Un plan d’approvisionnement en gaz israélien à Gaza bientôt finalisé
L'UE veut allouer au moins cinq millions de dollars au projet, tandis que l'envoyé qatari a dit que Doha financera la construction d'une partie d'un pipeline en Israël
Un accord visant à approvisionner Gaza en gaz naturel israélien, qui pourrait aider à résoudre la crise de l’électricité qui frappe l’enclave côtière, pourrait être approuvé dans les six prochains mois, a déclaré l’envoyé qatari Mohammad al-Emadi dans la journée de dimanche.
Gaza connaît un manque chronique d’approvisionnement en électricité depuis plus d’une décennie. Il n’y a qu’une seule centrale électrique sur le territoire – elle fonctionne grâce à des importations de carburant – et des pannes surviennent quotidiennement, qui peuvent durer entre huit et douze heures.
La transition de Gaza du carburant au gaz naturel est largement considérée comme une solution importante qui permettrait de résoudre la crise de l’électricité au sein de l’enclave. Cela fait des années que la construction d’un pipeline transportant du gaz naturel est envisagée, sans calendrier fixé. Ces conduites devraient ainsi relier la centrale électrique de Gaza à une centrale israélienne offshore.
« Il y a deux contrats ici : Le premier concerne l’achat du gaz, entre l’Autorité palestinienne et la corporation israélienne Delek. L’autre contrat, c’est l’installation d’un gazoduc », a continué al-Emadi.
Le gaz naturel en question devrait provenir de la plateforme offshore Leviathan, au large d’Israël, a noté un porte-parole de Delek. Delek prendra aussi en charge la mise en place du système de transmission pour le gazoduc.
Il est difficile de dire si l’entreprise Delek sera payée par le Trésor qatari, le Qatar n’entretenant pas de liens officiels avec Israël.
Delek s’est refusé à tout commentaire supplémentaire.
Avec l’approbation d’Israël, le Qatar, depuis 2018, a fourni périodiquement des millions de dollars de liquidités au Hamas, à Gaza, pour financer le carburant utilisé par la centrale électrique de la bande, mais aussi des projets d’infrastructures. Ces fonds ont également aidé des dizaines de milliers de familles défavorisées.
Al-Emadi, qui fait régulièrement le voyage entre Israël, le Qatar et Gaza, amenant avec lui l’argent et les messages à transmettre de Doha, joue depuis le rôle de médiateur officieux entre les trois parties. Il s’est rendu au sein de l’Etat juif et à Gaza, la semaine dernière, pour la première fois depuis plusieurs mois, pour remettre une enveloppe financière et pour s’entretenir avec des responsables israéliens et du Hamas.
Selon al-Emadi, l’usage du gaz naturel – à la place du carburant, qui est relativement plus onéreux – pourrait réduire de manière spectaculaire le coût des subventions énergétiques versées par l’Autorité palestinienne et le Qatar à l’enclave côtière.
« Le pipeline réduira le coût annuel de l’électricité de 22 millions de dollars à moins de dix millions », a commenté al-Emadi.
L’Union européenne a alloué 55 millions de dollars pour construire une partie de ce pipeline, même si la somme doit être encore versée. Le Qatar versera les fonds nécessaires à l’installation des canalisations sur le territoire israélien, a ajouté al-Emadi.
« L’importance de ce projet n’est pas seulement qu’il permettra, à une grande échelle, de répondre aux demandes en énergie de la bande de Gaza. Il aidera aussi à alimenter l’usine de désalinisation de Gaza, ce qui offrira un accès à l’eau potable à de nombreux habitants de la bande », a annoncé Sven Kühn von Burgsdorff, envoyé de l’Union européenne auprès des Palestiniens.
Contrairement aux informations parues dans les médias israéliens, néanmoins, aucun accord n’a encore été officiellement signé entre Israël, le Qatar, l’Union européenne et l’Autorité palestinienne concernant l’approvisionnement en gaz à Gaza, a ajouté Kühn von Burgsdorff.
Il a indiqué espérer que l’accord pourrait être finalisé « dans les prochains mois ».
« Toutes les parties veulent faire avancer le projet », a déclaré Kühn von Burgsdorff au cours d’un entretien téléphonique.
Dans un communiqué, le ministre israélien de l’Energie, Yuval Steinitz, a pour sa part déclaré que l’accord permettrait de « réduire la pollution de l’air dans la région ».
« L’accord concernant l’approvisionnement de gaz naturel par Israël à la centrale électrique de Gaza sera conclu avec notre coopération pleine et entière », a-t-il précisé.
Al-Emadi a indiqué s’attendre à ce que le pipeline soit terminé d’ici deux ans ou d’ici deux ans et demi. Tandis que Kühn von Burgsdorff s’est montré plus hésitant à fixer un calendrier, il s’est dit optimiste sur la finalisation, d’ici quelques mois, de ce projet très attendu.
« Tout doit être mis en place dans les deux ou trois mois à venir », a-t-il affirmé. « Nous sommes impatients d’officialiser les intérêts et les initiatives des quatre parties. Nous espérons qu’il y aura des progrès dans ce projet qui est de l’intérêt de tous ».