Résolution anti-implantations de l’ONU : Des politiciens israéliens accusent Netanyahu
Pour certains élus, il s'agit de la relation notoirement tendue entre Obama et Netanyahu, pour des experts, cela a à voir avec Trump
Yoav Kisch, membre de la Knesset du Likud, cité par le site Internet en langue hébraïque Ynet, a déclaré que, tout comme le président américain Barack Obama « a trahi d’autres alliés dans le monde, il a trahi Israël ».
Pendant ce temps, d’autres députés de l’opposition ont affirmé que le coup diplomatique qu’Israël a subi à l’ONU était entièrement de la faute du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Tzipi Livni (Union sioniste) a déclaré que le vote était le résultat des affrontements constants entre Netanyahu et Obama, ainsi que son soutien à la « loi de régulation » qui vise à légaliser les avant-postes construits dans des terres palestiniennes privées.
« Netanyahu a insisté pour foncer la tête la première dans un mur, sachant que ce serait le résultat – et maintenant nous sommes tous ici à en payer le prix », a-t-elle dit.
« Vous pourriez blâmer Obama, mais tous les grands pays du monde tels que le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine ont aussi appuyé la résolution contre nous », a-t-elle ajouté.
Eitan Cabel (Union sioniste) a déclaré qu’Israël « a payé un lourd tribut pour la conduite de Netanyahu à l’égard d’Obama. Obama a choisi le moment et le lieu qui lui convenaient le mieux et a donné à Israël un rude coup que l’administration Trump ne peut pas facilement réparer. »

Netanyahu-Obama
Pour beaucoup d’experts, la décision de Barack Obama, prise alors qu’il passe la fin de l’année à Hawaï, s’explique en partie par ses mauvaises relations personnelles avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. C’est une relation « empreinte de méfiance », souligne Jonathan Schanzer, vice-président de la Fondation pour la défense des démocraties, un centre de réflexion de Washington.
Les deux hommes n’ont jamais eu de complicité et la Maison Blanche n’a jamais caché son irritation face à la rhétorique sécuritaire employée par la coalition de droite au pouvoir en Israël.
En cas de victoire d’Hillary Clinton à la présidentielle du 8 novembre, Barack Obama aurait peut-être pris une décision différente à l’ONU et lui aurait laissé la possibilité de reconstruire des liens plus chaleureux avec Israël, suggère Jonathan Shanzer.
Mais les positions de Donald Trump ont poussé Barack Obama à laisser voter une résolution du Conseil de sécurité qui risque d’affaiblir la position d’Israël dans de futures négociations. « On ne peut plus faire marche arrière », relève Jonathan Schanzer puisqu’une résolution du Conseil de sécurité ne peut pas être annulée.
Les responsables palestiniens et égyptiens se sont rencontrés plus tôt dans le mois avec des responsables du Département d’Etat à Washington, a déclaré la Deuxième chaîne vendredi soir, et c’est dans ces pourparlers, selon Israël, que les plans ont été coordonnés pour repousser la résolution anti-implantations.
Obama-Kerry
« Il s’agit d’un abandon d’Israël qui brise des décennies de la politique des États-Unis de protéger Israël à l’ONU et sape les perspectives de travailler avec la prochaine administration de l’avancement de la paix », a ajouté un responsable qui avait accusé le duo Obama-Kerry d’être à l’origine de la résolution.
« Le président Obama et le secrétaire Kerry sont derrière cette initiative honteuse contre Israël aux Nations Unies », a déclaré à l’AFP le responsable, qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat.
« L’administration américaine a secrètement concocté avec les Palestiniens une résolution anti-israélienne radicale, derrière le dos d’Israël, qui encouragerait le terrorisme et les boycotts (…) », a-t-il ajouté.
Les États-Unis ont nié les allégations. « Contrairement à certaines allégations, l’administration n’a pas été impliquée dans la formulation de la résolution et nous ne l’avons pas non plus promue », a déclaré à Reuters un responsable aussi sous couvert de l’anonymat.
« Le Premier ministre (Benjamin) Netanyahu avait la possibilité de conduire des politiques qui auraient engendré un autre résultat », a déclaré Ben Rhodes, un proche conseiller de Barack Obama.
« Le fait que cela arrive à la fin de nos huit ans de mandat montre que ce n’était pas l’évolution que nous préférions », a-t-il poursuivi. « Si c’était ce résultat que nous cherchions, nous l’aurions obtenu depuis longtemps ».
Après le vote de vendredi, l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le Proche-Orient Frank Lowenstein a indiqué que le secrétaire d’Etat John Kerry formulerait prochainement des idées pour relancer le processus de paix.
L’AFP a contribué à cet article.