Un habitant de Jérusalem-Est lié à l’EI accusé du double attentat de novembre
Les procureurs estiment qu’Eslam Froukh a décidé, dès septembre, de commettre les attentats, qu’il a minutieusement préparés et à l'issue desquels il a tenté de prendre la fuite
Ce vendredi, les procureurs ont inculpé un habitant palestinien de Jérusalem-Est, affilié au groupe terroriste État islamique (EI), du double attentat qui a ensanglanté la capitale le mois dernier.
Le 23 novembre, jour de l’attentat, Eslam Froukh, 26 ans, aurait fait exploser des bombes à deux arrêts de bus situés à proximité des entrées de Jérusalem, tuant deux personnes – Aryeh Schupak, 16 ans, et Tadese Tashume Ben Maada, 50 ans – et en blessant une vingtaine.
Froukh est accusé d’appartenance à un groupe terroriste, d’utilisation d’armes à des fins terroristes, de meurtre aggravé et de tentative de meurtre par des actes terroristes.
Les procureurs ont demandé que Froukh reste en garde à vue jusqu’à la fin de la procédure judiciaire.
Selon l’acte d’accusation, Froukh, résident de Kafr Aqab, à Jérusalem-Est, qui vivait la plupart du temps dans les environs de Ramallah, a commis l’attentat au nom de l’EI.
Porteur d’une carte de résident israélien, Froukh a bénéficié d’une plus grande liberté de mouvement que les Palestiniens de Cisjordanie.
Toujours selon l’acte d’accusation, Froukh a étudié l’ingénierie mécanique en Israël et a utilisé ses connaissances pour fabriquer les bombes utilisées lors de l’attentat.
Selon les procureurs, il s’était construit un laboratoire, près de Ramallah, où il a pu produire et tester les explosifs nécessaires à la fabrication d’une bombe.
Il aurait décidé en septembre de perpétrer un attentat, se serait procuré le matériel nécessaire et aurait fabriqué huit kilogrammes de matières explosives dans le secret de son laboratoire.
Afin de pendre la fuite à l’issue des attentats, Froukh avait acheté une moto d’occasion, qu’il avait repeinte et dont il avait tenté de dissimuler le numéro de châssis. Il avait également caché des vêtements de rechange le long de la route 1 vers la mer Morte, en Cisjordanie.
La veille des attentats, il s’est rendu sur les lieux à vélo, de nuit, pour placer trois engins explosifs en deux endroits, avec dans l’idée de faire exploser une bombe puis une autre, pendant que les forces de l’ordre et les secours seraient au chevet des premières victimes.
Remarquant un problème technique sur l’une des bombes, il a décidé de la combiner avec l’une des autres pour créer un explosif plus puissant, qu’il a dissimulé au niveau du carrefour Ramot, à l’une des entrées de Jérusalem. Froukh s’est ensuite rendu au carrefour Givat Shaul, l’entrée principale de Jérusalem, où il a placé l’autre bombe.
Froukh a ensuite mis à exécution son plan d’évasion et récupéré ses vêtements de rechange dissimulés au préalable. C’est alors que sa moto est tombée en panne, dans le désert de Judée, et qu’il a dû l’abandonner, non sans l’avoir fracassée, près du village bédouin de Khan al-Ahmar.
Il s’est ensuite débarrassé de ses vêtements, de son casque, de son arme à feu et des charges explosives restantes, que les forces de l’ordre ont retrouvées quelques jours après l’attentat, à proximité de l’implantation de Maale Adumim, en Cisjordanie.
Selon les accusations, la première explosion, à Givat Shaul, s’est produite plus tôt que prévu, quelques minutes après 7h du matin, à l’heure de pointe. C’est dans cette explosion que Schupak et Ben Maada ont trouvé la mort et qu’une vingtaine de personnes ont été blessées.
Cinq autres personnes ont été légèrement blessées par des éclats de projectiles ou ont psychologiquement été affectées par la seconde explosion à la jonction Ramot, peu après 7h30.
Selon les procureurs, au lendemain de l’attentat, Froukh a envoyé un message via la messagerie Telegram à Nasher news, relais des communiqués de presse de l’EI, pour revendiquer l’attentat.
Les attentats ont eu lieu dans un contexte de tensions accrues, à la suite d’une série d’attaques palestiniennes qui ont fait 31 morts en Israël et en Cisjordanie depuis le début de l’année.
Emanuel Fabian a contribué à la rédaction de cet article.