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Opinion

Réflexions sur l’opération Aube, le modeste succès d’Israël et la retenue du Hamas

Israël a atteint ses objectifs , la diplomatie publique s'est améliorée et le Dôme de fer a étonné, mais les roquettes ont continué à voler et l'Iran a de quoi se réjouir

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Des roquettes palestiniennes sont tirées depuis la ville de Gaza en représailles à de précédentes frappes aériennes israéliennes, le 5 août 2022. (Crédit : Mahmud Hams / AFP)
Des roquettes palestiniennes sont tirées depuis la ville de Gaza en représailles à de précédentes frappes aériennes israéliennes, le 5 août 2022. (Crédit : Mahmud Hams / AFP)

1. Des objectifs limités, atteints

En trois jours de combat, Israël a atteint les objectifs vitaux et relativement modestes qu’il s’était donnés. Il a déjoué une tentative « concrète » du Jihad islamique palestinien de mener une attaque transfrontalière meurtrière contre des soldats et/ou des civils. Eliminé des commandants clés de la direction du groupe, y compris des cerveaux d’attaques meurtrières antérieures. Détruit certains des actifs du Jihad islamique à Gaza. Arrêté d’autres agents du Jihad islamique en Cisjordanie. Coupé le lien que le groupe terroriste essayait d’établir entre Gaza et la Cisjordanie, par lequel le Jihad islamique tentait de dissuader Israël de s’attaquer à ses plans terroristes en Cisjordanie en menaçant de viser Israël depuis Gaza.

Il a fait tout cela sans que le Hamas n’intervienne dans le conflit, sans déclencher de combats sur d’autres fronts et sans qu’il y ait une recrudescence de la violence à Jérusalem ou dans les villes mixtes arabo-juives.

Il a lancé une opération préventive et a réussi à la mener à son terme une fois les objectifs annoncés largement atteints.

2. Une diplomatie publique plus efficace

Israël a conservé un soutien diplomatique assez solide de la part de ses alliés, en tête desquels les États-Unis.

Et dans le domaine non moins important de la diplomatie publique, il a fait preuve d’une rapidité et d’une efficacité presque sans précédent pour démentir les allégations selon lesquelles Israël aurait tué des civils lors d’un événement potentiellement majeur à Jabaliya samedi soir.

Après les premières informations selon lesquelles une frappe aérienne israélienne aurait tué au moins sept personnes, dont quatre enfants, l’armée israélienne a immédiatement indiqué que ce n’était pas le cas, qu’elle n’opérait pas dans la zone et qu’elle avait des raisons de croire que les décès étaient imputables à un tir de roquette raté du Jihad islamique. Elle a rapidement étayé ces affirmations en diffusant des images vidéo montrant, selon elle, l’ascension initiale, puis la retombée rapide de la roquette en question à l’intérieur du territoire gazaoui.

Dans cette capture d’écran d’une vidéo publiée par Tsahal le 7 août 2022, un tir de roquette depuis la bande de Gaza échoue dans le camp de réfugiés de Jabaliya. (Crédit : Tsahal)

L’armée a également contesté les informations palestiniennes selon lesquelles elle serait responsable de la mort de civils dans au moins deux autres événements, toujours imputés à des frappes israéliennes mais attribués par l’armée à des tirs de roquettes ratés, sans toutefois publier de documentation à l’appui.

De nombreux médias ont repris l’explication israélienne de la tragédie de Jabaliya, et la rapidité et la crédibilité des revendications israéliennes ont probablement eu un impact sur certains reportages internationaux concernant d’autres faits litigieux.

Israël peut, de manière atypique, se féliciter de la rapidité de sa réaction, qui contraste fortement avec la gestion peu glorieuse de tous les événements, depuis les morts sur le Mavi Marmara en 2010 jusqu’à la destruction de la tour abritant les bureaux d’AP et d’autres médias à Gaza l’année dernière.

Mais le « succès » est relatif. La même vidéo montrant l’échec de la roquette de Jabaliya montre également de nombreuses autres roquettes du Jihad islamique serpentant hors de Gaza, visant Israël, dans le but unique de tuer et de blesser autant de civils israéliens que possible.

La diplomatie publique israélienne a peut-être réduit, un peu, les vagues de critiques internationales à l’encontre d’Israël qui accompagnent chaque cycle d’hostilités entre Gaza et Israël. Une couverture internationale plus équitable mettrait en évidence les tirs aveugles des groupes terroristes sur les civils israéliens, leur utilisation de la population de Gaza comme boucliers humains, ainsi que le contexte fondamental dans lequel Israël s’est retiré de Gaza en 2005 en respectant les frontières d’avant 1967, n’y maintient aucune présence civile ni militaire et n’y revendique aucun territoire. En bref, chaque cycle de conflit avec Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir aux dépens du Fatah en 2007 – et cela inclut ce cycle préventif – est une conséquence de l’agression et/ou des menaces initiées par Gaza.

3. Dôme de fer vs. roquettes incessantes

En constante amélioration, l’impressionnant système de défense anti-roquettes du Dôme de Fer a intercepté la quasi-totalité des roquettes et des obus qui se dirigeaient vers des zones habitées. Environ 1 100 projectiles ont été tirés sur Israël au cours des trois jours de combat, et grâce à la performance du Dôme de Fer, ajoutée à la présence d’abris et des pièces blindées et à la discipline dont les citoyens ont fait preuve, il n’y a eu aucun décès israélien.

Sans le Dôme de Fer et les multiples autres systèmes qu’Israël a introduits et perfectionne pour lutter contre les roquettes et les missiles à courte, moyenne et longue portée, la vie ici, pour dire les choses simplement, serait intenable. Israël ne serait pas en mesure de tolérer les attaques ennemies, et devrait suivre une stratégie infiniment plus agressive contre ses assaillants – avec des conséquences dévastatrices.

Le système anti-missile Dôme de fer en pleine interception, dans le centre d’Israël, le 6 août 2022 (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

Néanmoins, le Dôme de Fer et les systèmes de défense complémentaires ne sont pas hermétiques. Ils ne sont pas des panacées. Ainsi, même des ennemis à l’équipement relativement peu sophistiqué, comme le Jihad islamique, sont capables de paralyser une grande partie d’Israël à leur convenance.

En outre, malgré l’étonnante collecte de renseignements qui a permis à l’armée israélienne, par exemple, de localiser le commandant nord du Jihad islamique, Tayseer Jabari, dans son appartement de la ville de Gaza, et malgré les stupéfiantes capacités de précision qui ont permis à l’armée de détruire cet appartement sans causer de dommages généralisés, tous ces renseignements et ces bombardements de précision, dans ce conflit et dans tous les conflits précédents, n’ont pas permis à l’armée israélienne d’arrêter les tirs de roquettes en provenance de Gaza. L’armée israélienne s’efforce sans cesse de rendre les tirs plus difficiles pour les ennemis – avec des avions et des drones qui patrouillent au-dessus de Gaza, avec des frappes sur les lanceurs de roquettes, leurs équipages et leurs stocks – mais les roquettes continuent de voler. Et entre chaque épisode du conflit, les groupes terroristes se réapprovisionnent et perfectionnent leurs roquettes.

4. La retenue du Hamas

Si Israël a pu commencer, mener et terminer cette série de combats comme il l’espérait, c’est parce que le Hamas a choisi de ne pas s’impliquer. Ce n’est pas parce que le Hamas a abandonné son objectif stratégique de détruire Israël, mais parce qu’il pense ne pas pouvoir le faire dans l’immédiat.

Les responsables israéliens pensent que le Hamas a choisi de ne pas se laisser entraîner dans ce conflit parce qu’il a été dissuadé par l’opération « Gardiens des murs » de l’année dernière, et parce que la coalition sortante a offert des carottes économiques et tendu des bâtons à Gaza, notamment les 14 000 permis de travail, que le Hamas ne veut pas perdre.

Un Palestinien nettoie sa boutique des débris après les trois derniers jours de conflit avec Israël avant uncessez-le-feu, dans le camp de réfugiés de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, le 8 août 2022. (Crédit : MOHAMMED ABED / AFP)

Il ne faut pas se faire d’illusions sur le fait que le Hamas deviendrait une moindre menace stratégique pour Israël. C’est plutôt l’inverse qui se produit. Le Hamas a choisi de faire preuve de retenue à court terme lorsqu’il était poussé à se joindre à son allié-rival pour frapper les sionistes détestés, car il a estimé que cela servait mieux ses ambitions anti-israéliennes à long terme.

5. Pour l’Iran, c’est ‘tout bénef’

Il semblerait que les dirigeants du Jihad islamique à Gaza, épuisés, aient poussé au cessez-le-feu de dimanche soir, au mépris de leurs dirigeants à l’étranger, y compris à Téhéran, qui voulaient poursuivre le combat. L’Iran, qui finance le Jihad islamique, ne le fait que pour nuire à Israël et aux Israéliens, et il est donc peu probable qu’il ait poussé à une cessation des hostilités.

Des jeunes filles palestiniennes assistent à un rassemblement en faveur du Jihad islamique dans le camp de réfugiés libanais de Burj al-Barajneh, au sud de Beyrouth, le 7 août 2022. (Crédit : ANWAR AMRO / AFP)

Si Israël peut légitimement exprimer sa satisfaction quant aux résultats limités de son modeste recours à la force, l’Iran, quant à lui, se sentira plus que satisfait de son travail. Son programme nucléaire se poursuit à un rythme soutenu. Et, entre-temps, son investissement relativement modeste dans un groupe terroriste mandataire à la frontière sud d’Israël a paralysé une grande partie du sud d’Israël pendant une semaine – y compris le confinement préalable à l’opération Aube et les trois jours de combat – et a également perturbé le centre d’Israël.

Et à Téhéran, on se dit : « Pensez à ce que nous pouvons faire si nous lâchons le Hezbollah ».

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