Refonte judiciaire : La grève à Ben Gurion coordonnée avec Netanyahu, selon Pinchas Idan
Le syndicaliste Pinchas Idan s'est défendu devant le tribunal du Likud, disant qu'Arnon Bar-David lui avait dit que l'arrêt de travail se faisait avec l'aval du Premier ministre

Le chef du syndicat des aéroports, Pinchas Idan, a fait savoir dans une déposition qu’à sa connaissance, la grève qui s’était déclenchée le mois dernier – qui avait eu une influence majeure dans la décision prise par le gouvernement de mettre en pause son projet de réforme judiciaire – avait été décidée en coordination avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a annoncé dimanche la presse israélienne.
Idan, membre du puissant Comité Central du parti, répondait à une plainte signée par plus de 2 000 membres du parti qui réclamaient son exclusion pour avoir immobilisé les avions au sol dans le cadre d’une grève générale plus large contre le projet de refonte du gouvernement.
Dans une déclaration faite devant le tribunal de la formation du Likud, Idan a dit avoir agi « conformément aux instructions données par le président de la fédération du travail de la Histadrout qui a indiqué que le mouvement de grève serait court, dense et qu’il s’effectuerait en coordination avec le chef du parti du Likud » Netanyahu, a fait savoir la chaîne publique Kan qui a publié une copie du communiqué.
« En fait, je n’ai fait qu’obéir aux ordres du Premier ministre [Benjamin] Netanyahu. Je demande au tribunal de rejeter la plainte », a indiqué Idan.
Après que Netanyahu a annoncé qu’il limogeait le ministre de la Défense Yoav Gallant (qui a depuis été confirmé une nouvelle fois à ses fonctions), le syndicat de la Histadrout, très influent, avait fait savoir qu’il se débutait un mouvement de grève en date du 27 mars, une initiative sans précédent coordonnée avec les responsables du milieu des affaires.
Idan avait annoncé que les avions qui devaient décoller de l’aéroport Ben Gurion allaient rester au sol, occasionnant d’importants retards.

La grève avait ensuite été stoppée, dans la soirée, alors que Netanyahu annonçait mettre en pause le projet de réforme du système de la justice israélien avancé par le gouvernement, affirmant que cette suspension permettrait la tenue de pourparlers de compromis avec les opposants aux changements proposés.
Dans sa réponse à la pétition déposée devant le tribunal du Likud, Idan a insisté sur le fait que s’il devait être renvoyé du parti pour avoir obligé le gouvernement à mettre en pause la réforme du système judiciaire israélien, il devrait alors en exclure Gallant qui avait ouvertement appelé le Premier ministre à suspendre le processus législatif.
Le Likud a répondu aux accusations lancées par le chef de syndicat en disant que les déclarations d’Idan étaient mensongères.
« En contradiction avec les propos qui ont été tenus par Pinchas Idan, nous avons réagi avec force et nous avons demandé au président de la Histadrout d’arrêter immédiatement la grève. Toute affirmation contraire à cette réalité est mensongère ».

Des informations parues dans les médias, ces dernières semaines, ont affirmé que Netanyahu avait lui-même organisé la grève pour exercer des pressions sur son propre gouvernement et pour lui donner le prétexte nécessaire afin de pouvoir suspendre le processus législatif en cours, contre le gré d’un grand nombre de ses alliés de coalition.
Des informations qui ont depuis été démenties avec vigueur par le chef de la Histadrout Arnon Bar-David et par le Premier ministre.
Yonatan Urich, conseiller de Netanyahu, se serait coordonné avec les responsables de la Histadrout pendant toute la journée de la grève concernant le moment choisi pour les conférences de presse données par Netanyahu et Bar-David, le chef syndicaliste, et pour le contenu de ces dernières.

L’épouse du Premier ministre, Sara, aurait aussi discuté avec des responsables proches de Bar-David, leur disant d’exercer des pressions sur le gouvernement de manière à trouver de larges accords dans le cadre de l’initiative de refonte judiciaire.
Dans un entretien accordé après la grève, Idan avait laissé entendre que les événements avaient été « organisés avec les personnalités nécessaires pour ce faire » sans mentionner explicitement Netanyahu ou le Likud.
Il avait également déclaré qu’il pensait que l’immobilisation des avions, sur le tarmac de l’aéoport Ben-Gurion, était probablement illégale.
L’équipe du Times of Israel a contribué à la rédaction de cet article.