Un Israélien libéré d’une prison grecque décrit les conditions inhumaines
Dudi Ashkenazi parle de la saleté, des autres détenus, de sa femme pendant ses 14 jours de détention ; son passeport perdu en 2002 aurait été utilisé par un criminel
Un Israélien qui a été détenu en prison en Grèce pendant deux semaines, en raison d’une erreur sur son identité, selon Israël, a raconté mercredi à la presse israélienne les « conditions épouvantables et inhumaines » qu’il a endurées derrière les barreaux avant d’être libéré plus tôt dans la journée.
Dudi Ashkenazi a décrit à la presse israélienne une prison infestée de vermine et empestant l’urine, après sa libération par un tribunal grec qui lui a toutefois interdit de quitter l’île de Rhodes jusqu’à ce qu’une décision finale soit prise.
M. Ashkenazi, âgé de 52 ans, était en vacances en Grèce lorsqu’il a été arrêté il y a deux semaines sur la base d’un mandat d’Interpol concernant un individu possédant la double nationalité israélienne et azérie, également nommé Dudi Ashkenazi, qui aurait fait du trafic de drogue entre le Pérou et la Russie en 2012. Ashkenazi a été détenu sur l’île grecque de Kos jusqu’à l’audience du tribunal qui lui a accordé une libération conditionnelle. Il réside actuellement dans un hôtel avec sa femme et sa sœur.
Ashkenazi a été arrêté dès son arrivée en Grèce et emmené loin de sa femme pour être interrogé.
Il a déclaré à la Treizième chaîne que lorsqu’il a été arrêté, il pensait qu’il s’agissait simplement d’une « stupide erreur ».
Les policiers l’ont interrogé sur son séjour au Pérou et il a admis qu’il y était allé il y a 15 ans, mais les a rassurés en leur disant qu’il n’avait jamais été arrêté.
Lorsqu’ils ont pris ses empreintes digitales, « j’ai compris que la situation n’était pas bonne », a-t-il dit.
Il a été conduit dans une prison où il a partagé un espace confiné avec des réfugiés de la bande de Gaza, de Ramallah en Cisjordanie, du Liban, d’Irak, d’Afghanistan, de Turquie, d’Arménie et d’Albanie.
« Certains des Gazaouis qui n’aimaient pas l’idée que je sois israélien » ont essayé de pourrir ses relations avec d’autres détenus avec lesquels il s’était lié d’amitié, « mais dans l’ensemble, ils ont gardé leurs distances et tout s’est bien passé », a déclaré Ashkenazi.
S’adressant au site d’information Walla, il a parlé de l’état de la prison.
« Les conditions étaient épouvantables et inhumaines », a-t-il dit et il a décrit comment ses sandales collaient au sol tellement c’était sale.
« Puis, vous voyez des cafards qui se promènent entre vos jambes, et des rats qui courent partout, des moustiques qui volent et vous dérangent tout le temps, et la puanteur des eaux usées, de l’urine et des excréments dans l’air. »
Il raconte qu’il a d’abord été maintenu dans un couloir étroit avec pour seul lit un matelas qui sentait l’urine, disposé dans une niche du mur.
« De nombreux réfugiés urinaient apparemment par peur », se souvient-il.
Il a passé ses nuits à réfléchir à la manière dont il pourrait prouver son innocence et éviter d’être extradé vers le Pérou.
Mais, dit-il, le plus dur a été d’être séparé de sa femme.
« J’étais inquiet pour Racheli, ma femme, qui, je le savais, était dehors », a-t-il dit.
Parlant de ses émotions à la sortie de détention, il a dit à Walla : « J’ai appris à la dure qu’il n’y a pas de plus grand sentiment au monde ».
Ashkenazi a dit qu’il espère maintenant qu’il sera bientôt complètement libéré et qu’il pourra rentrer chez lui auprès de sa famille.
« Je veux les serrer dans mes bras et leur assurer que je ne les quitterai plus jamais », a-t-il déclaré.
Il a également déclaré qu’il avait l’intention de déchirer son passeport.
« Je ne quitterai plus jamais Israël. J’ai dit à ma femme que je ne suis pas prêt à prendre le risque que, Dieu m’en garde, un tel scénario se reproduise à l’avenir. »
Ashkenazi a déclaré aux médias qu’il avait perdu son passeport en 2002 et que ce dernier avait fini par tomber entre les mains de l’homme recherché, qui l’aurait utilisé pour falsifier un passeport azerbaïdjanais. Ashkenazi n’a pas la nationalité azerbaïdjanaise.
Son avocat, Nir Yaslovitzh, a déclaré vendredi qu’il avait présenté au ministre grec de la Justice, Konstantinos Tsiaras, et au procureur général, Vasilias Milanunis, des documents prouvant qu’Ashkenazi n’est pas le suspect recherché par Interpol et la police péruvienne.
Ashkenazi, sa famille et le gouvernement israélien maintiennent qu’il n’a pas commis les crimes dont il est accusé. Il a affirmé que lorsque les crimes présumés ont été commis en 2012, il était en train de célébrer la bat mitzvah de sa fille et qu’il n’était pas au Pérou, a rapporté la semaine dernière la Douzième chaîne d’information.
Lors d’une audience à Rhodes lundi dernier, les procureurs grecs n’ont pas explicitement rejeté les affirmations d’Ashkenazi, mais ont indiqué qu’ils souhaitaient approfondir leur enquête, selon le site d’information Ynet.
Le même jour, le ministère des Affaires étrangères a contacté le ministère grec des Affaires étrangères après la publication de la photo jointe au mandat, affirmant que son arrestation était probablement le résultat d’une erreur d’identification.
M. Yaslovitzh aurait envoyé aux responsables grecs une lettre supplémentaire de corroboration du ministère des Affaires étrangères incorporant des informations actualisées des autorités israéliennes et d’Interpol.
Le Premier ministre Yair Lapid, qui est également ministre des Affaires étrangères, s’est entretenu avec le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias mercredi dernier et a demandé la libération immédiate d’Ashkenazi.