Refonte judiciaire : Manifestation contre les négociations au domicile de Lapid
Les protestataires ont scandé "Démocratie ! Démocratie !" et dénoncé la "dictature" en réponse aux informations portant sur de possibles accords dans le cadre des pourparlers
Les activistes opposés au projet de refonte radicale du système judiciaire israélien ont manifesté, mardi matin, aux abords du domicile de Tel Aviv de l’un des politiciens considérés comme les plus proches de leur mouvement de protestation : Yair Lapid, le leader de l’opposition.
Des images montrent une vingtaine de personnes hurlant dans des mégaphones. Ils brandissent également des panneaux dénonçant toute possibilité de compromis dans les pourparlers en cours entre les leaders centristes et les représentants du gouvernement, qui cherchent à trouver un accord sur certains changements susceptibles d’intervenir dans le système de la justice du pays.
« Démocratie ! Démocratie ! », scandent-ils sur la vidéo, ainsi que « Nous n’autoriserons pas une dictature » et « Ne soyez pas lâche ! Ne sauvez pas le tyran », en référence au Premier ministre Benjamin Netanyahu.
« Pas de compromis sans constitution », est-il écrit sur un panneau tandis qu’un autre affirme que « Un compromis implique qu’il n’y aura plus d’avenir », une allusion au nom de la formation de Lapid, Yesh Atid, qui signifie « Il y a un avenir ».
En se réunissant devant l’habitation du leader de l’opposition, les protestataires ont répondu à des informations persistantes qui laissent entendre que coalition et opposition auraient fait des avancées vers certains accords dans le cadre du plan de refonte du système judiciaire qui a été présenté par le gouvernement – les tout premiers signes de progrès dans les discussions en cours depuis deux mois à la résidence du président.
Les parties, en particulier, seraient en train de s’entendre sur toute une série de principes qui régiront la continuation des négociations, ainsi que sur la limitation de l’utilisation de la notion juridique de « raisonnabilité » dans le réexamen, par les juges, des décisions gouvernementales. Autre sujet qui avait entraîné de fortes crispations, coalition et opposition travailleraient sur un compromis pour permettre au gouvernement de choisir ses propres conseillers juridiques plutôt que d’être dans l’obligation de faire appel au Bureau du procureur-général.
הפגנה הבוקר אצל לפיד נגד פשרות pic.twitter.com/GhJyd3Kzw9
— לירי בורק שביט (@lirishavit) June 6, 2023
Le mouvement contre la refonte du système judiciaire israélien a repris de l’élan, ces derniers jours. Netanyahu, pour sa part, avait déclaré au lendemain de l’adoption du budget de l’État que le projet très controversé allait dorénavant revenir à l’ordre du jour.
Le projet de loi sur la refonte judiciaire est gelé depuis fin mars. Netanyahu avait indiqué qu’il mettait le plan en pause pour ouvrir la porte à des pourparlers avec l’opposition, sous les auspices du président Isaac Herzog.
Samedi soir, le mouvement de protestation anti-réforme a davantage mobilisé les Israéliens que la semaine précédente, avec des rassemblements qui ont aussi été dynamisés par la colère éprouvée à l’égard des forces de l’ordre suite aux mesures de répression prises, vendredi soir, lors d’une manifestation qui avait lieu aux abords de la résidence privée de Netanyahu à Césarée et alors que l’un des artisans de la refonte du système judiciaire, Simcha Rothman, a été filmé en train d’arracher le mégaphone d’un protestataire qui le suivait pendant une visite aux États-Unis.
Lundi, les activistes israéliens opposés au projet de réforme ont perturbé un discours prononcé par le ministre de l’Économie, Nir Barkat, aux cris de « Honte ! » lors d’une conférence à New York City.