Regev n’aime pas Dubaï et n’y retournera pas, Cohen tente de rattraper le coup
Ces propos peu diplomatiques de la ministre des Transports s'ajoutent au regain de tensions avec les Émirats arabes unis du fait des politiques radicales du gouvernement israélien
La ministre des Transports Miri Regev (Likud) a déclaré, mercredi à l’occasion d’un discours, qu’elle n’aimait pas Dubaï et qu’elle ne retournerait pas aux Émirats arabes unis, pourtant à l’avant-garde de la politique israélienne de normalisation de ses relations avec les pays arabes.
« Je suis allée à Dubaï. Je n’y retournerai pas. Je n’aime pas cet endroit », a déclaré Regev lors d’une conférence mercredi, tout en félicitant l’émirat pour ses infrastructures routières.
Sa prise de position, spontanément hostile aux Émirats arabes unis, s’est faite dans un contexte de tensions croissantes entre le gouvernement extrémiste d’Israël et les pays arabes qui ont fait la paix avec Israël.
Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen a tenté d’atténuer l’impact du faux pas diplomatique de sa collègue du Likud, en publiant sur Twitter une photo de lui avec le dirigeant de Dubaï, d’assortie du commentaire « J’aime Dubaï, tout comme le million d’Israéliens qui se sont rendus aux Émirats arabes unis en 2022 ».
I❤️Dubai
וכך גם מיליון ישראלים שביקרו באיחוד האמירויות הערביות בשנת 2022
????????????️???????? pic.twitter.com/U0j5oZM3Do— אלי כהן | Eli Cohen (@elicoh1) March 22, 2023
Regev, femme politique du Likud, s’était rendue à Dubaï en 2018, du temps où elle était ministre de la Culture et des Sports, pour soutenir l’équipe israélienne de judoka lors du Grand Chelem d’Abou Dhabi.
Il s’agissait alors de la toute première visite officielle d’un ministre israélien, deux ans avant la conclusion des accords d’Abraham, qui ont normalisé les relations entre Jérusalem et Abou Dhabi.
Les relations avec les Émirats arabes unis semblent devenues difficiles depuis la prestation de serment du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Abou Dhabi s’est joint mardi au Qatar et à l’Arabie saoudite pour condamner les propos du ministre des Finances, Bezalel Smotrich, qui a déclaré cette semaine à Paris que la nation palestinienne n’existait pas, debout sur une scène présentant une carte du « Grand Israël », composé des territoires de la Jordanie et de la Cisjordanie.
Le ministère émirati des Affaires étrangères a tout autant condamné la carte que les propos du ministre, soulignant la nécessité de « lutter contre les discours porteurs de haine et de violence ».
En janvier, les Émirats ont reporté de manière unilatérale la visite officielle de Netanyahu après le déplacement du ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, au mont du Temple, invoquant des problèmes de calendrier.
Depuis lors, aucune date de repli n’a été trouvée.
Un diplomate du Moyen-Orient qui s’est entretenu avec le Times of Israel a confirmé que l’action de Ben Gvir était à l’origine du report de cette visite.
Dans un communiqué publié quelques heures après la visite de Ben Gvir au mont du Temple, les Émirats arabes unis avaient dénoncé l’« invasion de l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa » et appelé à la fin de ces « violations graves et provocatrices ».
Ben Gvir est un partisan de longue date de l’abandon du statu quo qui régit le mont du Temple, au terme duquel les Musulmans sont autorisés à prier sans grandes restrictions de circulation, alors que les Juifs n’y ont accès qu’à certaines heures du jour et selon un itinéraire prédéterminé (porte d’accès comprise), sous surveillance de la police.
Ils ne sont officiellement pas autorisés à y prier, mais ces dernières années, il n’est pas rare que la police ait laissé faire les prières silencieuses.
Les Émirats arabes unis ont également sollicité une réunion à huis clos du Conseil de sécurité des Nations Unies, suite au saccage perpétré par des résidents d’implantations à Huwara, en février dernier, qui a fait un mort côté palestinien sans compter les dizaines de maisons et véhicules incendiés.
Regev s’est toutefois dite impressionnée en tant que ministre des Transports.
« C’est incroyable ce qu’ils ont construit en l’espace de six ans. Un pays, en six ans. Alors que nous ne sommes pas capables de construire de larges routes à plusieurs voies, dont des voies pour les transports publics et les vélos », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de l’Autorité foncière israélienne à Tel Aviv.
Au moment où la ministre s’exprimait, des manifestants réservistes se massaient devant la salle de conférence en signe de protestation contre le projet de musèlement du système judiciaire.
Toujours à l’occasion de son discours, Regev a annoncé le projet de « chemin de fer de la paix », supposé relier Haïfa au passage du Jourdain, point de passage frontalier international situé entre Irbid, en Jordanie, et Beit Shean, en Israël.
Aucun détail concret, comme le lieu ou la date de début des travaux, n’a été annoncé.