Un journaliste du Washington Post brièvement détenu à Jérusalem
Le bureau des relations avec la presse du gouvernment « regrette » l’arrestation du journaliste
Le chef du bureau de Jérusalem du Washington Post William Booth a été brièvement détenu par la police à Jérusalem pour des accusations “d’incitations” [à la violence]. L’incident a eu lieu porte de Damas, devant la Vieille Ville.
Une collègue, Ruth Marks Eglash, a déclaré qu’il était « harcelé » par les policiers.
Booth et son caméraman palestinien interrogeaient des résidents près de la porte de Damas. Une femme arabe lui a dit qu’elle pouvait rassembler quelques passants pour manifester contre la police s’il les payait, a déclaré Asi Aharoni, porte-parole de la police, au Times of Israël.
« Un passant s’est plaint de voir un certain nombre de personnes qui s’apprêtaient à mener des (actes de) provocations et à perturber l’ordre public parmi de jeunes Arabes, agissements visant les policiers déployés sur la zone », a dit la porte-parole de la police israélienne Louba Samri.
« Compte tenu de ce signalement, les policiers ont interpellé plusieurs suspects pour faire la lumière sur ces faits » et les ont emmenés « dans un poste de police proche » pour travailler « avec la discrétion et le doigté nécessaires », a-t-elle poursuivi.
Quelqu’un ayant vu la scène se déployer a contacté les officiers voisins de la police des frontières. Les officiers se sont approchés de Booth et de son photographe et leur ont demandé de les suivre, a déclaré Aharoni.
Le bureau des relations avec la presse du gouvernement a publié un communiqué s’excusant pour ce « malheureux malentendu ».
« Le bureau de presse du gouvernement regrette l’incident d’aujourd’hui à la porte de Damas dans lequel un correspondant du Washington Post a été détenu sans nécessité par la police des frontières – probablement en raison d’un malheureux malentendu. La liberté de la presse est une valeur suprême de la démocratie israélienne. Israël fait tout son possible pour permettre à la presse étrangère de travailler librement, sans aucune pression. Nous appelons les forces de sécurité et les journalistes à faire preuve de retenue et à éviter les confrontations dans cette période de tensions. Le bureau de presse du gouvernement tente d’empêcher à de tels incidents ; nous examinerons les évènements d’aujourd’hui et en tirerons les conclusions nécessaires. »
S’exprimant au sujet de la brève détention du journaliste du Washington Post William Booth, Netanyahu a déclaré : « Nous n’arrêtons pas les journalistes. La presse en Israël est très énergique et libre de dire ce qu’elle veut. »
Le ministère des Affaires étrangères a, quant à lui, annoncé qu’il allait exiger des réponses de la police au sujet de la brève détention de Booth du Washington Post.
« Ceci est un regrettable incident, qui jette un ombre inutile sur le travail d’un excellent journaliste. Le ministère des Affaires étrngères demandera à la police les éclaircissements nécessaires », a expliqué le porte-parole Emmanuel Nahshon.
La police israélienne s’est excusée de la brève détention du chef du bureau de Jérusalem du Washington Post, William Booth, et d’un de ses collègues.
La police a déclaré dans un communiqué qu’une enquête sur l’incident avait été ouverte, et avait conclu que « l’interrogatoire était nécessaire à la lumière des informations » reçues par la police, même si cela s’est révélé faux.
« Si l’un des détenus a enduré une détresse émotionnelle, nous sommes désolés pour cela », a déclaré un porte-parole de la police.
La police a pour instruction d’autoriser les journalistes à travailler dans les zones sensibles et dangereuses « avec une attention particulière à la sécurité du public et des journalistes eux-mêmes, tout en respectant l’importante valeur de la liberté de la presse », est-il écrit dans un communiqué de la police.
Le Foreign Press Association (FPA) dénonce « dans les termes les plus forts possibles, l’arrestation d’aujourd’hui de William Booth par la police des frontières israéliennes, du chef du bureau de Jérusalem du Washington Post, et Sufian Taha, le correspondant en Cisjordanie du journal ».
Dans une déclaration dure, l’organisation a dénoncé l’accusation « absurde » portée contre les deux journalistes et a proposé un autre compte-rendu sur le déroulement de l’incident.
« Peu après midi, les deux journaliste étaient en train d’interviewer les résidents palestiniens et juifs de Jérusalem, à la porte de Damas, avec la correspondante du Washington Post, Ruth Eglash. Quand Booth et Taha ont essayé d’interviewer certains lycéens sur les marches en face de la porte, la police les a fait déplacer. Ils ont ensuite reculé pour interroger les adolescents sous un arbre. Peu de temps après, la police des frontières ont fait signe aux deux journalistes de s’approcher et leur a demandé leurs papiers d’identité. Ils ont présenté leurs cartes du bureau de presse du gouvernement comme pièce d’identité, mais ceux-ci ont été écartés et on leur a demandé des documents officiels d’identité », a expliqué le communiqué.
« Bien que les journalistes ont très clairement dit qu’ils écrivaient un article pour le Washington Post, la police les ont emmenés à un poste de police à côté, où ils ont été détenus pendant environ 40 minutes, puis relâchés. Quand ils ont demandé à la police pourquoi ils ont été détenus, la police a déclaré qu’ils avaient soupçonné les journalistes d »inciter’ les Palestiniens [à la violence] ».
« Le FPA proteste contre cette accusation absurde faite à l’encontre d’un média international respecté, ainsi que contre la détention, même pour une courte durée, d’un journaliste étranger accrédité et de son collègue palestinien ».
« Nous notons que cela est survenu dans le cadre de la mise en œuvre des tactiques brutales – y compris des attaques violentes – déployées ces derniers mois par la police des frontières contre les journalistes étrangers et leurs collègues palestiniens couvrant l’agitation à Jérusalem et en Cisjordanie. Nous ne pensons pas que ce soit une coïncidence si une accusation sans fondement de sur ‘l’incitation’ a été faite à un moment où des accusations générales de préjugés sont portées contre la presse étrangère par les autorités israéliennes et les commentateurs. Nous demandons en outre à la police israélienne et aux autres autorités de reconnaître leurs propres cartes émises par le bureau du Premier ministre et de permettre à ceux qui les détiennent de travailler sans entrave ».
Judah Ari Gross et Raphaël Ahren ont contribué à cet article.