Un rabbin d’Anvers dépose plainte auprès de la police contre six circonciseurs
Moshe Aryeh Friedman, considéré comme un provocateur par de nombreux membres de la communauté juive belge, dit que la "metzitzah bapeh" est dangereuse et inutile
Un rabbin anversois a déposé une plainte auprès de la police locale contre six mohels, ou circonciseurs, les accusant d’avoir mis en danger des enfants pour avoir aspiré oralement le sang du pénis de bébés qu’ils venaient de circoncire selon le rituel juif.
Cette coutume controversée, connue sous le nom de metzitzah bapeh, qui signifie en hébreu « sucer avec la bouche », serait à l’origine du décès d’au moins un enfant à New York en 2012 des suites d’un herpès. Une autre épidémie a éclaté en 2017 chez des nourrissons appartenant à des familles haredim à New York et a été attribuée à la metzitzah bapeh.
« C’est une coutume terrible qui met inutilement la vie des enfants en danger », a déclaré le rabbin Moshe Friedman au Times of Israel, en évoquant les mohels contre lesquels il a déposé une plainte auprès de la police le mois dernier. Les rabbins qui ne pratiquent pas la coutume utilisent une pipette pour retirer l’excès de sang de la plaie de la circoncision.
La plainte a ouvert un débat en Belgique sur le sujet, à un moment où plusieurs pratiques juives et musulmanes, dont la circoncision non-médicale des garçons, sont attaquées à la fois par les progressistes, qui les considèrent comme abusives, et par certains conservateurs, qui y voient une importation étrangère malvenue.
De nombreux Juifs belges considèrent Friedman comme un élément anticonformiste et provocateur. Il a publiquement critiqué de nombreuses coutumes importantes aux Juifs orthodoxes de Belgique et d’Anvers, qui représentent la majorité des Juifs de la ville (18 000).
Friedman affirme dans sa plainte que la metzizah bapeh est illégale en vertu de la loi belge.
Michaël Bouchez, le directeur des plaintes du Commissariat aux droits de l’enfant, une organisation créée en 1997 par le Parlement de la Région flamande de Belgique, a remis en question cette interprétation juridique dans une lettre adressée à Friedman.
« Les avis sont multiples et la législation n’est pas satisfaisante », a écrit Bouchez à Friedman au mois d’août.
L’un des mohels contre lesquels Friedman s’est plaint à la police, Jitzchok Weiss, a reconnu qu’il pratiquait la metzitzah bapeh, mais a déclaré que cela ne présentait aucun danger. « J’ai pratiqué plus de 2 000 circoncisions, la plupart avec la metzitzah bapeh. Il n’y a jamais eu aucun problème », a affirmé Weiss.
Weiss a rejeté la plainte de Friedman comme étant « une provocation et un coup de pub. Cet homme s’est donné pour mission de harceler notre communauté juive. Nous comptons bien l’ignorer ».
En 2006, Friedman a assisté à une conférence présentant des interprétations mensongères de la Shoah, organisée par le président iranien de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad, à Téhéran. En 2013, Friedman a obtenu d’un juge qu’il oblige une école juive pour filles à admettre deux de ses garçons – une attaque dirigée contre la congrégation qui le traite comme un paria.
En 2018, il a déclaré que la méthode juive orthodoxe d’abattage des animaux pour la viande, la shkhita, était cruelle. Cette pratique a été interdite l’année suivante dans deux des trois États de la Belgique.
La Belgique est l’un des nombreux pays d’Europe où la shkhitah et son équivalent musulman, la dabhihah ou la zabihah, ont été interdits ces dernières années. L’exigence religieuse selon laquelle les animaux doivent être conscients lorsqu’ils sont tués est considérée comme cruelle par les groupes de défense des animaux et barbare par de nombreux cercles de droite qui s’opposent à l’immigration musulmane en Europe et, dans certains cas, à la présence juive.
Une dynamique similaire est en train de se mettre en place autour de la circoncision non médicale des garçons, ou milah en hébreu, bien qu’aucun pays européen n’ait jusqu’à présent interdit cette pratique.
Friedman se dit persuadé que les autorités belges donneront suite à sa plainte, ce qui conduira à des perquisitions et éventuellement à des arrestations.
Le Consistoire belge, une organisation reconnue par l’État et chargée de fournir des offices religieux aux juifs locaux, a rejeté les accusations de Friedman. Dans un communiqué, le Consistoire a déclaré qu’il n’avait jamais eu à déplorer aucune urgence médicale liée à la circoncision en Belgique et que toutes les circoncisions étaient pratiquées par des professionnels et dans le respect des règles d’hygiène les plus strictes.