Shoah : le pouvoir hongrois regrette le boycott d’une organisation juive
Désaccords sur l'historiographie de la période nazie vécue en Hongrie
Le gouvernement hongrois a dit lundi regretter le boycott des commémorations de l’Holocauste par la principale organisation juive Mazsihisz, qui accuse le pouvoir en place de vouloir minimiser le rôle du pays dans la Shoah.
« Nous regrettons que le Mazsihisz ait décidé de ne pas participer au programme du gouvernement prévu à l’occasion de l’année commémorative de l’Holocauste », a déclaré le ministre en charge notamment de la Culture et de l’Education, Zoltan Balog, dans une interview donnée à l’agence de presse MTI.
Ces commémorations doivent marquer le 70ème anniversaire de la déportation des Juifs vers les camps de concentration en 1944.
« Les questions soulevées par Mazsihisz demandent notre attention, mais le boycott et le refus du dialogue ne mènent pas loin », a critiqué le ministre.
La veille, Mazsihisz avait annoncé sa décision de ne pas participer aux commémorations, accusant le Premier ministre conservateur Viktor Orban de minimiser le rôle de la Hongrie dans les déportations, qui ont abouti à la mort de quelque 600 000 juifs de Hongrie, dont 450 000 pendant l’occupation nazie, du 19 mars 1944 au printemps 1945.
La colère de l’organisation s’est cristallisée sur un projet de monument symbolisant l’invasion de la Hongrie par l’Allemagne nazie en 1944, et dédié à toutes les victimes de l’occupation, y compris les Juifs. Pour les associations juives et de nombreux historiens, cela revient à mettre sur le même plan les souffrances des Hongrois causées par l’Occupation et l’Holocauste.
Elle reproche aussi au gouvernement de détourner l’attention du rôle joué par la Hongrie, alliée de la première heure de l’Allemagne hitlérienne, dans les déportations avant 1944.
Sandor Szakaly, un historien proche du gouvernement, avait récemment qualifié de « procédure administrative pour expulser des étrangers » les déportations de Juifs hongrois en 1941 sous le régime de Miklos Horthy.
« En ce qui concerne la responsabilité, le point de vue hongrois n’a pas changé depuis 1990 : l’Etat hongrois possède une responsabilité incontestable dans la déportation et le meurtre des juifs hongrois. La responsabilité de l’Etat allemand est aussi incontestable, les deux sont responsables à 100% », a expliqué M. Balog.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2010, le gouvernement Orban est accusé d’entretenir implicitement des sentiments antisémites. Au premier rang des reproches figurent la renaissance d’un culte voué à Miklos Horthy et l’introduction dans les programmes scolaires d’auteurs associés au nazisme.