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Tel Aviv: Plus de 40 000 personnes protestent contre la décision de Netanyahu de limoger Bar

Un ex-chef du Mossad qualifie le Premier ministre de "danger clair et immédiat pour la sécurité nationale" ; la foule accuse le gouvernement de sacrifier le pays à des intérêts politiques

Des Israéliens participent à un rassemblement contre la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de licencier le chef du Shin Bet, Ronen Bar, sur la place Habima à Tel Aviv, le 18 mars 2025. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Des Israéliens participent à un rassemblement contre la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de licencier le chef du Shin Bet, Ronen Bar, sur la place Habima à Tel Aviv, le 18 mars 2025. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Une foule de 40 000 personnes s’est rassemblée mardi soir sur la place Habima de Tel-Aviv pour protester contre la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de limoger le chef du Shin Bet, Ronen Bar, une décision qui intervient dans le cadre d’une enquête sur les liens présumés entre des collaborateurs du Premier ministre et le Qatar.

Visant directement Netanyahu, les manifestants ont projeté les mots « M. Abandon » sur la façade du bâtiment adjacent au théâtre national, tout en scandant « Il est temps de renverser le dictateur ».

La manifestation, l’une des plus importantes de ces derniers mois contre le gouvernement, s’est tenue alors qu’Israël reprenait les combats dans la bande de Gaza. Cette reprise a ouvert la voie au retour au sein du cabinet du politicien d’extrême droite Itamar Ben Gvir, l’un des plus fervents partisans de l’éviction de Ronen Bar et de la procureure générale Gali Baharav-Miara, également dans le collimateur de la coalition.

Ces décisions ont suscité des accusations selon lesquelles le gouvernement aurait mis fin au cessez-le-feu et saboté les négociations sur les otages afin de renforcer le soutien politique de Netanyahu auprès de ses alliés d’extrême droite avant un vote clé sur le budget prévu plus tard dans le mois. Netanyahu a nié ces allégations.

« La guerre ‘La paix pour Netanyahu’ a commencé », a lancé l’ancien chef du Mossad, Tamir Pardo, l’un des nombreux anciens hauts responsables de la sécurité à prendre la parole lors du rassemblement. Faisant référence aux poursuites pénales visant Netanyahu, il l’a qualifié de « lâche, charlatan et menteur », l’accusant de précipiter Israël vers l’autodestruction.

« Nous ne pardonnerons pas et n’oublierons pas l’abandon de la défense du pays », a-t-il ajouté. « Vous, l’accusé Benjamin Netanyahu, représentez un danger clair et immédiat pour la sécurité nationale. »

Dimanche, Netanyahu a annoncé son intention de limoger Ronen Bar, invoquant une « perte de confiance », mais Baharav-Miara a affirmé qu’il ne pouvait pas procéder au licenciement sans établir une « base factuelle et juridique ».

L’ancien chef du Mossad Tamir Pardo participe à un rassemblement anti-gouvernemental sur la place Habima, le 18 mars 2025. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Netanyahu a accusé lundi la procureure générale d’avoir outrepassé son autorité et a rejeté les allégations selon lesquelles l’éviction de Bar était lié à l’enquête de la police et du Shin Bet sur les transferts d’argent illicites présumés de Doha à trois de ses assistants, une enquête lancée à la demande de Baharav-Miara.

Roni Alsheich, ancien chef de la police et critique déclaré de Netanyahu, a accusé le Premier ministre d’avoir permis au Qatar d’agir comme médiateur du cessez-le-feu afin de garantir le maintien du Hamas au pouvoir, en contrepoids à l’Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie.

« L’objectif stratégique du Qatar est de maintenir le Hamas au pouvoir », a déclaré Alsheich. « Les otages sont un pion dans la stratégie qatarie pour atteindre cet objectif. »

La manifestation était organisée par le groupe « Mur Protecteur pour Israël », réunissant 169 anciens hauts responsables de l’armée, de la police, du Mossad et du Shin Bet.

L’ancien chef de la police israélienne Roni Alsheikh participe à un rassemblement anti-gouvernemental sur la place Habima, le 18 mars 2025. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Le général de division (Rés.) Noam Tibon, qui a dirigé le rassemblement, a cité les chiffres de la police selon lesquels environ 40 000 personnes avaient participé à la manifestation, l’une des plus importantes de ce type depuis septembre.

L’ancien chef du Shin Bet, Yoram Cohen, s’est attiré les foudres de la foule en appelant les manifestants à ne pas scander « traître » à propos de Netanyahu et en nuançant ses critiques à l’égard du Premier ministre.

« À mon sens », a-t-il déclaré sous les murmures agacés de l’assemblée, « la véritable menace existentielle ne vient pas des groupes terroristes du Hamas ou du Hezbollah, mais de ceux qui cherchent à altérer le caractère démocratique d’Israël ».

Ce rassemblement faisait partie d’une série de manifestations contre le limogeage de Ronen Bar, une décision également contestée devant les tribunaux. Plus tôt mardi, des dizaines de manifestants avaient marché vers Jérusalem, en amont de mobilisations plus importantes prévues mercredi dans la capitale.

Des manifestants marchent sur la Route 1 en direction de Jérusalem pour manifester contre la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu de licencier le chef du Shin Bet, Ronen Bar, le 18 mars 2025. (Crédit : Yonatan SIndel/Flash90)

On ignore encore quand le conseil des ministres se réunira pour acter officiellement l’éviction de Bar.

Mardi, dans une lettre au ton cinglant, Baharav-Miara a rappelé à Netanyahu qu’il ne pouvait pas convoquer le cabinet pour voter sur l’éviction de Bar tant qu’il n’avait pas reçu une recommandation officielle de la commission consultative des hauts responsables.

Elle a également réfuté les affirmations des alliés de Netanyahu selon lesquelles l’enquête sur le Qatar aurait été ordonnée pour empêcher le Premier ministre de limoger Bar, soulignant que le chef du Shin Bet ne pouvait pas être démis de ses fonctions tant que l’agence enquêtait sur des collaborateurs du Premier ministre.

Plusieurs ministres du cabinet ont exhorté Netanyahu à limoger également Baharav-Miara, lui reprochant son opposition systématique aux décisions du gouvernement. Toutefois, le Premier ministre n’a encore pris aucune mesure contre elle.

À gauche : le chef du Shin Bet, Ronen Bar (Chaim Goldberg/Flash90) ; Au centre : le Premier ministre Benjamin Netanyahu (Reuven Kastro/Pool) ; À droite : La procureure générale Gali Baharav-Miara (Oren Ben Hakoon/Pool)

Lors d’une réunion du cabinet mardi, le ministre des Affaires étrangères Gideon Saar, qui avait nommé Baharav-Miara sous un gouvernement précédent, l’a accusée de « nuire au gouvernement » et l’a comparée à un « kamikaze japonais », selon son entourage.

La journée a également été marquée par des protestations contre Netanyahu organisées par des familles d’otages toujours détenus à Gaza. Elles ont dénoncé la reprise des combats, affirmant qu’elle compliquerait la libération de leurs proches.

Les critiques ont accusé Netanyahu d’avoir relancé les combats et renvoyé Bar pour faciliter le retour d’Otzma Yehudit dans la coalition, donnant ainsi au Premier ministre une marge de manœuvre après les menaces des politiciens haredim de voter contre le budget et de renverser le gouvernement si les demandes de législation exemptant les étudiants de yeshivot du service militaire n’étaient pas satisfaites.

Lors du rassemblement, l’ancien chef du Mossad, Tamir Pardo, a dénoncé ces exemptions, les qualifiant de « selektzia du ‘sang parmi le sang’ » – reprenant un terme de la Shoah désignant le processus de sélection entre Juifs jugés aptes au travail forcé par les nazis, et ceux envoyés aux chambres à gaz.

Des manifestants réclament la libération des otages détenus dans la bande de Gaza, à Tel-Aviv, en Israël, le 18 mars 2025. (Crédit : AP/Ariel Schalit)

Pardo a réutilisé ce terme pour critiquer la gestion des négociations sur les otages par Netanyahu, qualifiant l’accord de cessez-le-feu de « fraude honteuse » qui aurait conduit à une « selektzia de type Judenrat entre les otages ».

Rafi Ben Shitrit, dont le fils Elroi, 20 ans, a été tué le 7 octobre 2023 alors qu’il tentait de repousser les terroristes du Hamas qui envahissaient le sud du pays pour y commettre un pogrom, a critiqué Netanyahu pour son refus de convoquer une commission d’enquête d’État sur les échecs qui ont précédé l’assaut du groupe terroriste palestinien.

Le Premier ministre, dont le gouvernement cherche à affaiblir le pouvoir judiciaire, a affirmé à plusieurs reprises qu’une telle commission serait « biaisée » contre lui. Il a notamment argué qu’elle serait dirigée par un ancien juge de la Cour suprême et que ses membres seraient nommés par le président de la Cour suprême, Isaac Amit, une figure que le gouvernement boycotte. Pourtant, les sondages montrent qu’une large majorité du public soutient la création d’une telle enquête.

Einav Zangauker marche avec d’autres parents et sympathisants, pour protester contre les frappes massives d’Israël sur le territoire palestinien, et demander le maintien de la trêve et le retour des otages restants dans le cadre d’un accord, à la frontière de Gaza, près du kibboutz Nir Oz, le 18 mars 2025. (Crédit : Menahem KAHANA / AFP)

« Comment allons-nous réparer ce qui a été brisé si nous refusons de regarder nos erreurs ? Comment allons-nous nous améliorer si nous ignorons nos échecs ? Comment guérir si nous refusons d’affronter ce qui nous fait souffrir ? », a déclaré Ben Shitrit.

Il a appelé à faire passer « les citoyens avant le gouvernement, le pays avant le pouvoir, la démocratie avant la politique ».

Einav Zangauker, mère de l’otage Matan Zangauker et critique virulente de Netanyahu, a exhorté les manifestants à rejoindre le campement de tentes installé devant le quartier général de l’armée israélienne de la Kirya, où des manifestants réclament un accord pour la libération des otages.

« Netanyahu n’a pas ouvert les portes de l’enfer sur le Hamas aujourd’hui, » a-t-elle lancé en paraphrasant le président américain Donald Trump. « Il les a ouvertes sur nos proches. »

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