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Sinwar fêté par des Palestiniens après la diffusion d’une vidéo de ses derniers instants

En écho à la description faite par le Hamas de la mort du chef terroriste, des Gazaouis se disent "fiers" de la façon dont il a tenté de repousser un drone avec un bâton juste avant que les soldats ne le tuent

Des images de drone du chef du Hamas Yahya Sinwar quelques instants avant qu'il ne soit tué par les troupes israéliennes, dans le quartier de Tel Sultan, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, tirées d'une vidéo diffusée le 17 octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne/AFP)
Des images de drone du chef du Hamas Yahya Sinwar quelques instants avant qu'il ne soit tué par les troupes israéliennes, dans le quartier de Tel Sultan, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, tirées d'une vidéo diffusée le 17 octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne/AFP)

Pour un père de famille de Gaza, la mort de Yahya Sinwar au combat, alors qu’il tentait de repousser un drone à l’aide d’un bâton, « c’est ainsi que meurent les héros ». Pour d’autres, c’est un exemple pour les générations futures – alors que certains déplorent le coût ruineux de la guerre que le chef du groupe terroriste du Hamas a déclenchée contre Israël.

Sinwar, le cerveau du pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre – le massacre qui avait été à l’origine de la guerre – a été tué mercredi par les forces israéliennes. Sa mort a été annoncée jeudi.

Une vidéo montre les dernières minutes de sa vie où il apparaît le visage masqué, blessé, assis dans un appartement détruit par les obus, essayant de lancer un bâton sur un drone qui est en train de le filmer. Des images qui ont entraîné un sentiment de fierté chez des Palestiniens.

« Il est mort en héros, en attaquant et non pas en tentant de fuir, serrant son fusil et s’engageant contre l’armée d’occupation sur la ligne de front », a estimé le Hamas dans un communiqué consacré au défunt.

Dans le même communiqué, le Hamas a promis que l’élimination de son dirigeant ne ferait que renforcer le groupe terroriste, ajoutant qu’il ne ferait pas de compromis sur les conditions nécessaires pour parvenir à un accord de cessez-le-feu avec Israël, un accord qui ouvrirait la porte à la remise en liberté des otages.

« Il est mort en portant une veste militaire, en se battant avec un fusil et des grenades, et lorsqu’il a été blessé et qu’il saignait, il s’est battu avec un bâton. C’est ainsi que meurent les héros », s’exclame Adel Rajab, 60 ans, père de deux enfants, qui vit à Gaza.

« J’ai regardé la vidéo à 30 reprises depuis hier soir, il n’y a pas de meilleure façon de mourir », estime Ali, un chauffeur de taxi de 30 ans. « Je ferai de cette vidéo un devoir quotidien pour mes fils et mes petits-fils à l’avenir », continue ce père de deux enfants.

Selon l’armée israélienne, Sinwar était en compagnie de deux autres terroristes lorsque les trois hommes ont été repérés, mercredi soir, dans le quartier Tel Sultan de Rafah. Les forces israéliennes ont alors ouvert le feu sur le trio, blessant les trois hommes armés. Deux d’entre eux se sont dirigés vers un bâtiment et le troisième, dont il est apparu plus tard qu’il s’agissait de Sinwar, est entré dans un autre immeuble, a indiqué l’armée. Les chars de l’armée israélienne ont alors ouvert le feu sur les deux bâtiments.

Sinwar est monté au deuxième étage. Un char a tiré un autre obus sur le bâtiment, et une section d’infanterie est montée pour fouiller les lieux. Sinwar a lancé deux grenades, dont l’une a explosé. Les soldats se sont retirés et un drone est venu fouiller la pièce. Il a filmé un homme blessé au bras et au visage couvert – Sinwar – qui a lancé le bâton en bois en direction du drone.

Sa mort survient un peu plus d’un an après le pogrom commis dans le sud d’Israël par le groupe terroriste, le 7 octobre 2023 – un massacre dont il avait été le cerveau. Ce jour-là, environ 3 000 terroristes palestiniens avaient franchi la frontière et ils avaient tué plus de 1 200 personnes, des civils en majorité, enlevant également 251 personnes qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza. Ils avaient semé la désolation dans toute la région, faisant notamment un carnage dans les communautés frontalières et dans un festival de musique électronique.

La guerre déclenchée par ce massacre a dévasté Gaza et tué plus de 42 000 Palestiniens, selon les chiffres invérifiables du ministère de la Santé, placé sous l’autorité du Hamas, des chiffres qui ne font pas de distinction entre civils et terroristes. Israël, de son côté, disait au mois d’août avoir tué environ 17 000 terroristes en plus d’un millier d’hommes armés qui avaient été abattus en Israël, le 7 octobre 2023. Israël souligne que son armée cherche à minimiser le nombre de victimes civiles et note que le Hamas utilise les civils de Gaza comme boucliers humains, en menant des opérations depuis des zones civiles – notamment depuis les maisons, les hôpitaux, les écoles et les mosquées.

Des soldats de l’armée israélienne transportant le corps de Yahya Sinwar sur une civière, en route vers Israël depuis Gaza, à Rafah, le 17 octobre 2024. (Crédit : Autorisation)

Les propos tenus par Sinwar lors de précédents discours – qui disait préférer mourir entre les mains d’Israël plutôt que d’une crise cardiaque ou d’un accident de voiture – ont été maintes fois partagés par les Palestiniens, sur Internet.

« Le meilleur cadeau que l’ennemi et l’occupation puissent m’offrir, c’est de m’assassiner et de faire de moi un martyr », avait-il encore déclaré.

Un outil de recrutement ?

Aujourd’hui, certains Palestiniens se demandent si Israël ne regrettera pas d’avoir permis que l’accomplissement de ce souhait soit diffusé, devenant un outil de recrutement potentiel pour une organisation que l’État juif a juré de détruire.

« Ils ont dit qu’il se cachait dans les tunnels. Ils ont dit qu’il gardait des prisonniers israéliens à ses côtés pour garder la vie sauve. Hier, nous avons vu qu’il chassait les soldats israéliens à Rafah où l’occupation mène des opérations depuis le mois de mai », indique Rasha, 42 ans, déplacée et mère de quatre enfants.

Il y a quelques semaines, l’armée israélienne avait trouvé l’ADN de Sinwar dans un tunnel de Rafah situé dans le même secteur – mais à quelques centaines de mètres – qu’un autre tunnel où six otages israéliens avaient été assassinés, à la fin du mois d’août. Tsahal n’avait toutefois pas été en mesure de déterminer avec certitude quand il s’y était trouvé.

« C’est ainsi que les leaders partent, un fusil à la main. J’ai soutenu Sinwar en tant que chef et aujourd’hui je suis fière de lui en tant que martyr », ajoute Rasha.

Un sondage réalisé au mois de septembre avait révélé qu’une majorité de Gazaouis pensaient que le pogrom du 7 octobre avait été une mauvaise décision et un nombre croissant de Palestiniens auront remis en question la volonté de Sinwar de lancer une guerre qui a été à l’origine de tant de souffrances.

Rajab, qui a qualifié « d’héroïque » la mort de Sinwar, explique qu’il n’avait pas soutenu le massacre du 7 octobre, estimant que les Palestiniens n’étaient pas préparés à une guerre totale avec Israël. Mais il ajoute que la manière dont le chef terroriste a été tué « m’a donné de la fierté en tant que Palestinien ».

« L’assassinat de Yahya Sinwar est une tragédie pour la population de Gaza, nous ne nous y attendions pas », commente Amal al-Hanawi, 28 ans, depuis Nuseirat dans le centre de la bande de Gaza où elle s’est réfugiée après avoir quitté le nord du territoire en proie à d’intenses combats et bombardements depuis plus de dix jours. « J’ai l’impression que c’en est fini du Hamas, qu’il n’y a plus de résistance puissante, qu’elle s’est effondrée », poursuit-elle.

« Il n’y a plus d’excuse pour que Netanyahu continue cette guerre d’extermination », avance Moumen Abou Wassam, 22 ans. « Si Dieu le veut, la guerre prendra fin, et nous verrons de nos yeux la reconstruction de Gaza », soupire le jeune homme.

« On se souviendra de lui comme un dirigeant mort au champ de bataille », note Ahmed Omar, 36 ans, déplacé de la ville de Gaza à Khan Younès.

« On est épuisés, la guerre est allée trop loin, elle nous a tout pris », insiste Shadi Nofal Abou Maher, 23 ans, qui souhaite que « le monde intervienne » pour mettre fin à la guerre et rappeler à Israël que Sinouar était la cause du conflit.

Un jeune Palestinien brandit le portrait du chef du Hamas Yahya Sinwar lors d’un rassemblement à Ramallah, en Cisjordanie, le 18 octobre 2024. (Crédit : John Wessels/AFP)

À Gaza comme en Cisjordanie – où le Hamas bénéficie d’un soutien important et où les combats entre les forces israéliennes et les terroristes palestiniens se sont multipliés au cours des douze derniers mois – les gens se demandent si la mort de Sinwar va accélérer la fin de la guerre.

À Hébron, une ville de Cisjordanie en proie à de vives tensions, Alaa Hashalmoon déclare que la mort de Sinwar ne signifie pas que son remplaçant se montrera plus conciliant. « Ce que je peux imaginer, quand une personne meurt, c’est que quelqu’un vienne la remplacer en affichant un entêtement encore plus grand », dit-il.

À Ramallah, Murad Omar, 54 ans, estime que peu de choses vont changer sur le terrain. « La guerre va continuer et il semble qu’elle ne se terminera pas de sitôt », commente-t-il, résigné.

Hamad Ayadi, chauffeur de bus, assure que « l’occupation [Israël] ne mettra pas fin à la résistance en assassinant Sinwar ».

La femme d’un Palestinien détenu dans les prisons israéliennes souhaitant rester anonyme pleure la mort du dirigeant, estimant qu’il était « un espoir pour nous, les familles de prisonniers » en raison de sa mobilisation pour les faire libérer…

En 2021, à l’issue d’une guerre avec Israël, Yahya Sinwar avait été pris en photo affichant un sourire aussi large que rare, posant sur un fauteuil au milieu des décombres.

Dans la foulée, des Gazaouis avaient eux aussi diffusé des photos d’eux reproduisant la pose. Jeudi soir, elle est réapparue sur les réseaux sociaux tandis que l’armée israélienne diffusait une courte vidéo du chef du Hamas assis dans un fauteuil quelques instants avant sa mort.

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