Un nouveau scrutin étant acté, les partis renforcent leurs finances
Les députés approuvent l'injection de millions de shekels de fonds publics dans les poches des partis, dont certaines sont vides, en vue de la 3e campagne électorale de l'année
Pour la troisième fois en moins d’un an, mes Israéliens se sont réveillés jeudi matin avec une Knesset dissoute et des partis s’armant pour un nouveau scrutin électoral, prévu dans moins de trois mois.
Lors de sa dernière assemblée après l’expiration du délai imparti pour parvenir à une coalition, la Knesset a adopté une loi fixant la date des prochaines élections au 2 mars prochain et accordant aux partis des dizaines de millions de shekels supplémentaires que pour les campagnes antérieures, destinés à inonder les citoyens de leurs discours électoraux.
Les députés avaient passé les mois précédents à promettre de résoudre la crise politique et d’éviter un troisième scrutin et ont passé la journée de mercredi à s’accuser mutuellement de l’échec des tractations de coalition.
« Assurez-vous de tenir vos enfants à l’écart des écrans de télévision pendant les trois prochains mois pour qu’ils ne puissent pas voir ce que disent les élus », a lancé le député de Kakhol lavan Yair Lapid lors d’un débat avant le vote. « Ce qui fut autrefois une célébration de la démocratie est devenu un moment de disgrâce pour cette institution ».
À la suite de la dissolution de la Knesset jeudi et la convocation de nouvelles élections pour mars 2020 — les troisièmes en moins d’un an — les formations politiques ont entamé leurs campagnes en s’octroyant des millions supplémentaires des coffres de l’État.
La loi actant le nouveau scrutin, la seule adoptée par cette 22e Knesset furtive, approuve également un budget de 63 millions de shekels (16 millions d’euros) consacré au processus, avec chaque parti recevant 700 000 shekels (180 000 euros) par formation siégeant au Parlement et 430 000 shekels (111 000 euros) par député.
Ce nouveau budget représente une augmentation de 30 % par rapport aux précédentes élections. Les parlementaires ont expliqué cette hausse par les dettes considérables contractées par les petits partis du fait de ces élections à répétition. Ces sommes serviront ainsi à rembourser celles-ci et à financer la nouvelle campagne.
Deux partis, le Shas et Yisrael Beytenu, se sont opposés à cet accroissement budgétaire.
La campagne devrait être dominée par les poursuites qui visent le Premier ministre Benjamin Netanyahu, un récent sondage ayant révélé une légère avance de Kakhol lavan sur le parti au pouvoir. Cependant, certaines estimations indiquent que les deux blocs resteraient aux mêmes niveaux qu’avant, laissant craindre certains que l’impasse politique ne sera pas résolue après le vote de mars.
Netanyahu, qui fait l’objet d’appels à la démission, chercherait à convaincre une majorité parlementaire de lui octroyer l’immunité contre sa mise en examen pour corruption, fraude et abus de confiance.
Légalement, un Premier ministre en exercice accusé d’un délit n’est pas contraint de quitter ses fonctions, mais il le doit en cas d’inculpation. Netanyahu, qui détient quatre portefeuilles ministériels a notifié la Cour suprême jeudi qu’il abandonnerait les autres ministères d’ici 2020. La lettre adressée souligne qu’il continuerait de servir comme Premier ministre.
Benny Gantz, à la tête de Kakhol lavan, refuse de servir dans un gouvernement dirigé par un Premier ministre visé par de graves poursuites et a appelé le Likud à choisir un autre dirigeant.
Netanyahu devra d’abord se livrer à une lutte en interne, puisqu’il sera confronté à son éternel rival Gideon Saar — et sans doute d’autres – lors de primaires visant à désigner le nouveau chef du Likud prévues le 26 décembre.
D’autres partis pourraient également revoir la constitution de leurs listes avant la date-limite du 15 janvier, jour où ils devront remettre leur liste finale à la Commission centrale électorale.
Toute requête réclamant la disqualification d’un pari ou d’un candidat de la course — comme cela est arrivé au parti arabe Balad et à celui d’extrême droite Otzma Yehudit lors des précédentes élections — sera examinée et jugée par la Haute Cour de justice le 1er février.
Bien que la Knesset soit quasiment paralysée depuis décembre 2018, et sa première dissolution, les salaires des députés doivent connaître une hausse de 3 %-3,5 % en janvier, passant ainsi à 45 339 shekels (11 700 euros) par mois, a rapporté le site d’information Ynet. Ces salaires sont actualisés une fois par an en janvier en fonction de la moyenne des salaires dans le pays.
Les élections sont normalement organisées au moins 90 jours après la dissolution de la législature. Mais le 10 mars tombant pendant Pourim et d’autres événements, les parlementaires ont mis au point une loi avançant la date du nouveau scrutin, soit le 2 mars.
Les deuxième et troisième lectures de la motion ont été adoptées à 96 voix pour et sept contre. Netanyahu, absent des premières séances parlementaires, s’est présenté pour ces deux votes conclus juste avant 3 heures 30 jeudi matin.
Le scrutin législatif d’avril 2019 est entré dans l’histoire du pays fin mai en devenant la première élection à ne pas donner lieu à un gouvernement. Il manquait alors un siège à Netanyahu pour obtenir la majorité. Le numéro un d’Yisrael Beytenu, Avidgor Liberman, avait refusé de rejoindre sa coalition en raison de désaccords autour de la loi de conscription militaire des ultra-orthodoxes avec les alliés politiques haredim de Netanyahu, ce qui avait précipité le scrutin de septembre.
Liberman a promis de soutenir une coalition laïque incluant le Likud et Kakhol lavan.
Ni Kakhol lavan ni le Likud ne dispose d’assez d’alliés pour former un gouvernement sans l’autre ou sans le soutien du parti Yisrael Beytenu. Mais les deux formations n’ont pas réussi à faire avancer les négociations d’unité.