Israël en guerre - Jour 349

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Smotrich prône la construction d’implantations à Gaza après la guerre

Le ministre des Finances a dit vouloir qu'Israël "encourage l'émigration volontaire" des deux millions de résidents de l'enclave, estimant qu'aucun d'entre eux n'est "innocent"

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre de la Défense Yoav Gallant, à Jérusalem, le 26 décembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/FLASH90)
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich lors d'une conférence de presse conjointe avec le ministre de la Défense Yoav Gallant, à Jérusalem, le 26 décembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/FLASH90)

Israël doit débattre de la possibilité de redonner vie aux implantations civiles dans la bande de Gaza dans le cadre de ses plans pour l’avenir de l’enclave côtière, au lendemain du renversement du Hamas, a dit le ministre des Finances Bezalel Smotrich dans la soirée de samedi. Il a estimé qu’aucun des deux millions de résidents approximativement de la bande n’était « innocent » et il a appelé également l’État juif à « encourager l’émigration volontaire » du petit territoire.

S’exprimant devant les caméras de la Douzième chaîne, le leader du parti d’extrême-droite Hatzionout HaDatit a aussi réaffirmé son refus de transférer à Ramallah l’argent issu des taxes fiscales qui est prélevé par Israël pour le compte de l’Autorité palestinienne. Il a dit craindre que les fonds puissent entrer dans Gaza – rejetant ainsi les pressions présumées qui seraient exercées par les États-Unis sur le sujet et repoussant les insinuations qui ont pu laisser entendre que lui-même et d’autres aient pu faire du Hamas un faire-valoir commode.

« Nous aurons le contrôle sécuritaire et nous aurons aussi besoin qu’il y ait un contrôle civil mis en place dans la bande », a dit Smotrich. « Je suis favorable à un changement complet de la réalité actuelle à Gaza, à l’organisation d’un débat sur la construction d’implantations dans la bande de Gaza… Nous devrons gouverner longtemps là-bas… Si nous voulons être présents militairement, nous devrons être aussi implantés là-bas au niveau civil ».

Le ministre, qui avait été arrêté en 2005 alors qu’il manifestait contre l’évacuation des implantations israéliennes au sein de l’enclave côtière, a également déclaré que Jérusalem ne pouvait pas permettre que Gaza reste « un vivier favorable à la destruction d’Israël, composé de deux millions de personnes ».

« Nous voulons encourager l’émigration volontaire et nous avons besoin de trouver des pays désireux d’accueillir ces émigrants », a-t-il ajouté.

Dans une interview accordée dimanche matin à la radio de l’armée, Smotrich est revenu sur ce point : « Nous devons encourager l’immigration à partir de cette région. S’il y avait 100 000 à 200 000 Arabes dans la bande de Gaza et non deux millions, le débat sur le lendemain [de la guerre] serait complètement différent », a-t-il déclaré. « Ils veulent partir. Ils vivent dans un ghetto depuis 75 ans et sont dans le besoin ».

« Je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un en Israël qui ne veuille pas voir des implantations juives partout », a-t-il ajouté au micro de la radio de l’armée.

Les responsables israéliens mainstream auraient repoussé l’idée de construire de nouvelles implantations à Gaza même si la riposte militaire lancée dans la bande dans le sillage du massacre commis, le 7 octobre, sur le territoire israélien – les hommes armés du Hamas avaient semé la désolation dans le sud d’Israël, tuant 1200 personnes et prenant environ 240 personnes de tous les âges en otage – a fait renaître cet espoir parmi certains inconditionnels du mouvement pro-implantation.

Des camions d’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza par le poste-frontière avec l’Égypte, Rafah, avant la fin de la trêve, attendant à la frontière, le 1er décembre 2023. (Crédit : Saïd Khatib/AFP)

De la même façon, Jérusalem a démenti avoir la volonté de déplacer les Gazaouis, une idée dont la seule mention entraîne les condamnations furieuses des alliés arabes de l’État juif.

Pendant l’interview, Smotrich a noté son manque de pouvoir au sein du gouvernement, évoquant l’approbation, par le cabinet, de l’entrée d’aides humanitaires et de carburant dans la bande malgré ses propres objections.

Et, reconnaissant apparemment la fragilité de sa bonne fortune politique (les sondages ont montré que son parti aurait des difficultés à se maintenir à la Knesset si des élections devaient avoir lieu maintenant), il a semblé vouloir un geste d’apaisement en direction de ses anciens alliés de droite, Naftali Bennett et Ayelet Shaked. Il a fait part de ses regrets pour ses attaques formulées à l’encontre des deux politiciens lorsqu’ils avaient rejoint le gouvernement précédent, qui était formé de partis issus de tout le spectre politique.

« Il y a des choses que j’ai dites et que je n’aurais pas dû dire. Je suis devenu quelqu’un de différent depuis le 7 octobre », a-t-il ajouté.

En revanche, Smotrich a conservé sa virulence habituelle lorsqu’il a affirmé que l’argent de l’Autorité palestinienne destiné aux responsables civils de la bande de Gaza finirait immanquablement entre les mains des terroristes.

« Pas un shekel ne sera transféré à Gaza », a-t-il dit. « Les Gazaouis ne sont pas des innocents. J’étais contre l’idée que du carburant puisse entrer à Gaza et je le suis toujours. Le carburant est destiné au terrorisme, aux tunnels. Il entre du carburant à Gaza et c’est une mauvaise chose – mais ce n’est pas moi et moi seul qui suis en charge du gouvernement. »

Il a aussi été interrogé sur la phrase qu’il avait dite au cours d’une interview accordée en 2015 : « Au jeu de la délégitimation… l’Autorité palestinienne est un fardeau et le Hamas est un atout ». Alors qu’il lui était demandé s’il était toujours d’accord avec ces propos, il a répondu que la phrase avait été intentionnellement mal interprétée par ses critiques, qui l’avaient accusé d’avoir voulu dire que le groupe terroriste était quelque chose de positif pour Israël.

Cet extrait de l’entretien – qui avait été réalisé le 7 octobre 2015 – a circulé de manière répétée sur les réseaux sociaux depuis le début de la guerre.

« Je maintiens chaque mot prononcé ce jour-là », a-t-il déclaré, expliquant qu’Israël bénéficiait du soutien international contre le Hamas – et d’autant plus aujourd’hui dans le sillage des atrocités brutales perpétrées par le groupe terroriste, le 7 octobre – alors même que l’administration Biden recommande vivement le transfert des fonds bloqués à l’Autorité palestinienne.

Washington insiste sur le fait qu’après la guerre, l’Autorité palestinienne – accusée par Israël de soutien au terrorisme par le biais de l’éducation des enfants, du versement de subventions aux terroristes et de son incapacité à condamner les actes commis par le Hamas, le 7 octobre – devra, à terme, prendre la tête de la bande de Gaza, l’unissant ainsi à la Cisjordanie en plaçant les deux territoires sous la responsabilité d’une seule entité politique. Ce qui pourrait, par ailleurs, ouvrir la voie à la mise en place d’une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien.

Parallèlement, nombreux sont ceux qui, au sein de l’establishment de la Défense, considèrent l’Autorité palestinienne comme un partenaire déterminant dans la coordination sécuritaire et dans le maintien d’un calme relatif en Cisjordanie.

Les États-Unis ont reconnu que l’Autorité palestinienne devrait être « redynamisée » avant de lui confier la responsabilité de la bande de Gaza.

Au cours d’un entretien téléphonique « frustrant », le week-end dernier, le président américain Joe Biden a expliqué au Premier ministre Benjamin Netanyahu que la décision prise par son gouvernement de bloquer l’argent issu des taxes et initialement destiné à l’Autorité palestinienne, suite au 7 octobre, devait être réexaminée, a fait savoir le site Axios dans la journée de jeudi – qui a cité des responsables américains et israéliens ainsi qu’une source « proche du dossier ».

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