Tanzim accuse ses rivaux islamistes de transformer la Cisjordanie en Syrie
La branche armée du Fatah accuse les factions d'entretenir des liens séditieux avec l'Iran ; l'AP affirme que le Hamas collabore avec des forces salafistes-jihadiste au Liban
Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux depuis mardi, une dizaine de militants de la milice Tanzim proche du Fatah accusent un groupe terroriste islamiste rival de transformer la Cisjordanie en « Syrie, Yémen et Irak », trois pays du Moyen-Orient ravagés par des guerres civiles au cours de la dernière décennie, avec la complicité de Téhéran.
Dans leur déclaration vidéo, les membres de Tanzim accusent le Bataillon de Jénine – branche locale du groupe terroriste palestinien Jihad islamique – de conspirer avec « l’Iran chiite perse » contre le Fatah, « seule arme sunnite dans la patrie arabe », dans le but de semer la discorde et le chaos au sein du peuple palestinien.
La milice Tanzim est une faction armée du Fatah fondée en 1995 par Yasser Arafat, dans le but de contrer les groupes islamistes palestiniens rivaux. La milice, officiellement placée sous les auspices de Marwan Barghouti – actuellement incarcéré en Israël pour son implication dans des attentats terroristes – a cherché à détourner le soutien de groupes islamistes vers le leadership de l’Autorité palestinienne (AP).
Le message de Tanzim a introduit un élément anti-chiite atypique dans la rhétorique du Fatah contre les factions opposées, évoquant des mensonges anti-chiites courants tels que « l’insulte aux compagnons du Prophète [Mahomet] » – une référence à un différend théologique entre sunnites et chiites sur le sujet. successeurs légitimes du Prophète.
Le Jihad islamique et le Hamas, deux rivaux du Hamas, n’ont jamais caché leur étroite collaboration avec Téhéran, qui les approvisionne en liquidités et en armes. Les chefs des deux groupes terroristes ont rencontré le président iranien Ebrahim Raïssi à Damas en mai et le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amirabdollahian début septembre à Beyrouth. L’an dernier, le chef du Jihad islamique palestinien Ziad Nakhaleh a déclaré que son groupe recevait « des ordres directs » du commandant de la Force al-Qods, Qassem Soleimani – qui a été tué – et que les roquettes qu’il utilise pour attaquer Israël étaient fournies par l’Iran.
Cette déclaration vidéo intervient dans un contexte d’escalade des tensions entre les services de sécurité de l’AP et les groupes terroristes dans le nord de la Cisjordanie. Le bataillon de Jénine est soupçonné d’être à l’origine d’attaques récentes contre les forces de sécurité de l’AP, notamment des tirs en direction de leur quartier général à Jénine et une fusillade contre une voiture de patrouille de la police des douanes le 18 septembre, au cours de laquelle quatre agents ont été blessés.
Civil War?
A 4-min long video composed of Fatah’s Abbas loyalists saying that the Jenin Battalion aim to turn the West Bank into another destroyed Syria.
They announce that Fatah Tanzeem have now declared war on “the collaborators of Iran and Israel”. https://t.co/SdRqv0ttqN pic.twitter.com/YwVYUiMeuc
— Younis Tirawi | يونس (@ytirawi) September 18, 2023
En réponse, l’AP a annoncé qu’elle avait dressé une liste de 30 membres du bataillon de Jénine qu’elle était sur le point d’arrêter, dont certains figurent sur la liste des personnes les plus recherchées par Israël, poursuivant ainsi la répression en cours contre le groupe terroriste.
Le bataillon de Jénine est également responsable des affrontements de mardi avec l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine, au cours desquels quatre membres ont été tués.
La vidéo de Tanzim est apparue un jour après que la branche du Fatah à Jénine a publié une déclaration accusant ses ennemis internes de collaboration avec un axe « Irano-État islamique » (une contradiction, puisque l’État islamique est né de l’antagonisme envers les chiites et a mené des attaques terroristes. en Iran).
Cette allégation porte sur une tentative des responsables de l’AP de regrouper des rivaux islamistes radicaux sur plusieurs fronts. Depuis près de deux mois, les forces du Fatah sont engagées dans une autre confrontation armée en dehors de la Cisjordanie, dans le camp de réfugiés palestiniens d’Ain el-Héloué, au sud du Liban, qui a éclaté lorsqu’un général du Fatah a été tué fin juillet.
Des analystes de la chaîne de télévision Awda de l’AP ont affirmé que les affrontements entre les forces de sécurité du Fatah et des groupes islamistes avaient été alimentés par des éléments terroristes salafistes jihadistes infiltrés au Liban depuis la Syrie, ayant des liens avec l’État islamique et al-Qaïda. Ces groupes radicaux sont appelés en arabe takfiri, pour leur pratique consistant à excommunier (takfir) tout musulman qui ne se soumet pas à leur interprétation extrémiste de la religion.
La présence de tels groupes extrémistes est un fait établi à Ain el-Héloué, par exemple, le camp a été le berceau d’un groupe salafiste radical appelé Osbat al-Ansar, qui a été classé terroriste après le 11 septembre en raison de ses liens avec al-Qaïda, et a bombardé des discothèques et des magasins d’alcool dans le but d’établir un État islamique au Liban.
Diverses sources de l’AP ont accusé les membres du Hamas du camp libanais d’avoir noué une collaboration avec des groupes djihadistes. Dans un éditorial paru dans le journal officiel de l’AP al-Hayat al-Jadida, Muwaffaq Matar, membre du Conseil révolutionnaire du Fatah, a accusé le Hamas, « semblable à l’État islamique », d’utiliser le soutien d’autres groupes terroristes plus radicaux à Ain el-Héloué pour faire avancer ses projets de contrôler la direction politique et sécuritaire palestinienne, aux dépens du véritable objectif – la lutte pour la « libération » palestinienne.