Les Palestiniens ont « fortifié » une mosquée de Jénine, creusant des tunnels – Armée
L'armée a diffusé des images du lieu de culte transformé en cache d'armes et en avant-poste pour les groupes terroristes dans le cadre de l'opération militaire lancée dans la ville
L’armée israélienne a fait savoir, mardi, que des hommes armés palestiniens avaient réussi à transformer une mosquée de Jénine, en Cisjordanie, en repaire « fortifié ». Les soldats ont notamment découvert un tunnel souterrain et une cache d’armes.
Après de longs échanges de tirs avec des Palestiniens armés qui étaient retranchés dans la mosquée Al Ansari, les forces israéliennes ont finalement réussi, lundi après-midi, à pénétrer dans le bâtiment dans le cadre d’une opération anti-terroriste majeure menée dans le camp de réfugiés de Jénine.
L’armée a fait savoir qu’elle avait effectué une frappe au drone contre les hommes armés aux abords de la mosquée, réussissant ultérieurement à entrer.
Au rez-de-chaussée, les soldats ont trouvé deux trappes menant vers deux sites de stockage souterrains reliés l’un à l’autre, qui contenaient des explosifs, des armes et d’autres équipements militaires.
« Tous les travaux réalisés dans la mosquée l’ont transformée en site fortifié », a commenté le lieutenant-colonel « Mem », à la tête de l’unité d’élite Egoz, qui ne peut être identifié que par son rang et par l’initiale de son prénom en hébreu.
Des images diffusées par l’armée montrent des dizaines de sacs de sable et de pierres empilées sur le sol de la mosquée, au rez-de-chaussée.
« Mem » a estimé que la fortification du lieu de culte et la construction des tunnels avaient sans doute pris beaucoup de temps.
Les équipements ont été saisis, les armes ont été détruites et les tunnels ont été mis hors d’usage, a noté Tsahal.
L’opération militaire lancée à Jénine devait continuer mardi après une nuit plutôt calme, les hommes armés palestiniens ayant fait le choix de ne pas combattre les soldats israéliens. Un choix qui pourrait potentiellement signaler que la fin du raid, qui est dans son second jour, se rapproche.
Israël avait lancé cette opération majeure, lundi matin, pour s’attaquer aux groupes terroristes de la ville, considérée comme un bastion du terrorisme par les responsables militaires israéliens. Un certain nombre d’attaques anti-israéliennes, ces dernières années, avaient été commises par des Palestiniens du secteur et les observateurs déclarent que l’Autorité palestinienne n’a qu’un contrôle extrêmement limité sur le terrain.
Le raid de Tsahal s’est concentré sur une aile locale du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien, connue sous le nom de Bataillon de Jénine, ainsi que sur d’autres organisations armées de taille plus modeste de la ville et du camp de réfugiés.
Ce sont plus d’un millier de soldats qui sont impliqués dans la campagne, qui semble être la plus importante à avoir été lancée en Cisjordanie en l’espace de deux décennies.
Les responsables palestiniens de la Santé ont annoncé, mardi matin, que dix personnes avaient été tuées et qu’une centaine de personnes avaient été blessés pendant les frappes aériennes de Tsahal et les affrontements opposant les soldats et les Palestiniens dans la journée de lundi. 20 personnes seraient actuellement dans un état grave.
Les Palestiniens qui sont morts étaient impliqués dans les combats mais quelques civils figurent parmi les blessés, a annoncé l’armée israélienne.
Les militaires ont fait savoir que depuis les premières heures de la matinée de lundi, ce sont plus de 120 suspects palestiniens qui ont été interrogés. Certains ont été remis en liberté et d’autres subiront des interrogatoires supplémentaires.
Selon Tsahal, 300 hommes armés palestiniens se trouvaient dans le camp de réfugiés de Jénine. Daniel Hagari, porte-parole de l’armée, a indiqué que cette dernière avait des informations sur les identités d’au-moins 160 combattants palestiniens.
Environ 3000 résidents du camp de réfugiés ont quitté ce dernier, lundi soir, pour échapper aux combats. L’armée israélienne, de son côté, a précisé ne pas avoir ordonné d’évacuation et que la ville de Jénine n’avait pas été fermée.
L’opération militaire a commencé lundi, peu après une heure du matin, par une série de frappes aériennes qui ont visé de multiples cibles de la ville, notamment une salle d’opération et de commandement partagée par divers groupes armés de la localité.
Pendant toute la campagne, a précisé Tsahal, les troupes ont localisé et démoli des entrepôts de stockage d’armement, des laboratoires qui fabriquaient des explosifs – avec un grand nombre de bombes prêtes à être utilisées – des cellules de crise qui étaient utilisées par des combattants palestiniens pour observer les forces israéliennes et d’autres « infrastructures terroristes ».
Les soldats ont également affronté des Palestiniens armés et effectué une vingtaine de frappes au drone contre des cibles variées dans le camp de réfugiés.
En interne, l’armée a nommé l’opération « Bayit Vegan » – ce qui signifie littéralement Foyer et Jardin. C’est une référence au nom biblique de Jénine et le terme a aussi été utilisé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Le porte-parole de Tsahal a toutefois insisté sur le fait que la campagne n’avait pas de nom officiel.
Les militaires semblent ainsi chercher à minimiser l’ampleur du raid. Hagari, le porte-parole, a déclaré que l’opération
« relève du niveau des brigades ».
Du côté palestinien, Saleh al-Arouri, chef adjoint du bureau politique du groupe terroriste Hamas, a exhorté lundi tous les jeunes hommes de Cisjordanie à rejoindre les combats à Jénine, affirmant qu’il y avait déjà « des centaines de milliers de personnes prêtes à sacrifier leur vie ».
« À nos héros de Cisjordanie, du sud au nord : c’est votre journée, jeunes hommes. Combattez avec toutes les armes, toute votre colère et avec tous les moyens possibles pour défendre notre honneur à Jénine », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Ceux qui ont répondu aux crimes de l’occupation en Cisjordanie appartiennent à toutes les factions de la résistance [nom que se donnent les groupes terroristes islamistes] et se battent ensemble comme un seul homme », a-t-il poursuivi, « même si les déclarations sont émises par des groupes différents ».
« Nous sommes prêts à sacrifier nos vies et les menaces de l’ennemi ne nous font pas peur. Nous frapperons l’ennemi au moment et à l’endroit de notre choix, et par tous les moyens, que ce soit avec des pierres, des balles ou des roquettes, comme le Kassam qui a été lancé il y a quelques jours depuis Jénine », a-t-il ajouté, faisant référence à un test de roquette raté la semaine dernière depuis cette ville du nord de la Cisjordanie.
« Selon le droit international, des centaines de milliers de colons vivent illégalement en Cisjordanie. Nous avons des centaines de milliers de jeunes hommes qui sont prêts à devenir des martyrs et à défendre les lieux saints », a-t-il conclu.
Cela fait des semaines que les rumeurs font état de la préparation d’une opération majeure en Cisjordanie suite à une série d’attentats à l’arme à feu et à la résistance intense opposée aux raids militaires israéliens dans les localités palestiniennes.
Le nord de la Cisjordanie, et en particulier la ville de Jénine et ses environs, est considéré depuis longtemps par les responsables israéliens de la sécurité comme un bastion du terrorisme. Une série d’attaques, début 2022, avait été commise par des Palestiniens originaires du secteur.
Selon l’armée, depuis l’année dernière, environ 150 attentats à l’arme à feu ont été commis par des terroristes originaires de Jénine et de ses environs et 19 Palestiniens qui étaient recherchés par les forces de sécurité israéliennes avaient trouvé refuge à Jénine.
Les tensions entre Israéliens et Palestiniens sont élevées depuis un an et demi en Cisjordanie. Les militaires mènent des raids nocturnes quasiment quotidiens dans la région suite à une série d’attaques palestiniennes meurtrières.
Depuis le début de l’année, les attentats palestiniens en Israël et en Cisjordanie ont fait 24 morts.
Selon un décompte réalisé par le Times of Israel, 144 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués pendant la même période – la majorité d’entre eux lors d’affrontements avec les forces de sécurité ou en commettant des attentats. Toutefois, des civils ont aussi perdu la vie dans des circonstances qui restent obscures.