Retour sur les rassemblements pour les droits des LGBT en Israël
Des manifestations ont eu lieu à Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa et Beer Sheva après que les célébrations annuelles ont été supprimées en raison de la pandémie
Des milliers d’Israéliens ont participé dimanche soir à des rassemblements de protestation pour les droits des LGBT dans quatre grandes villes du pays, en lieu et place des marches annuelles des fiertés qui ont été annulées cette année en raison du coronavirus.
Les événements, qui se sont déroulés sous haute sécurité, ont été ponctués de petites contre-manifestations d’extrême droite et d’extrême gauche. Des dizaines de militants d’extrême droite soupçonnés d’avoir prévu de perturber la manifestation de Jérusalem ont été arrêtés par la police plus tôt dimanche.
Les rassemblements de Jérusalem, Tel Aviv, Haïfa et Beer Sheva ont représenté le point culminant de ce mois de la Fierté qui ont été organisées par l’association Aguda pour l’égalité des LGBTQ en Israël sous le thème « La révolution n’est pas encore terminée ».
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Ce message a été mis en évidence à chacun des rassemblements, où les intervenants ont déploré l’incapacité des hommes célibataires et des couples homosexuels à recourir aux mères porteuses pour avoir des enfants. Plus tôt dimanche, les ministres ont opposé leur veto à une proposition du député de l’opposition Idan Roll (Kakhol lavan) visant à inverser cette politique.
En février, la Haute Cour de justice avait annulé la loi controversée qui bloque cette pratique en donnant un an à la Knesset pour adopter une nouvelle loi.
Des militants d’extrême droite arrêtés avant le rassemblement à Jérusalem
La manifestation de Jérusalem a été précédée par l’arrestation de militants anti-gays et par une prise de bec entre les organisateurs et la municipalité pour avoir accroché des drapeaux de la Fierté dans toute la ville pour marquer l’occasion.
Dans une publication sur Facebook quelques heures avant la manifestation, le Centre d’action religieuse d’Israël a accusé les autorités de revenir sur leur accord de hisser des dizaines de drapeaux arc-en-ciel à travers Jérusalem, comme cela se fait chaque année dans les villes du pays. L’IRAC a déclaré que seuls cinq drapeaux avaient finalement été accrochés, dans « une autre tentative de la municipalité visant à faire taire et à effacer la communauté LGBT ».
Les événements du dimanche soir ont également marqué le cinquième anniversaire de la mort de Shira Banki, 16 ans, poignardée à mort lors d’une attaque meurtrière contre des participants à la marche des fiertés de Jérusalem par un extrémiste juif.
La date du 28 juin avait été choisie pour marquer le 50e anniversaire de la première Gay Pride qui s’est tenue en juin 1970 à New York.
La police a rapporté avoir autorisé 1 250 personnes à participer au rassemblement de Jérusalem, en invoquant les inquiétudes liées à la surpopulation dans le contexte de la pandémie.
L’entrée du rassemblement dans le parc de l’Indépendance au centre-ville de Jérusalem a été escortée par des centaines de policiers chargés de protéger l’événement, craignant que des manifestants d’extrême droite ne se faufilent et tentent de perturber le rassemblement.
Avant la manifestation, la police a publié une déclaration indiquant que les officiers avaient arrêté 27 personnes pour « comportement susceptible de nuire à la paix publique ».
« Tout simplement incroyable. Je viens de passer par la rue du Roi David à Jérusalem. Des officiers se tiennent au carrefour et arrêtent tous les Haredim pour les interroger. On fait signe à chaque laïc de passer sans qu’ils soient arrêtés ni interrogés », a tweeté Yair Netanyahu, le fils du Premier ministre.
À l’extérieur du parc, plusieurs dizaines de militants du groupe anti-assimilation Lehava se sont rassemblés pour s’opposer aux militants LGBT et à leurs alliés.
Trois membres du groupe Lehava ont été arrêtés aux premières heures de la journée de dimanche, car ils étaient soupçonnés d’avoir l’intention de perturber le rassemblement, et quatre autres ont été brièvement détenus peu avant le début de la manifestation.
Lehava avait l’intention d’infiltrer et de perturber l’événement, en publiant des instructions pour ses membres sur la façon de « ne pas se démarquer » tout en se glissant dans le rassemblement, selon un reportage de jeudi de la Douzième chaîne.
Lle rassemblement de dimanche à Jérusalem s’est terminé sans heurts.
L’événement de Jérusalem commémore l’assassinat de l’adolescente Shira Banki
Alors que la marche des fiertés de Jérusalem a longtemps présenté une atmosphère plus proche de celle d’une manifestation, avec des participants contraints de faire face aux railleries d’une poignée d’extrémistes de droite qui s’opposent à la tenue d’un tel rassemblement dans la ville sainte, l’événement de cette année dégageait une atmosphère intense particulièrement palpable.
Les manifestants étaient assis sur l’herbe du parc de l’Indépendance et écoutaient les orateurs, parmi lesquels les parents de Shira Banki. Le rassemblement a commencé par un moment de silence à la mémoire de l’adolescente.
עצרת הגאווה בירושלים: דקת דומייה לזכרה של שירה בנקי ז »ל pic.twitter.com/VD6dH6YkLP
— אהרן רבינוביץ (@AronRabino1) 28 juin 2020
« Ce soir, nous faisons preuve de tolérance pour tous les genres et tendances sexuelles, contre la violence, le silence, l’exclusion », a déclaré Alon Shachar, directeur exécutif de l’Open House for Pride and Tolerance de Jérusalem, organisateur de l’événement.
« Dans une ville où le nouveau maire adjoint cherche toutes les occasions de nuire à notre existence et d’affaiblir les efforts visant à créer une société tolérante, à multiples facettes et maîtrisée, nous ne devons pas rester silencieux et nous devons résister », a-t-il ajouté, en évoquant le maire adjoint d’extrême droite Arieh King, qui a envoyé des inspecteurs couvrir une bannière arc-en-ciel à l’unité des affaires palestiniennes de l’ambassade américaine, rue Agron, au centre de Jérusalem, la semaine dernière.
Cette décision a suscité un gros mécontentement de la part des responsables américains, et a continué à susciter des protestations mercredi, un responsable la qualifiant de violation de la souveraineté américaine, tout cela « alors que l’ambassadeur Friedman se bat aux États-Unis pour l’annexion ».
Rena Noldman, une jeune fille transsexuelle de 9 ans, accompagnée de ses parents, a également pris la parole lors du rassemblement de Jérusalem. « Je veux dire à ceux qui pensent qu’être un individu LGBT n’est pas bon ou bizarre : tout semble bizarre et étrange de l’autre côté. Ce n’est pas gênant d’être une personne LGBT. Ce n’est pas une mauvaise chose d’être différent parce que nous sommes tous différents les uns des autres d’une certaine manière », a-t-elle déclaré sous les acclamations.
עכשיו על הבמה בעצרת הגאווה בירושלים – רינה ילדה טרנסג’נדרית בת 9 pic.twitter.com/fHJbALDZRi
— יובל שגב | Yuval Segev (@Segev_Yuval) 28 juin 2020
Peu après le début des présentations, un groupe de quatre militants d’extrême gauche qui ont réussi à pénétrer dans l’enceinte du parc s’est levé avec des pancartes accusant les autres manifestants de « pinkwashing » et d’ignorer le sort des Palestiniens.
L’une d’entre elles criant dans un mégaphone, les jeunes femmes ont scandé : « Vous n’avez pas honte. Il n’y a pas de fierté dans une ville sainte » et « De Jérusalem à Hébron, les homosexuels veulent l’égalité » – deux slogans qui riment en hébreu. Une poignée de panneaux similaires ont également été repérés lors du rassemblement de Tel-Aviv.
A la fin des discours, l’atmosphère du parc de l’Indépendance s’est animée avec des performances musicales du rappeur E-Z, du DJ Dalit Rechester et des chanteurs Riki Ben Ari et Chen Aharon. Soucieux de maintenir une distance physique, les participants ont dansé à part sur l’herbe.
À Tel-Aviv, un nombre similaire de manifestants se sont rassemblés sur la place Rabin, bien que les organisateurs aient été obligés de rappeler fréquemment aux personnes présentes de maintenir les directives de distanciation, car une foule compacte a été repérée près de la scène. Néanmoins, la scène était bien plus apprivoisée que la marche annuelle des fiertés de la cité balnéaire, qui attire bien plus de 100 000 personnes, dont des milliers du monde entier.
S’adressant au rassemblement, le maire de Tel-Aviv, Ron Huldai, a déclaré : « Cette année, nous ne défilerons pas et notre marche qui a coloré la ville au cours des deux dernières décennies est remplacé par un rassemblement de protestation plus modeste en raison du coronavirus, mais cela ne change rien à notre engagement [en faveur de l’égalité des LGBT] ».
Ron Huldai s’est vanté que sa municipalité avait annoncé la semaine dernière qu’elle autoriserait les couples en cohabitation à enregistrer leur relation et à jouir des droits conjugaux, pour protester contre le refus du gouvernement de reconnaître les couples homosexuels ou ceux qui ne sont pas mariés sous l’autorité religieuse de l’État.
La manifestation de Tel-Aviv a atteint son apogée avec les performances du duo de stars Static et Ben El Tavori, ainsi que de Dana International, lauréate de l’Eurovision, qui est monté sur scène avec un grand masque transparent.
דנה אינטרנשונל וילדות וילדים ממשפחות גאות באירוע הגאווה המרכזי בתל אביב pic.twitter.com/oWttvFCKoL
— תמר זנדברג (@tamarzandberg) 28 juin 2020
Six députés ouvertement homosexuels siègent au Parlement, un record pour un pays considéré comme l’un des pionniers en matière de droits LGBT mais où l’homosexualité reste un tabou dans les milieux religieux.
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