Israël en guerre - Jour 423

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Sous les tentes de Gaza, la pluie ajoute aux malheurs des déplacés

À Gaza, la saison la plus pluvieuse s'étend de fin octobre à début avril ; pas vraiment le déluge, mais assez pour détremper les sols, m^me dans les tentes, loin d'être hermétiques

Des Palestiniens déplacés autour de leurs tentes dans le camp de Nuseirat, au centre de la bande de Gaza, le 25 novembre 2024. (Crédit : Ali Hassan/Flash90)
Des Palestiniens déplacés autour de leurs tentes dans le camp de Nuseirat, au centre de la bande de Gaza, le 25 novembre 2024. (Crédit : Ali Hassan/Flash90)

Accroupi près de sa tente, Ayman Siam bâtit une muraille hétéroclite, minuscule, sans doute illusoire, pour tenir sa famille au sec à l’approche des pluies hivernales dans la bande de Gaza.

Guerre oblige, le stade de Yarmouk s’est mué en camp d’accueil pour des milliers de déplacés dans la ville de Gaza, dans le nord de l’enclave.

Au pied des gradins démolis, la pelouse a fait place à une terre boueuse sur laquelle s’alignent des rangées de tentes, refuges de fortune pour des milliers de Palestiniens ayant fui les combats entre l’armée israélienne et le groupe terroriste palestinien du Hamas.

« J’essaie de protéger ma tente de l’eau de pluie parce qu’on attend de grosses averses », explique Siam, en assemblant pavés et parpaings disparates avec l’aide de son petit-fils.

« Quand il a plu il y a trois jours, on était trempé », poursuit-il. « Alors, on essaie autant qu’on peut d’empêcher l’eau de pluie de s’infiltrer dans les tentes afin que les enfants, mes petits-enfants » soient abrités.

Devant la tente voisine, un homme creuse à la pioche une tranchée pour évacuer l’eau que le ciel noir menace de déverser sur le campement.

Des Palestiniens déplacés nettoyant la boue devant leurs tentes, suite à de fortes pluies au nord de Deir el-Balah dans le centre de la bande de Gaza, le 24 novembre 2024. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

Faute de parapluie, on se déplace la tête abritée sous des bassines et récipients en tout genre, en naviguant entre les flaques.

À Gaza, la saison la plus pluvieuse s’étend de la fin octobre au début avril, avec un pic de précipitations en janvier, où il pleut en moyenne entre 30 et 40 mm sur le mois.

Pas vraiment le déluge, mais suffisamment pour détremper les sols, y compris à l’intérieur des tentes, loin d’être hermétiques.

Hiver « horrible »

L’hiver va être « horrible », prévient Louise Wateridge, une responsable des situations d’urgence à l’Office controversé de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

« Les gens n’ont rien de ce dont ils ont besoin », explique-t-elle à l’AFP.

« Ils n’ont pas les choses les plus basiques depuis treize mois : ni nourriture, ni eau, ni abri. Avec la pluie et le froid en plus de tout ça… »

Il y a quelques jours, des averses ont inondé des centaines de tentes à Deir al-Balah (centre), Khan Younès et Rafah (sud). Plusieurs autres en bord de mer ont disparu dans les flots, selon la Défense civile du Hamas.

Des femmes palestiniennes déplacées utilisant un chemin sec pour transporter de l’eau jusqu’à leur tente, après de fortes pluies au nord de Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 24 novembre 2024. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

Aouni Al-Sabea peut en témoigner. « L’eau a emporté tout ce qu’il y avait dans ma tente : les matelas, les couvertures, une cruche… Nous avons seulement pu récupérer un matelas et des couvertures pour les enfants », témoigne ce Palestinien de 40 ans, qui avait fui un camp de Gaza Citypour une tente à Deir al-Balah.

« Maintenant, nous sommes dans la rue, et il ne nous reste plus rien », se lamente-t-il.

Par nature fragiles, de nombreuses tentes sont dans un état déplorable, rapiécées avec les moyens du bord mais toujours vulnérables face aux éléments.

« Des dizaines de milliers de personnes déplacées, en particulier dans le centre et le sud de la bande de Gaza, souffrent de l’inondation de leurs tentes à cause des pluies », fait valoir auprès de l’AFP le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal.

« Nous appelons la communauté internationale à intervenir d’urgence pour aider les déplacés et leur apporter des tentes et de l’aide », ajoute-t-il.

À l’approche de l’hiver, de nombreuses ONG ont aussi tiré la sonnette d’alarme.

Dans le stade de Yarmouk, Oum Ahmed Saliha montre l’eau qui s’est glissée sous son tapis pendant l’averse tombée à l’heure de la prière matinale.

« Tout cela, c’est la pluie de ce matin », dit-elle, après avoir mis quelques vêtements à sécher.

« Et l’hiver n’a même pas encore vraiment commencé… »

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