Un professeur de Dartmouth signe une déclaration pro-BDS, des intellectuels juifs le défendent
Les universitaires affirment que le traitement subi par N. Bruce Duthu est injuste et a influé négativement sur la liberté académique
Un groupe d’universitaires juifs qui s’opposent au mouvement de boycott anti-Israël ont déploré la campagne menée contre un professeur de Dartmouth qui a soutenu le BDS, indiquant qu’elle a influé négativement sur la liberté académique.
N. Bruce Duthu, doyen associé et membre de la faculté des études amérindiennes à l’université Darmouth, a décliné sa nomination au poste de doyen de la faculté cette année en raison d’une intense controverse sur des propos qu’il aurait tenus en faveur du mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre Israël.
En réponse, huit membres de l’Alliance pour la Liberté académique, partisan du sionisme libéral, ont fait remarquer lundi, dans un article d’opinion paru dans Inside Higher Education, que bien que Duthu ait signé une pétition en faveur des boycotts universitaires d’Israël, il a « adhéré » à l’opposition officielle au boycott de l’université, et s’est engagé à continuer sur cette lancée en tant que doyen de la faculté.
Selon les auteurs de l’article, les détracteurs pro-Israël de Duthu l’ont traité « injustement » et ont desservi « la cause des études juives et des études d’Israël ».
Parmi les signataires de l’article figuraient Deborah Dash, professeur spécialisée en Histoire juive à l’université du Michigan, et Cary Nelson, ancien président de l’Association américaine des professeurs d’université.
Le 22 mai, Duthu a décliné la nomination au poste de doyen de la faculté des Arts et des Sciences de Dartmouth et a décidé de démissionner de son poste de doyen associé des études interdisciplinaires, après que sa signature apposée à un communiqué appelé à un boycott des institutions israéliennes a suscité quelques inquiétudes.
Dans ce communiqué, l’Association des études amérindiennes et indigènes (NAISA), a appelé ses membres à « boycotter les institutions académiques israéliennes parce qu’elles sont imbriquées dans l’État d’Israël, et que nous souhaitons faire pression sur cet État pour qu’il change ses politiques. »
Au début du mois de mai, Alan Gustman, professeur d’Économie à Dartmouth a rédigé une lettre de la part de l’ensemble de la faculté, appelant Duthu à condamner publiquement le communiqué du BDS ou à démissionner de son poste de doyen, a indiqué le journal de Dartmouth.
Duthu a répliqué par écrit : « Je continuerai à croire en le droit des citoyens privés à exprimer leur désaccord avec les politiques de n’importe quel gouvernement. Parallèlement, je ne pense pas qu’un boycott des institutions universitaires est la réaction adéquate. Au lieu de cela, je soutiens un engagement collégial durable et ouvert avec d’autres universitaires, notamment en recherche collaborative et dans l’enseignement ».
Gustman a fait remarquer que la réponse de Duthu ne signifiait pas qu’il retirait son soutien à la lettre de la NAISA.
Parmi les défenseurs de Duthu, figurait Susannah Heschel, membre de la faculté et directrice des Études juives. Elle a déclaré à l’Alliance pour la Liberté académique qu’elle n’avait « jamais entendu de sa part quoi que ce soit qui puisse être de près ou de loin, problématique envers Israël, et je pense que plusieurs de mes collègues juifs qui sont politiquement bien plus à droite que moi, pensent pareil ».
Elle a souligné que Duthu l’a aidée à organiser des visites à l’université hébraïque et à l’université de Tel Aviv.
« De plus », a-t-elle écrit, « Bruce a été invité à une conférence à l’université hébraïque, et il a accepté avec enthousiasme. Preuve en est qu’il ne boycotte pas ».
Duthu a déclaré qu’il reviendra le 1er juillet au département des études amérindiennes en tant que membre de la faculté.