers les plus de 100 000 membres qu’il revendique à travers 120 pays dans le monde.

L’histoire commence lorsque Claude Vorilhon, aujourd’hui âgé de 78 ans, raconte avoir rencontré des extraterrestres qui lui auraient révélé être les créateurs de l’humanité, en se baladant dans la région volcanique de Clermont-Ferrand le 13 décembre 1973. Depuis, de nombreuses personnes l’ont rejoint en adhérant à son message, le mouvement a été classé comme secte par la France en 1995, les accusations d’abus sexuels et de corruption de mineurs ont abondé et son annonce sans preuve du premier clonage humain il y a plus de vingt ans a définitivement enterré sa crédibilité.

Pourtant le mouvement continue de poursuivre l’objectif qu’il s’est donné dès les premières années de son existence : la construction d’une ambassade pour accueillir les extraterrestres sur Terre, si possible à Jérusalem. La ville trois fois sainte est aussi la terre promise des raëliens.

Une réinterprétation de la Bible

À l’origine de la doctrine raëlienne se trouve le livre que Claude Vorilhon publie en 1994, et qu’il a modestement appelé Le Livre qui dit la vérité. Il y raconte sa rencontre avec des extraterrestres  alors qu’il se baladait au puy de Lassolas et témoigne des paroles qu’ils lui auraient transmises. Les êtres à la peau blanche « tirant légèrement sur le vert » lui auraient alors révélé qu’ils sont les « Elohim », nos créateurs, et que lui, Claude Vorilhon a été choisi pour devenir Raël, le dernier des prophètes.

Raël raconte alors que les Elohim auraient fait devant lui une exégèse de la Bible, qui contiendrait des « traces de la vérité » qui auraient été « déformées ». Dans le reste de son livre, Raël donne une explication qui relève de la science-fiction des miracles et prophéties bibliques, de façon à prouver, selon lui, que Dieu n’existe pas et que les forces « surnaturelles » qui régissent notre monde ne sont rien de plus que les prouesses technologiques d’une civilisation humaine qui aurait 25 000 ans d’avance sur nous.

« Prenez d’abord la Genèse, au premier chapitre : “Au commencement Elohim créa les cieux et la terre” (Genèse, I-1). Elohim, injustement traduit dans certaines bibles par Dieu, veut dire en hébreu “ceux qui sont venus du ciel” et est bel et bien au pluriel », écrit-il en introduction.

La suite est une succession d’interprétations erronées basées sur la mauvaise description de technologies avancées par les hommes primitifs du temps de la Révélation biblique. Ainsi, la mer s’ouvre en deux pour laisser les Hébreux traverser, après leur départ d’Égypte, grâce à un « rayon répulseur », le bâton que Moïse utilise pour faire jaillir l’eau dans le désert est un « détecteur de nappes aquatiques souterraines », et les trompettes de Jéricho ne sont rien de plus qu’un « instrument à ultrasons » surpuissant.

Claude Vorilhon, dit « Raël », interrogé par Jacques Chancel dans l’émission « Le Grand Échiquier » du 13 mars 1974. L’archive a été présentée dans dans la série documentaire « Raël, le prophète des extraterrestres », sortie sur Netflix le 7 février 2024. (Capture d’écran Netflix, utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Le récit loufoque de Raël a réussi à séduire de nombreuses personnes en quête de sens et à une époque, les années 1970, où les histoires d’ovnis sont très populaires. Au lancement de son mouvement, Claude Vorilhon choisit un symbole qui fera l’objet d’une grande controverse : un svastika inséré au centre d’une étoile de David.

Pour lui, le svastika est un symbole universel de paix, qui se retrouve dans de nombreuses religions à travers le monde, en particulier dans l’hindouisme. Mais pour les autorités israéliennes, à qui le mouvement a émis une requête pour la construction de son ambassade à Jérusalem, il s’agit d’un choix provocateur. Une position qui n’a pas pour autant découragé le mouvement, déterminé à faire de Jérusalem la « capitale du monde ».

Israël : la terre promise des Raëliens

« Le retour en Israël du peuple juif est un signe de l’âge d’or », écrit Claude Vorilhon dans son livre. Il explique que la création de l’État d’Israël en 1948 est l’accomplissement de la promesse des « Elohim », telle qu’elle serait décrite dans le Livre d’Isaïe. Il rend d’ailleurs hommage aux Juifs, qui ont préservé la Bible et ont ainsi « participé à la sauvegarde de la vérité ».

Lors de leur première mission en Israël, un groupe de Raëliens rassemblé devant le mur Occidental a officiellement intronisé Raël comme le « dernier des prophètes ». Dans son deuxième livre, Les extraterrestres m’ont emmené sur leur planète (1975), celui-ci raconte avoir été invité sur la planète des extraterrestres où il se serait assis à table avec les autres prophètes, d’Abraham à Mahomet, en passant par Moïse et Bouddha, tous artificiellement maintenus en vie par les technologies aliens. C’est à cette occasion que Raël découvre qu’il est le « demi-frère de Jésus ». Il a désormais derrière lui la légitimé des prophètes avant lui.

Le mouvement va essuyer un premier échec lorsque le gouvernement israélien rejette son projet d’ambassade à Jérusalem. Raël a beau répéter que la raison d’être de l’État d’Israël est de préparer le jour où « l’humanité accueillera ses créateurs », aucune des multiples requêtes soumises aux autorités israéliennes n’ont abouti. Même l’abandon, pendant un temps, du symbole du svastika dans l’étoile de David n’y fera rien.

Image d’archive sur laquelle Raël pose avec plusieurs de ses disciples devant une maquette de l’ambassade qu’il souhaite construire pour accueillir les extraterrestres sur Terre, présentée dans la série documentaire « Raël, le prophète des extraterrestres », sortie sur Netflix le 7 février 2024. (Capture d’écran Netflix, utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

La secte a pourtant un ancrage dans le pays, où sa communauté est aujourd’hui menée par un certain Kobi Drori. Sur leur site en hébreu, les Raëliens présentent leur projet d’ambassade comme celui de la construction du Troisième Temple, en adoptant la rhétorique du sionisme religieux.

En échange d’un terrain pour construire l’ambassade et de l’assurance d’accorder aux futurs visiteurs de l’espace une « immunité diplomatique totale », les Raëliens promettent des retombées économiques du secteur touristique inestimables.

Le clonage humain pour accéder à la vie éternelle

En 2002, le mouvement raëlien n’est depuis longtemps plus établi en France, où il est menacé par la justice. C’est depuis les États-Unis que Brigitte Boisselier, une proche adepte de Raël qui se présente comme une « scientifique », assure avoir réalisé avec succès le tout premier clonage humain de l’histoire.

Depuis quelques années, les Raëliens se sont mis en tête de développer des techniques de clonage pour accéder à la vie éternelle dans ce monde.

L’annonce fait l’effet d’une bombe dans les milieux scientifique et politique, et fait les grands titres de la presse internationale. Les Américains, dont le Président Georges W. Bush s’est prononcé contre le clonage humain, ont trainé l’affaire devant les tribunaux. Brigitte Boisselier a alors été contrainte de « révéler » aux juges que l’enfant clonée, que les Raëliens avaient baptisée « Ève », se trouvait… en Israël.

La chimiste française Brigitte Boisselier, évêque raëlienne et directrice générale de Clonaid, témoigne devant le juge John Frusciante lors d’une audience tenue le 29 janvier 2003 au Broward County Circuit Court à Fort Lauderdale (Floride). Boisselier a été convoqué au tribunal après que Clonaid a refusé de témoigner en détail sur l’affirmation selon laquelle elle aurait conçu le premier clone humain au monde. (Photo by SUSAN STOCKER / AFP)

Vingt ans plus tard, Brigitte Boisselier n’a toujours pas fourni la moindre preuve de l’existence d’Ève. Mais à l’époque, le porte-parole raëlien en Israël Kobi Drori avait indiqué que « la loi israélienne n’autorise pas le clonage, mais n’empêche pas les personnes clonées d’entrer dans le pays », selon des propos rapportés par Haaretz le 30 janvier 2003.

« Je ne pense pas qu’elle ait été introduite clandestinement en Israël. Je pense qu’elle a été amenée en Israël légalement, apparemment comme n’importe quel autre citoyen », avait-il déclaré.

En 2015, le Times of Israel rapporte que le mouvement raëlien retire son soutien au sionisme après que son prophète a prétendu avoir reçu une prophétie condamnant Israël. Yahweh, le chef des Elohim, lui aurait transmis ce message à propos d’Israël : « Vous avez trahi toutes les valeurs exemplaires du judaïsme en volant des terres et des maisons qui ne vous appartiennent pas, et surtout en ne respectant pas mon commandement le plus important : “Tu ne tueras pas” ».

Raël a alors estimé que « la protection précédemment accordée à Israël est totalement retirée à partir d’aujourd’hui, et nous demandons que tous les vrais Juifs quittent la terre de Palestine le plus rapidement possible ».

En février 2024, Netflix a consacré une série documentaire au mouvement et aux multiples controverses qu’il suscite depuis maintenant cinquante ans. Dans « Raël, le prophète des extraterrestres », le public peut surtout découvrir l’interview exclusive de Raël, désormais établi au Japon, où il continue d’échapper à la justice et d’attirer de nouveaux adeptes.

Quant à l’ambassade des Elohim sur Terre, le projet n’a toujours pas débuté, faute d’avoir trouvé un pays qui accepte de donner du crédit aux théories saugrenues des Raëliens.

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