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Turquie: appel historique du chef kurde Öcalan à dissoudre le PKK

Le séparatiste emprisonné Abdullah Öcalan accepte la branche d'olivier tendue par Ankara pour mettre fin à des décennies d'insurrection, mais on ignore quelle sera 'influence de la déclaration sur les combattants soutenus par les États-Unis en Syrie

Des partisans affichent une affiche représentant le dirigeant emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, 75 ans, après qu'il a appelé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à désarmer et à se dissoudre à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, le 27 février 2025. (Crédit 
 : Yasin Akgul / AFP)
Des partisans affichent une affiche représentant le dirigeant emprisonné du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, 75 ans, après qu'il a appelé le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à désarmer et à se dissoudre à Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, le 27 février 2025. (Crédit : Yasin Akgul / AFP)

Cris de joie et danses endiablées ont accompagné jeudi dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie l’appel du fondateur et chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, à tourner la page de la lutte armée.

Dans un message historique pour « la paix et une société démocratique », M. Öcalan, 75 ans, a ordonné au PKK de « déposer les armes et (…) se dissoudre », affirmant « assumer la responsabilité historique de cet appel ».

Son message, attendu depuis des semaines, a été lu en kurde puis en turc dans une salle bondée d’un hôtel d’Istanbul, sous une large photo prise le matin même, le montrant les cheveux blanchis, devant une foule de journalistes et des « Mères du samedi », des femmes kurdes qui manifestent chaque semaine pour leurs proches disparus aux mains des autorités.

La guérilla livrée par le PKK, considéré comme un groupe terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, a fait plus de 40 000 morts depuis 1984.

« Le message d’Apo (oncle, en kurde, comme le surnomment ses soutiens) est un message de paix, de fraternité, d’humanité, le message des droits et de la loi, de justice et d’égalité », s’enthousiasme Ferha Akbüyük, une femme de 65 ans sur la grand place de Diyarbakir, la plus grande ville à majorité kurde du sud-est.

Ni le président Recep Tayyip Erdogan ni son gouvernement n’ont réagi dans l’immédiat à l’appel de M. Öcalan.

Seul un responsable du parti au pouvoir AKP, Efkan Ala, a estimé que « si l’organisation terroriste prend en compte cet appel (…), la Turquie sera libérée de ses chaînes ».

« Terrain politique »

Une délégation du parti prokurde DEM s’était entretenue pendant trois heures jeudi matin avec Abdullah Öcalan, détenu à l’isolement depuis sa capture au Kenya il y a 26 ans.

Lors de précédentes rencontres avec les députés Abdullah Öcalan, avait exprimé sa « détermination » à tourner la page de la lutte armée, évoquant son « pouvoir théorique et pratique de transférer le conflit du terrain de la violence au terrain juridique et politique ».

Des manifestants kurdes manifestent avec des panneaux disant « Non à la dictature » et le portrait du chef du parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, Abdullah Ocalan, au centre ville de Francfort, à l’ouest de l’Allemagne, le 18 mars 2017 (Crédit : AFP Photo/dpa/Boris Roessler)

Ses deux précédents appels à la trêve, au début des années 2000 puis en 2013, ont toutefois fait long feu, cédant la place à des flambées de violence.

Mais cette fois, « la puissance militaire de la Turquie empêche depuis longtemps le PKK d’agir sur le terrain », souligne Boris James, historien français spécialiste des Kurdes.

Pour le vice-président du DEM, Tuncer Bakirhan, qui l’a rencontré à trois reprises, M. Öcalan « ne veut pas seulement que les Kurdes soient libres de parler leur langue, mais que toute expression démocratique soit possible » dans le pays.

Le gouvernement turc, qui a initié le processus par l’intermédiaire de son allié nationaliste du MHP, Devlet Bahçeli, a proposé de le sortir de son isolement après vingt-six ans de détention.

Une remise en liberté paraît cependant peu probable, étant donné les menaces de vengeance qui pèsent sur Abdullah Öcalan.

« A l’écart depuis les années 90 »

Le chef de l’Etat, qui s’est peu exprimé sur le sujet, avait confirmé à plusieurs reprises la politique de « la main tendue aux frères kurdes », principale minorité de Turquie (20 % de la population environ), tout en accentuant la pression sur l’opposition, en particulier sur le parti DEM, dont dix maires ont été démis de leurs fonctions depuis leur élection l’an dernier.

Des vagues d’arrestations ont été conduites contre des centaines de personnes – militants politiques, élus, artistes, journalistes – accusées de « terrorisme », dont M. Öcalan n’a pas dit un mot.

Par ailleurs, et en dépit du charisme d’Abdullah Öcalan, une vaste incertitude pèse sur la réponse des combattants du PKK, pour la plupart repliés dans les montagnes de la région de Qandil, dans le nord de l’Irak.

« Öcalan a été tenu à l’écart depuis le milieu des années 1990 », rappelle Renad Mansour, spécialiste du centre de réflexion Chatham House. « Et il y a eu plusieurs directions du PKK qui ont développé des idées différentes sur la lutte armée », précise-t-il.

« Changement sismique »

Pour Boris James, historien français spécialiste des Kurdes, « quand Öcalan parle d’autodissolution du PKK, il n’engage pas du tout les gens qui se trouvent à Qandil », remarque-t-il. « Il n’envisage pas le problème kurde à l’échelle régionale dans son discours. »

Or, la Turquie accuse le PKK de combattre dans le nord-est de la Syrie au côté des Forces démocratiques syriennes (FDS), le long de sa frontière sud.

Le chef des FDS, Mazloum Abdi, s’est empressé de préciser que « cet appel du PKK le concerne lui et ne concerne pas nos forces ».

« Il y a une différence majeure entre l’appel à la paix d’Öcalan et sa concrétisation », convient Hamish Kinnear, analyste pour Verisk Maplecroft. Il mise néanmoins sur « le statut d’Öcalan en tant que chef spirituel du mouvement » pour saluer un « changement sismique non seulement pour la Turquie, mais pour la région ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a voulu voir dans cet appel « une lueur d’espoir ».

Dans le sud-est de la Turquie, après les cris de joie de l’après-midi, aucune célébration notable n’a cependant été rapportée jeudi soir.

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