Trump place Israël sur la route commerciale proposée entre les États-Unis et l’Inde
Lors de sa réunion avec Narendra Modi, le président a annoncé l'extradition vers l'Inde d'un suspect dans les attentats terroristes de Bombay en 2008 et que Washington vendra des F-35 à New Delhi

Donald Trump et Narendra Modi ont affiché leur proximité jeudi à la Maison Blanche, dans la continuité du premier mandat du président américain, au moment où le Premier ministre indien tente d’échapper aux foudres commerciales de Washington.
Les deux dirigeants sont convenus de démarrer des négociations sur le déséquilibre commercial entre leurs deux pays, a assuré Trump lors d’une conférence de presse conjointe. Évoquant un déficit commercial des Etats-Unis avec l’Inde de « presque 100 milliards de dollars », il a dit vouloir « remédier à cette disparité de longue date ».
Le président américain a déjà annoncé que les Etats-Unis allaient augmenter leurs ventes militaires à l’Inde « à partir de cette année », et que Washington allait « ouvrir la voie » à la vente d’avions de combat F-35, bijoux onéreux de la technologie américaine de défense.
L’Inde rejoindrait ainsi un club très fermé de pays, dont les alliés de l’OTAN, Israël et le Japon, autorisés à acheter le F-35, capable de voler à des vitesses supersoniques sans être détecté.
Poursuivant sur la lancée de son prédécesseur Joe Biden, Trump a déclaré que les deux pays prévoyaient également d’investir dans les ports, les chemins de fer et les câbles sous-marins afin de « construire l’une des plus grandes routes commerciales de toute l’histoire », allant de l’Inde à Israël, en passant par l’Europe et au-delà.
Le Premier ministre indien a assuré de son côté que les deux pays allaient « travailler pour conclure très bientôt un accord commercial mutuellement bénéfique ».

Au moment d’entamer sa réunion avec Modi dans le Bureau ovale, en présence entre autres du désormais incontournable Elon Musk, Trump avait aussi évoqué des achats de pétrole et de gaz américain.
Modi avait lui affirmé ressentir « le même attachement, la même confiance et le même enthousiasme » que lors du premier mandat de Trump, marqué par une relation particulièrement amicale entre les deux dirigeants.
« Traditionnellement, l’Inde est le pays qui a les plus hauts droits de douane », avait toutefois déploré le milliardaire républicain.
Musk, Modi et les enfants
Trump a dévoilé jeudi un plan visant à mettre en place des droits de douane « réciproques » et imposer aux produits qui arrivent aux Etats-Unis le même niveau de taxes que ce que le pays d’origine fait peser sur les produits américains.
Avec Modi à ses côtés, il a ensuite expliqué que New Delhi n’en serait pas exempt : « Ce que l’Inde nous fait payer, on lui fait payer aussi ! »
Le Premier ministre indien s’est aussi entretenu avec le milliardaire des technologies Musk, dont les efforts agressifs en tant que bras droit de Trump pour remanier la bureaucratie fédérale ont suscité de vives critiques.
Le président américain, interrogé sur le sujet, n’a pas dit si l’homme le plus riche du monde avait rencontré Modi en tant que représentant du gouvernement américain ou à titre privé en tant qu’entrepreneur, à l’heure où les activités de Musk éveillent des soupçons de conflit d’intérêt.
Had a very good meeting with @elonmusk in Washington DC. We discussed various issues, including those he is passionate about such as space, mobility, technology and innovation. I talked about India’s efforts towards reform and furthering ‘Minimum Government, Maximum Governance.’ pic.twitter.com/7xNEqnxERZ
— Narendra Modi (@narendramodi) February 13, 2025
« Ma rencontre avec Elon Musk à Washington a été excellente », a écrit jeudi le Premier ministre indien dans un message publié sur le réseau social X, assorti de photos de la réunion.
Sur l’un des clichés, les deux hommes se serrent la main devant des drapeaux américain et indien, dans un geste qui évoque une rencontre diplomatique officielle.
Sur une autre photographie, l’on voit Modi et Musk, avec d’un côté la délégation indienne, et face à elle trois jeunes enfants assis sur des chaises, dont le petit « X », le fils du multimilliardaire.
Gages de bonne volonté

Les Etats-Unis ont accusé en 2024 un déficit de 45,6 milliards de dollars dans les échanges de biens avec l’Inde, en hausse par rapport à 2023, selon le gouvernement américain.
Autre source potentielle de tensions bilatérales : l’immigration. Mais l’Inde a déjà donné des gages de bonne volonté.
New Delhi a par exemple accepté le rapatriement de migrants expulsés par les Etats-Unis.
Lors de la conférence de presse, Modi s’est engagé à continuer. « Nous sommes totalement prêts à les reprendre en Inde », a-t-il affirmé en parlant des ressortissants de son pays se trouvant « illégalement » aux Etats-Unis.

Le même jour, Trump a annoncé que les Etats-Unis extraderaient vers l’Inde l’une des personnes condamnées pour les attaques sanglantes de Bombay de novembre 2008, qu’il a qualifié de « l’une des personnes les plus malfaisantes au monde ».
Plus de 165 personnes ont été tuées lors de ces attentats, dont sept à au centre Habad Loubavitch de Nariman, parmi lesquelles les émissaires Rabbi Gavriel et Rivka Holtzberg.
L’extradition de Tahawwur Rana, un homme d’affaires canadien d’origine pakistanaise, était attendue après qu’il a perdu un recours devant la Cour suprême américaine.
À grand renfort d’accolades, d’effusions et de compliments publics, Modi et Trump ont mis en scène leur complicité pendant le premier mandat du milliardaire américain, de 2017 à 2021.
Le dirigeant indien avait en particulier accueilli un Trump pour une visite d’État en 2020, durant laquelle il avait participé à un grand rassemblement dans le Gujarat, l’État natal de Modi.