Un archéologue persuadé d’avoir trouvé le site du procès de Jésus
Une fouille de la Vieille Ville de Jérusalem révèle 2 700 années d'histoire
Lorsqu’Amit Reem a entrepris la fouille d’une prison ottomane abandonnée dans la Vieille Ville de Jérusalem en 1999, il ne s’attendait à rien de révolutionnaire.
La fouille visait principalement à inspecter le site avant qu’il ne soit transformé en un espace d’événements pour la Tour du musée David qui se situe à proximité. Reem, qui avait 28 ans à l’époque, espérait tout au plus découvrir quelques vestiges d’un palais d’Hérode ou peut-être une partie d’un mur datant du deuxième siècle.
Il a en effet trouvé ces vestiges – et bien plus encore…
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Sur un espace mesurant 49 mètres sur 9 mètres, Reem a déterré une chronologie archéologique de Jérusalem datant de 2 700 ans. Des couches datant de presque toutes les époques de l’histoire de la ville étaient entreposées les unes sur les autres. On a retrouvé des couches datant du Premier Temple, des couches datant de l’époque romaine, d’autres des croisades ou de la période ottomane, jusqu’à l’indépendance d’Israël en 1948.
Des vestiges de ces époques sont éparpillés dans la Vieille Ville mais ils sont rarement retrouvés réunis au même endroit ou si bien conservés.
« La solidité de ces restes et leur superposition les unes sur les autres, c’est comme un livre ouvert, toute la séquence historique et archéologique de Jérusalem ouvert en face de nos yeux, a déclaré Reem au JTA. Nous nous attendions à trouver des traces mais les résultats sont allés au-delà de nos attentes. »
Appelé le Kishle – la prison en turc – le site a été construit comme une prison par les Turcs ottomans dans les années 1 800 et utilisé par les Britanniques dans les années 1940 pour retenir les membres des milices juives capturés. Une carte du Grand Israël a été gravée par un membre emprisonné de la milice pré-étatique Irgoun est encore visible sur le mur.
En dessous de la prison, il y a les fondations d’un mur de fortification construite au VIIIe siècle avant notre ère par l’ancien roi juif Ezéchias, qui, comme les dirigeants qui lui ont succédé, a profité de la hauteur stratégique du site. De l’autre côté de la pièce, il y a les vestiges d’un autre mur de défense construit 600 ans plus tard par les Hasmonéens, qui ont gouverné Jérusalem après la révolte des Maccabées.
La salle abrite également des vestiges du mur d’un palais d’Hérode construit à proximité du début de l’ère commune, ainsi que des bassins datant de la période des Croisades qui ont été probablement utilisés pour teindre les vêtements et tanner le cuir. Les murs actuels de la Vieille Ville, construits par les Ottomans au 16e siècle, se situent au sommet de la paroi d’Hérode qui a servi plus tard de paroi extérieure pour la prison.
Reem croit également que la salle aurait pu être le site du procès de Jésus dans lequel ce dernier a été jugé par Ponce Pilate. Pilate aurait organisé le procès de Jésus dans un endroit bien visible, comme le palais d’Hérode, explique Reem, qui note que l’itinéraire initial de la Via Dolorosa que Jésus a suivi avant d’être crucifié passait par l’endroit où le Kishle se trouve actuellement.
« A maintes reprises, vous vous attendez à quelque chose et vous ne le trouvez pas parce que vous n’atteignez pas les couches inférieures en raison de la logistique, du budget, etc. », explique Reem.
« D’autre part, les couches et les vestiges archéologiques sont [parfois] détruits. Ici, nous avons eu de la chance, les restes n’ont pas été endommagés ni détruits. Nous pourrions creuser pendant deux ans en partant du haut vers le bas. »
Les conclusions de Reem ont convaincu le musée de la Tour de David de ne pas construire sur le site. Mais depuis que la fouille a pris fin en 2001, la salle est restée fermée en raison des contraintes budgétaires jusqu’à ce que le nouveau directeur du musée, Eilat Lieber, ait ouvert le site au public l’an dernier.
La pièce n’a pas été modifiée depuis 2001 et ressemble à un site de fouilles archéologiques.
Lieber espère placer un plancher de verre au-dessus des restes et les améliorer avec l’imagerie 3-D qui montrera à quoi ressemblait l’espace au cours des différentes périodes.
« C’est comme un petit bonjour de différentes époques historiques qui nous relient à cet endroit et nous permettent de comprendre ce qu’il y avait ici, a expliqué Lieber au JTA. Ce qui reste, ce sont des pierres, mais derrière les pierres, il y a ce qu’il y avait ici, – des personnages. »
De nombreuses conclusions de Reem au sujet de la chambre sont fondées sur des techniques de datation et des déductions à partir de sources historiques.
L’affirmation que les murs appartenaient au palais d’Hérode provient en partie des écrits de l’historien Flavius Josèphe. L’hypothèse de Reem selon laquelle les bassins avaient été utilisés pour teindre le tissu s’appuie sur un récit de Benjamin de Tudela, un voyageur juif médiéval, et sur des restes de colorant rouge infiltrés dans les murs du bassin.
Mais Reem a ajouté qu’à partir d’un certain moment, la datation et la précision deviennent moins importantes que ce que le site représente pour les visiteurs en quête d’une expérience spirituelle.
« En tant qu’archéologue qui travaille à Jérusalem, cela n’a pas d’importance où le procès de Jésus s’est réellement déroulé, explique-t-il. Ce qui importe, c’est ce que les gens croient. »
« Sur le site Kishle, les gens peuvent toucher les pierres du palais d’Hérode. Celui qui le veut peut voir cet endroit comme le lieu où s’est déroulé le procès de Jésus. »
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