Israël en guerre - Jour 572

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Sauvetage d’objets de vaisselle vieux de 2 000 ans à la frontière libanaise

On ne sait pas pourquoi des anciens résidents juifs ont habité au-dessus d’un vide de 30 mètres. Mais ce n’était pas des vacanciers, assurent les chercheurs

Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

Dr. Danny Syon, de l'Autorité des antiquités israéliennes (à droite), et Dr. Yinon Shivtiel, du Zefat Academic College, dans la grotte frontalière au Liban le 29 juin 2018. (Crédit : Omri Gester)
Dr. Danny Syon, de l'Autorité des antiquités israéliennes (à droite), et Dr. Yinon Shivtiel, du Zefat Academic College, dans la grotte frontalière au Liban le 29 juin 2018. (Crédit : Omri Gester)

Vendredi, des soldats de Tsahal menaient une manœuvre audacieuse de descente en rappel le long de la frontière libanaise. La mission – sauver des objets de vaisselle intacts datant d’il y a plus de 2 000 ans – s’est conclue par un succès.

Dans une brève vidéo de l’opération de sauvetage, on peut voir les hommes suspendus dans le vide, attachés à une double corde fixée 30 mètres plus haut dans une falaise à pic. Ils descendent la surface rocheuse et en atteignent l’entrée de la grotte. Leur physionomie légère parvient à peine à se faufiler pour pénétrer dans la grotte et sauver son précieux contenu.

Les objets sont descendus 30 mètres plus bas à l’aide des cordes. Les découvertes fragiles, comprenant deux amphores de vin intactes, plusieurs jars de stockage, un pot de cuisine, et deux récipients sont enveloppés dans du papier bulle et descendus dans un sacs renforcés au cours d’une opération complexe organisée conjointement par le Collège Académique Zefat, l’Autorité des Antiquités d’Israël (IAA), le Centre de Recherche des Grottes d’Israël et le Club des Explorateurs de Grottes d’Israël.

« J’ai croisé les doigts à chaque fois » qu’un objet était descendu, a déclaré au Times of Israël, le Dr. Danny Syon, archéologue expérimenté de l’IAA.

Ce n’était pas un petit exploit, surtout si l’on considère que les responsables de cette fouille de grotte de falaise, Syon et le Dr Yinon Shivtiel du Collège Académique Zefat, sont tous les deux dans leur soixantaine. Syon, âgé de 64 ans, était instructeur de descente en rappel il y a 45 ans, a-t-il dit au Times of Israël. « Certaines choses sont comme faire du vélo », a déclaré Syon.

Dans la grotte de la falaise à la frontière du Liban le 29 juin 2018. (Crédit : Omri Gester)

A l’intérieur de la petite grotte, de 3 mètres sur 1,5 mètre, l’équipe a trouvé une grande variété d’objets de toutes les tailles, de larges ustensiles de cuisine tout comme des conteneurs de vin, qui occupaient tout l’espace au sol. « Au début, je devais faire des acrobaties pour ne pas marcher sur les trouvailles », a dit Syon en riant.

Shivtiel, âgé de 67 ans, a déclaré au Times of Israël avoir découvert la grotte en 2017 parmi environ 25 autres naturelles cachées dans une falaise et a vu qu’il y avait quelque chose de caché à l’intérieur. En partenariat avec l’Autorité de la Nature et des Parcs d’Israël, le spéléologue réalisait alors une enquête en Galilée occidentale pour situer les grottes qui servaient d’abris ou de lieux de cache.

Shivtiel a invité Syon à co-diriger l’expédition de fouille en altitude, qui a été menée le 29 juin à la suite d’un premier repérage la semaine précédente.

Quelques trouvailles de la grotte de la falaise à la frontière du Liban le 29 juin 2018. (Crédit : Yinon Shivtiel)

Après avoir extrait avec précaution les objets, l’équipe a descendu le sol rocheux de la grotte, a déclaré Syon, et passé au peigne fin la poussière et toutes les saletés pour ne rien laisser de côté.

« Je peux dire tranquillement que nous avons vu tout ce qui se trouvait dans la grotte », a-t-il dit.

Les objets de poterie, a expliqué Syon, étaient très courants dans la période hellénistique, entre les 3ème et 1er siècles avant l’ère chrétienne. On peut en trouver en Galilée et partout en Israël dans tous les types d’implantations. Pourtant, le fait que la localisation de cette grotte soit relativement proche de la côte, a-t-il souligné, indique peut-être une provenance phénicienne, mais il ne connaît pas actuellement de colonie phénicienne à proximité de la grotte.

Comprendre pourquoi des gens habitaient dans ces grottes éloignées et mettaient ainsi leurs vies en danger reste un mystère.

« Si l’on prend en compte la présence d’instruments de vaisselles, il semble que ceux qui les ont amenés prévoyaient de vivre dans cet endroit pour un certain temps… C’est une véritable énigme de savoir comment la vaisselle a été transportée dans la grotte, qui est extrêmement difficile d’accès. Peut-être qu’une façon plus simple d’y accéder existait à l’époque et a disparu au fil du temps », a déclaré Syon dans un communiqué de presse de l’AAI.

« Une fois que j’aurais pu peaufiner les datations, je pourrais peut-être proposer une explication du pourquoi ils auraient voulu se cacher dans une petit grotte. En période de danger, les gens trouvent refuge dans des lieux éloignés. Cela a certainement à faire avec l’une des nombreuses guerres et autres événements horribles qui avaient lieu pendant la période héllénistique », a déclaré Syon au Times of Israël.

Shivtiel, qui a supervisé beaucoup des fouilles de grottes en Galilée au cours des 30 dernières années, a déclaré que, selon son expérience, « les gens qui vont dans une grotte aussi dangereuse sont en situation de stress. Ils devaient se cacher pour vivre », a-t-il dit. Ces gens n’allaient pas en vacances, a-t-il plaisanté. « Tous les équipements que nous avons trouvés dans la grotte étaient pour la survie », a précisé Shivtiel.

Quelques trouvailles de la grotte de la falaise à la frontière du Liban le 29 juin 2018. (Crédit : Yinon Shivtiel)

Dans la communiqué de presse de l’IAA, Shivtiel a déclaré que l’opération de sauvetage était « l’opération la plus complexe à laquelle il a participé dans le cadre de l’Enquête des Grottes de Refuge que je conduis depuis 20 ans. La coopération entre le Collège Académique Zefat, l’Autorité des Antiquités d’Israël et le Centre de Recherche des Grottes d’Israël a encore prouvé qu’elle fonctionnait parfaitement ».

Du fait que la grotte, dont la localisation exacte n’a pas été précisée, se situait le long de la frontière libanaise, Shivtiel a dit qu’il y a eu une coopération étroite avec l’armée israélienne, qui protégeait les chercheurs.

Les poteries sont maintenant dans les laboratoires d’Akko de l’IAA, elles attendent d’être analysées plus en détail. Certaines de vaisselles ont des restes organiques. Syon a dit que l’équipe espère mener une datation au carbone 14, tout comme une analyse des résidus, « une nouvelle technique pour échantillonner ce qui se trouvait au fond des conteneurs ».

Et cette aventure à pic de falaise devait forcément se conclure par un « A suivre ».

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