Un responsable CGT condamné pour « apologie du terrorisme » après avoir justifié le 7 octobre
Le tribunal a estimé que les propos de Jean-Paul Delescaut dédiabolisaient les auteurs des attaques, incitaient à "amoindrir la réprobation morale" à leur encontre et opéraient une inversion entre victimes et terroristes
Le tribunal correctionnel de Lille a condamné jeudi un responsable CGT à un an de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme » via des propos tenus dans un tract de soutien aux Palestiniens, une condamnation dont il a fait appel.
Le tribunal a condamné le secrétaire général de l’Union départementale CGT du Nord, Jean-Paul Delescaut, à un an d’emprisonnement assorti de sursis simple pour apologie du terrorisme, mais l’a en revanche relaxé des faits de provocation publique à la haine ou à la violence.
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a dénoncé sur X un « jugement honteux » représentant « un cap gravissime franchi dans la répression des libertés ».
« C’est un très mauvais signal qui est donné au titre de la liberté d’expression sur ce conflit qui crispe, pour le dire en euphémisant, le monde politico-médiatique », a estimé le député LFI Ugo Bernalicis, qui s’est rendu au tribunal.
Le syndicaliste était poursuivi pour un tract diffusé par le syndicat le 10 octobre, trois jours après l’attaque terroriste du Hamas contre Israël.
« Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi (7 octobre, NDLR) elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées », pouvait-on notamment y lire.
Ce tract rédigé collectivement a été publié sous la responsabilité de M. Delescaut.
Le tribunal a estimé que les propos visés dédiabolisaient les auteurs des attaques, incitaient à « amoindrir la réprobation morale » à leur encontre et opéraient une inversion entre victimes et auteurs d’actes terroristes.
Le tribunal a également souligné que le tract ne contenait « aucune condamnation explicite ou implicite des actes du 7 octobre ».
Il a fait valoir que ces propos pouvaient avoir des « conséquences concrètes » en France, où la majorité des actes antisémites commis « relèvent d’un déplacement de ce conflit sur le territoire (national) ».
M. Delescaut devra verser 5.000 euros à une association reconnue partie civile, l’Organisation juive européenne, au titre de son préjudice moral.
Il était absent pour le délibéré et ses avocats n’ont pas souhaité faire de commentaire, indiquant seulement que leur client interjetait appel.
Lors de l’audience le 28 mars, la procureure avait estimé que le tract « constituait une légitimation d’un attentat de masse sous couvert d’une analyse historique ».
Sophie Binet et le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon étaient venus apporter leur soutien à M. Delescaut.
La CGT du Nord avait dénoncé « une attaque d’une grande violence contre le syndicalisme ».