Rassemblement à Toulouse pour la libération de l’assassin Georges Ibrahim Abdallah
"On attend qu'il soit libéré parce que le combat qu'il mène est un combat légitime," affirme une manifestante à propos du terroriste libanais

Environ 300 personnes ont participé mercredi soir à Toulouse à un rassemblement pour la libération du terroriste libanais pro-palestinien Georges Ibrahim Abdallah, en prison depuis 40 ans, et contre la dissolution du collectif Palestine vaincra, a constaté un journaliste de l’AFP.
Jeudi, la cour d’appel de Paris doit statuer sur une énième demande de remise en liberté du meurtrier, tandis que le Conseil d’Etat rendra sa décision sur le recours contre le décret de dissolution du collectif pris par le gouvernement en 2022.
Au milieu des drapeaux palestiniens ou libanais et des pancartes, les manifestants rassemblés dans le centre-ville de Toulouse ont longuement entonné les slogans « Palestine vivra, Palestine vaincra » ou « Il est de nos luttes, nous sommes de son combat, libérez Georges Abdallah ».
« Ce qu’on attend, c’est sa libération, ce serait la fin d’un acharnement de plusieurs décennies face à un militant anti-impérialiste qui est détenu depuis plus de 40 ans », a estimé auprès de l’AFP Vanessa, militante de « Révolution permanente » ne souhaitant pas donner son nom de famille.
« On attend qu’il soit libéré parce que le combat qu’il mène est un combat légitime, le combat de tout le peuple palestinien qui est massacré en ce moment-même », a-t-elle ajouté.
Le collectif Palestine vaincra, né à Toulouse, espère lui « pouvoir poursuivre ses activités », dénonçant une « criminalisation » de l’action militante en faveur des Palestiniens, selon les mots d’un de ses membres, Matthieu Jeuland.
D’autres rassemblements étaient prévus mercredi en France en faveur de Georges Ibrahim Abdallah, mais à Paris et en Seine-Saint-Denis, les manifestations prévues mercredi et jeudi ont été interdites par le préfet de police.
Au début des années 80 et alors que le Liban était en pleine guerre civile, Georges Ibrahim Abdallah avait co-fondé les Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), groupuscule terroriste marxiste pro-syrien et anti-israélien qui a revendiqué cinq attentats, dont quatre mortels, en 1981-1982 en France.
Il avait été arrêté à Lyon en 1984 et condamné à la réclusion criminelle à perpétuité après avoir été reconnu coupable de complicité dans l’assassinat à Paris en 1982 de deux diplomates.
Le lieutenant-colonel Charles R. Ray, attaché militaire adjoint de l’ambassade des États-Unis à Paris, est abattu le 18 janvier 1982 devant son domicile, dans le XVIe arrondissement.
Le 31 mars 1982, Yaacov Bar-Simantov, qui était le deuxième secrétaire de l’ambassade d’Israël en France ainsi qu’un officier du Mossad, a été abattu à Paris par une terroriste inconnue. Elle s’est échappée par une bouche de métro après avoir été poursuivie par le fils du diplomate, Avi, alors âgé de 17 ans et qui avait été témoin du meurtre. Il a presque failli la rattraper jusqu’à ce qu’elle le menace de le tuer s’il faisait « un autre pas ».
L’ambassadeur d’Israël en France, Meir Rosenne, avait pointé du doigt l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) pour « le meurtre impitoyable » et avait également blâmé « les pays qui accordent une reconnaissance diplomatique » à l’OLP. Rosenne avait appelé tous les gouvernements démocratiques à « extrader vers Israël les tueurs afin qu’ils puissent être jugés et punis pour leurs actes ». Il avait également exhorté « tous les amis d’Israël à se rappeler que chaque fois qu’ils lèvent la main en faveur de l’OLP aux Nations unies ou ailleurs, c’est ça le résultat ».
Les FARL, jusque-là inconnus et basés à Beyrouth, ont alors revendiqué le meurtre de Bar-Simantov, affirmant qu’il s’agissait d’un acte « de vengeance pour l’agression sioniste-impérialiste contre le sud du Liban ».
Bar-Simantov fut le premier diplomate israélien assassiné en France. Des diplomates israéliens ont été tués par des terroristes palestiniens dans d’autres capitales d’Europe occidentale.
Le président François Mitterrand, dans un message adressé au président israélien Yitzhak Navon, a promis que la France « fera tout son possible » pour retrouver et traduire en justice le meurtrier.
La dépouille de Bar-Simantov a été exposée à l’ambassade d’Israël le 5 avril, où une petite foule s’est rassemblée pour les services commémoratifs. Le grand rabbin René Sirat de France avait récité le Kaddish.

Georges Ibrahim Abdallah est aussi impliqué dans la tentative d’assassinat du consul général des Etats-Unis, Robert Homme, à Strasbourg (Est), en 1984.
Georges Ibrahim Abdallah est libérable depuis 1999. La justice avait répondu favorablement à sa demande de libération en 2013, sous réserve qu’il fasse l’objet d’un arrêté d’expulsion du ministère français de l’Intérieur, que le ministre de l’Intérieur d’alors, Manuel Valls, n’a jamais pris.
Mi-novembre, la justice française a accepté sa libération à condition qu’il retourne au Liban, qui le réclame depuis des années, au vu de son âge et de la durée de détention « disproportionnée au regard des faits commis et de sa dangerosité actuelle ».
Les Etats-Unis, partie civile au procès de Georges Ibrahim Abdallah en 1987, ont écrit fin décembre à la cour d’appel de Paris pour « s’opposer vigoureusement » à la demande de libération conditionnelle du terroriste libanais pro-palestinien.