Retour sur la première conférence anti-BDS organisée par Israël à l’ONU
L'envoyé israélien affirme que le mouvement représente « l'antisémitisme moderne » ; Ron Lauder promet de combattre le BDS
NATIONS UNIES – Plus de 2 000 personnes ont assisté mardi à la première conférence organisée à l’Assemblée générale de l’ONU visant à lutter contre le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Cette conférence est le plus grand rassemblement organisé à ce jour portant sur la lutte contre la tentative de faire pression sur Israël en raison de ce qui est perçu comme étant le mauvais traitement des Palestiniens.
Des étudiants, des militants, des dignitaires, des juristes et des représentants des organisations juives ont pris part au sommet « Construire des ponts, pas des boycotts », qui a duré une journée, qui a été organisé en partenariat entre la Mission d’Israël auprès de l’ONU et une douzaine d’organisations pro-israéliennes, dont le Congrès juif mondial, l’Anti-Defamation League (ADL), l’Organisation sioniste d’Amérique, StandWithUs, B’nai Brith International, Hillel et CAMERA.
Parmi ceux qui se sont adressés aux participants à l’Assemblée générale, il y avait le juge Elyakim Rubinstein, le vice-président de la Cour suprême israélienne, Jay Sekulow, le conseiller juridique du Centre américain pour le droit et Ronald Lauder, le président du Congrès juif mondial. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est adressé aux participants à la séance d’ouverture par transmission vidéo.
Le chanteur juif américain et l’auteur-compositeur Matisyahu – qui a fait l’objet d’une tentative des membres du BDS militants de l’empêcher de se produire en 2015 lors d’un festival en Espagne en raison de son soutien à Israël – a également présenté un discours. Il a plus tard entonné son hit « Jérusalem » sous les acclamations et les applaudissements des participants.
Dans son discours d’ouverture, l’ambassadeur israélien, Danny Danon, à l’ONU a déclaré que le phénomène BDS équivalait à un « antisémitisme moderne », et que ceux qui voulaient le combattre « doivent s’unir pour révéler son vrai visage et mettre un terme à son idéologie de haine et de mensonges ».
« Ici, depuis le parlement des Nations unies, nous nous engageons à lutter contre le BDS dans les campus, dans les tribunaux et dans les couloirs de l’ONU. Nous ne permettrons pas aux forces de la haine de diaboliser Israël. Ensemble, nous allons vaincre le BDS », a déclaré Danon.
Parlant au Times of Israël, Danon a expliqué que l’impulsion pour organiser cette conférence est venue suite au vote du le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies en mars pour créer une « liste noire » des entreprises opérant en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et sur les hauteurs du Golan, une motion adoptée par 32 pays qui ont voté en sa faveur et aucun pays contre.
Danon a décidé qu’il était temps d’amener la lutte contre le BDS dans l’enceinte de l’Organisation des Nations unies.
« Pour moi, c’était une ligne rouge. Le BDS est non seulement dans les campus. Maintenant, nous voyons le BDS entrer dans les couloirs de l’ONU », a dénoncé Danon au Times of Israël mardi. « Ceci est le type exact de haine contre laquelle l’ONU a été fondée pour l’éradiquer. Aujourd’hui cette même organisation finance une liste noire des sociétés et des entreprises juives. Pour moi, cela est scandaleux et décevant. Nous devons le combattre ».
Ron Lauder, le président du Congrès juif mondial, a déclaré que le Congrès juif mondial « engagerait toutes nos ressources et toutes nos capacités pour aider à combattre le BDS ».
Lauder a critiqué le mouvement, en disant qu’il ne soutenait pas vraiment le peuple palestinien.
« Cela est strictement une campagne de délégitimation d’Israël, ce qui est tout simplement la dernière tentative de nier au peuple juif le droit à l’autodétermination. Toutes les autres personnes sur terre ont ce droit mais le BDS veut nier ce droit fondamental aux juifs », a-t-il affirmé.
« Je comprends en fait le pouvoir du BDS. C’est un mouvement politique qui vous fait penser que vous vous tenez debout contre la tyrannie ; surtout quand vous êtes rejoints par des célébrités, des stars du rock, ou vos professeurs préférés, mais je me demande si tous ces gens qui soutiennent le BDS ont la moindre compréhension de ce que ce mouvement signifie vraiment », a ajouté Lauder. « Ces militants appellent à la destruction de l’Etat d’Israël. Ne vous y trompez pas ».
Rubinstein a promis que le mouvement sera vaincu.
« Comme nous le disons à chaque Pessah, ‘à chaque génération, ils se lèvent contre nous pour nous détruire’. Le mouvement BDS est le dernier groupe qui veut nous détruire. Ils ne réussiront pas dans leur mission. Tout comme nous avons vaincu le boycott arabe, nous allons vaincre le BDS et ce mouvement sera jeté dans la poubelle de l’Histoire », a-t-il clamé.
Deux ateliers parallèles ont suivi la session plénière, « La lutte contre le BDS dans le campus » et « Les aspects juridiques des boycotts et de la dé-légitimisation ».
« Le [mouvement] BDS utilise ‘une guerre des lois’ », a expliqué Sekulow du Centre américain pour le droit. « Ils utilisent le système juridique pour délégitimer. Eh bien, nous utilisons la loi pour les combattre. La loi est de notre côté ».
Selon Sekulow, les initiatives BDS enfreignent souvent les lois américaines contre la discrimination ainsi que les politiques universitaires. Il a cité les victoires juridiques contre le BDS dans plusieurs universités, dont l’université de Chicago Loyola, l’université du Texas, l’université du Michigan, de l’UCLA et de l’université de New York, CUNY.
Beaucoup d’étudiants participant à la conférence ont indiqué qu’ils ont été frappés par la façon dont la loi peut être utilisée pour lutter contre le BDS.
« Les campus peuvent être leurs propres mondes et je pense que la conférence est en train de faire un excellent travail pour montrer ce qui peut être fait pour lutter contre le BDS au-delà du campus », a déclaré Yael Smolar, un étudiant en commerce à l’université Binghamton à New York.
Jonathan Greenblatt, le directeur général de l’Anti-Defamation League, a convenu qu’une action en justice pourrait être utile mais il a insisté sur le fait qu’il n’y avait pas de « solution miracle » contre le BDS.
« Il existe une variété de façons dont nous pouvons lutter contre le BDS et nous devons être prêts à utiliser de nombreux outils. Différentes initiatives sont nécessaires pour les différentes situations », a-t-il ajouté.
Certaines de ces idées et initiatives ont été incluses dans les outils proposés aux « ambassadeurs contre le BDS » remis aux participants. Le kit faisait partie d’un effort pour mobiliser la communauté et de montrer un front uni, a déclaré Shahar Azani, le directeur général de la branche du nord-est de StandWithUs.
Au cours de la session sur les activités BDS dans les campus, les étudiants ont écouté des suggestions sur la façon de lutter contre la semaine contre l’apartheid israélien, un événement annuel qui a lieu au printemps, qui inclut des murs et les points de contrôle « de l’apartheid ». Les idées ont inclus la tenue d’une Semaine d’Israël sur leur campus, une journée d’informations sur Israël, et le renforcement des relations avec les groupes sur le campus.
Pour le professeur Asher J. Matathias, la situation sur les campus universitaires est particulièrement alarmante.
« Je suis un survivant de l’Holocauste. Ceci est très personnel pour moi », a déclaré Matathias, un professeur de sciences sociales à l’université St. Johns en Jamaïque, NY. « Le peuple américain doit être informé de ce qui se passe sur les campus. C’est atroce ».
Cela a été une semaine importante pour les événements des anti-BDS à travers la ville.
Jeudi, l’Organisation sioniste mondiale et le Mouvement sioniste américain accueillera la conférence « BDS – Le nouvel antisémitisme ? Faire face à une campagne mondiale ». Une délégation spéciale des maires et des maires adjoints d’Israël devraient participer au programme.
L’événement organisé à l’ONU a eu lieu une semaine après que le bureau du contrôleur de l’Etat en Israël a publié un rapport cinglant faisant de vifs reproches au ministère des Affaires étrangères l’accusant de ne pas avoir une stratégie cohérente pour lutter contre le BDS. Le bureau a exhorté le ministère des Affaires étrangères d’allouer plus de ses budgets pour les efforts diplomatiques.
En 2015, le ministère a dépensé 132 millions de shekels pour la diplomatie, l’aide au développement et la diplomatie publique. Comparativement, le ministère a déboursé 1,65 milliards de shekels pour la sécurité des missions à l’étranger.