Israël en guerre - Jour 537

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Retour sur la diatribe de Netanyahu à la Knesset et les réactions qu’elle a suscitées

Le Premier ministre, qui a indiqué qu'Israël ne violait pas le cessez-le-feu et qu'il faudra peut-être reprendre la guerre, accuse l'opposition de mener une "campagne cynique sur le dos des familles d'otages"

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Knesset le 3 mars 2025 (Crédit : Capture d'écran/Vidéo)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Knesset le 3 mars 2025 (Crédit : Capture d'écran/Vidéo)

S’exprimant lundi lors d’un débat dit des 40 signatures, que l’opposition peut convoquer une fois par mois, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a défendu à la Knesset sa gestion des négociations avec le Hamas, répondu aux critiques sur l’accord de cessez-le-feu et a encore refusé la création d’une commission d’enquête d’État sur les erreurs du 7 octobre alors que les gardes de la Knesset ont utilisé la force pour empêcher des familles d’otages et d’autres victimes du pogrom d’entrer dans la galerie des visiteurs lors de la séance plénière pour le moins houleuse.

Après avoir demandé au président de la Knesset, Amir Ohana, de ne pas faire évacuer les personnes présentes dans la galerie des visiteurs, Netanyahu a nié qu’Israël avait violé l’accord de cessez-le-feu conclu avec le groupe terroriste palestinien du Hamas.

« Selon la lettre annexe qui accompagnait l’accord signé par la précédente administration [américaine], soutenue par l’administration Trump, nous avons le droit à tout moment, à partir du 42e jour, d’interrompre les négociations et de reprendre les combats si nous estimons que les pourparlers n’aboutissent à rien », a-t-il expliqué.

Netanyahu a dit partager l’avis de l’envoyé spécial américain Steve Witkoff, qui estime que les positions des deux parties sont trop éloignées pour entamer une deuxième phase, un état de faits ce qui pourrait compromettre l’ensemble des négociations. « Une proposition est sur la table. Nous n’avons pas renoncé à l’accord, nous ne violons pas l’accord, mais nous ne reprendrons pas immédiatement les hostilités », a-t-il indiqué.

« Qui sait, nous pourrions y être contraints », a-t-il ajouté. « [Witkoff] a proposé une solution qui prévoit la libération de tous les otages, en deux étapes. » L’administration Trump n’a pas confirmé que cette proposition avait été suggérée par l’envoyé spécial.

S’adressant directement au Hamas, Netanyahu l’a averti que si « vous ne libérez pas nos otages, il y aura des conséquences que même vous ne pouvez imaginer. »

Le Premier ministre a ensuite longuement évoqué sa décision d’autoriser l’opération dite des « bipeurs » contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, expliquant que cette méthode reflétait la ligne de conduite de son gouvernement : « Agir pour le bien du pays, au bon moment et au bon endroit. »

Il a également qualifié de « courageux et novateur » le projet du président américain Donald Trump visant à encourager l’émigration de Gaza.

« Nous devons le soutenir, et nous le soutenons pleinement », a-t-il déclaré, affirmant que des dizaines de milliers de Gazaouis fortunés avaient déjà réussi à fuir Gaza en soudoyant leurs passeurs. « Il est temps de leur offrir la liberté de partir. Il est temps de leur donner la liberté de choisir. »

Évoquant la Syrie, Netanyahu a ajouté qu’Israël tendait la main aux Druzes et aux Kurdes.

Les familles endeuillées tournent le dos à Netanyahu, à la Knesset, à Jérusalem, le 3 mars, 2025 (Crédit : Capture d’écran / X ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Quant à l’Iran, il a réaffirmé qu’Israël poursuivra sans relâche ses efforts pour empêcher la République islamique d’obtenir l’arme nucléaire.

Netanyahu a ajouté qu’Israël se préparait « aux prochaines étapes » de la guerre des sept fronts. « Nous n’arrêterons pas tant que tous les objectifs de la victoire n’auront pas été atteints », a-t-il promis, alors que plusieurs députés de l’opposition l’interrompaient en criant, avant d’être expulsés par Amir Ohana.

Dans la galerie des visiteurs, des manifestants ont eux brandi des photos d’otages et exprimé leur colère.

Netanyahu a également rappelé qu’après la première libération d’otages, en novembre 2023 — au cours de laquelle, selon lui, il avait obtenu la libération de plusieurs dizaines d’otages supplémentaires par rapport à ce que le Hamas était initialement prêt à concéder — c’est le groupe terroriste qui a systématiquement refusé tout nouvel accord.

Il a souligné que de hauts responsables de l’administration Biden avaient eux-mêmes reconnu publiquement ce blocage, avant de fustiger l’opposition, l’équipe de négociation et certains médias pour ce qu’il a appelé une « campagne fictive et cynique, menée sur le dos des familles d’otages », et qui accuse son gouvernement de faire obstruction à un nouvel accord.

« Que croyez-vous qu’il se passe dans la tête des familles d’otages lorsqu’elles vous entendent ? Vous êtes tout simplement en train de briser leur âme », a-t-il estimé.

Interrompu à plusieurs reprises par des membres de l’opposition, Netanyahu a déclaré avec pugnacité que, tandis qu’Israël combat ses ennemis, il doit faire face à ceux qui « forent des trous dans le navire national ».

Il a déclaré que tout le monde avait entendu les « mensonges » autour de l’opération des bipeurs contre le Hezbollah, de l’invasion terrestre de Rafah et de l’assassinat de l’ex-chef du Hezbollah Hassan Nasrallah – que ceux qui ont approuvé les opérations étaient indécis et hésitants.

Abordant la question d’une enquête d’État sur le 7 octobre, pour laquelle la session a été convoquée, Netanyahu a déclaré qu’il était « important et crucial d’enquêter en profondeur sur les événements du 7 octobre et sur ce qui y a conduit. Jusqu’au dernier détail ».

« Mais », a-t-il insisté, « cette enquête doit gagner la confiance de la nation, ou de l’écrasante majorité de la nation ».

Devenant littéralement rouge et hurlant dans le micro, il a appelé à une « enquête objective, équilibrée et indépendante… pas à une commission dont les conclusions sont prédéterminées ».

« Que pensez-vous ? Nous sommes des enfants ? » a-t-il crié, tout en fustigeant l’idée d’une commission d’État nommée par la Haute Cour, qui, selon lui, mènerait de facto une enquête partisane. « Que nous ne comprenions pas ? Que vous dites le mot ‘commission d’État’ et que cela en fait une d’office ? »

« Le public exige la vérité. Nous exigeons la vérité », a-t-il dit en frappant du poing sur la tribune. « Nous voulons une commission qui enquêtera sur tout, tout, sans exception. »

Netanyahu a ensuite évoqué sa demande d’une enquête sur les fuites provenant des réunions du cabinet et des sessions confidentielles de la Knesset, en particulier sur le député Gilad Kariv (Les Démocrates), qui a été expulsé du plénum au début de son discours. Netanyahu a également réclamé une enquête sur le chef du parti Les Démocrates Yair Golan, pour ses appels ostensibles au refus d’effectuer le service militaire alors que le gouvernement Netanyahu cherche à faire exempter les recrues ultra-orthodoxes.

« Rien de tout cela ne fait l’objet d’une enquête », a-t-il affirmé, alléguant encore une fois que les médias et les bureaucrates étaient de mèche pour mener des enquêtes jugées sans fondement sur le Premier ministre et ses alliés. « C’est une parodie et une grave atteinte à la démocratie. »

Selon Netanyahu, il y aurait eu une série de scandales « sans fondement » – des allégations de protocoles de réunions modifiés dans son bureau, des menaces contre des témoins, une visite inventée à Tulkarem, ainsi que des mensonges sur sa femme, son fils Yair et sa santé.

« Ma santé est bonne », a-t-il précisé, admettant toutefois ne pas être au meilleur de sa forme après avoir récemment subi une ablation de la prostate.

L’ancien Premier ministre Ehud Barak prenant la parole lors d’une manifestation contre la refonte judiciaire prévue par le gouvernement, à Tel Aviv, le 25 février 2023. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Netanyahu a ensuite évoqué le défunt financier américain et agresseur sexuel d’enfants Jeffrey Epstein, en se demandant pourquoi l’ex-Premier ministre Ehud Barak, qui l’a rencontré des dizaines de fois, est toujours invité à la télévision en Israël sans être interrogé sur le scandale.

Netanyahu a fustigé les médias pour ce qu’il a appelé une « coopération totale avec l’État profond ».

Selon Netanyahu, la majorité de la population souhaite une victoire totale, « mais vous, je le dis avec regret, vous qui êtes impliqués dans des incitations à la division 24 heures sur 24, et qui dites des choses terribles à notre sujet, que nous abandonnons intentionnellement les otages, que nous les envoyons dans leurs tombes… vous nous accusez de provoquer la division ? Quelle hypocrisie ! »

« Plus vous devenez désespérés, plus vous créez des incendies, plus de scandales », a-t-il déclaré, ajoutant que « cela ne fonctionnera pas. La nation n’est pas stupide. »

« La coopération entre la bureaucratie de l’État profond et les médias n’a pas fonctionné aux États-Unis, et elle ne fonctionnera pas ici », a-t-il renchéri, un message qui ne manquera pas de plaire au président américain Donald Trump.

Netanyahu s’est dit ne pas être découragé par les scandales « fabriqués » et les chasses aux sorcières. « La vérité et la justice gagneront », a-t-il crié.

En réponse à ce discours, le chef de l’opposition Yair Lapid a déclaré au Premier ministre : « La plus grande catastrophe qui soit arrivée au peuple juif depuis la Shoah vous appartient. Elle vous appartiendra toujours. »

« Aucun gouvernement ici n’a eu autant de raisons de demander pardon. »

« Un pays entier souffre, est anxieux, en colère, abandonné par un gouvernement qui n’assume aucune responsabilité. Demandez-lui pardon », a-t-il exhorté.

Lapid a également critiqué Netanyahu pour avoir perdu son sang-froid alors qu’il était hué pendant sa diatribe.

« Premier ministre, vous m’avez donné un jour un bon conseil : ne perdez jamais votre sang-froid à la tribune. Je propose de vous donner ce conseil. Ce n’était pas une prestation facile à regarder », a-t-il commenté.

« Je pense aux familles assises ici et aux soldats de l’armée qui voient un Premier ministre perdre son sang-froid à la tribune. Pourquoi ? Parce qu’ils ont eu une matinée difficile au tribunal ? [Netanyahu fait face à plusieurs procès et il témoigne chaque semaine au tribunal depuis décembre] Ce n’est pas bon pour un Premier ministre israélien de perdre son sang-froid à la tribune en temps de guerre. »

Le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar dirige une réunion de son parti Tikva Hadasha à la Knesset, le 17 février 2025. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Après que le Premier ministre a rejeté la création d’une commission d’enquête d’État sur les événements du 7 octobre, le parti Tikva Hadasha du ministre des Affaires étrangères Gideon Saar a lui réitéré son soutien à une telle enquête.

Dans un communiqué, le parti de droite a affirmé qu’une commission d’enquête d’État est « l’outil adéquat pour enquêter sur les événements du 7 octobre et sur ce qui y a conduit ».

Lors d’une récente réunion du cabinet sur le sujet, Saar aurait proposé de modifier la loi pour permettre au gouvernement de nommer le chef d’une commission d’enquête d’État parmi les présidents et vice-présidents actuels et anciens de la Cour suprême.

Saar a fait valoir que cela préserverait l’indépendance de la commission par rapport au gouvernement, tout en augmentant la flexibilité en termes de ceux qui dirigent l’enquête, « ce qui augmentera la confiance du grand public dans la commission qui sera établie ».

Les commissions d’enquête d’État sont nommées par le président de la Cour suprême et généralement dirigées par un juge de la Cour suprême à la retraite. Esther Hayut pourrait être un choix potentiel pour ce rôle, étant donné qu’elle vient de terminer son mandat de présidente de la Cour suprême. Cependant, Netanyahu serait farouchement opposé à sa nomination, compte tenu de ses critiques virulentes à l’égard des efforts de son gouvernement pour réformer en profondeur le système judiciaire en 2023.

La semaine dernière, le député Ariel Kallner (Likud) a présenté une proposition de création d’un organe d’enquête alternatif dont les membres seraient nommés par la Knesset. Les critiques affirment que cela politiserait l’organe d’enquête.

Le député du Likud Ariel Kallner s’exprime lors d’une manifestation de soutien au Premier ministre Benjamin Netanyahu à Jérusalem, le 21 juillet 2024. (Crédit : Chaim Goldberg/Flash90)

L’ancien Premier ministre Naftali Bennett a aussi vivement critiqué le Premier ministre, lui conseillant de « rentrer chez lui », après la séance tumultueuse à la Knesset.

« Ce soir, nous avons été témoins d’une déconnexion totale de la part du gouvernement désastreux de Netanyahu », a-t-il déclaré dans un communiqué.

« Un gouvernement qui ne respecte pas ses morts n’est pas digne de ce peuple. Baissez les yeux, assumez vos responsabilités. Le gouvernement du ‘Hamas est un atout’, le gouvernement de la faiblesse et de la fuite des responsabilités – hors de la vue de notre nation de lions et, pour l’amour de Dieu, rentrez chez vous. »

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