Un responsable de l’Education compare les politiques ministérielles à la Turquie
Le président des chefs d'universités, présentant sa démission, a critiqué le renvoi par Zeev Elkin du directeur de l'enseignement supérieur, évoquant un danger pour la démocratie
Le président de la commission des doyens d’universités a annoncé mardi qu’il présentait sa démission, s’en prenant au nouveau ministre de l’Enseignement supérieur et comparant les politiques gouvernementales mises en place dans le secteur de l’éducation en Israël à celles de la Turquie.
« Nous assistons à des tentatives visant à prendre le contrôle des sciences en Israël et qui ont pour objectif d’intimider, d’affaiblir, de censurer et de permettre à des intérêts politiques de dicter l’agenda de la recherche », a écrit Ron Robin dans un courrier écrit aux élèves et aux personnels de l’université de Haïfa dont il est le président.
« Il y a un danger clair et immédiat qui plane dorénavant sur l’Etat d’Israël et sur nous tous », a-t-il ajouté.
Robin a précisé que sa décision de démissionner a suivi une série d’initiatives entreprises par le ministre de l’Enseignement supérieur Zeev Elkin, dont la plus grave a été la décision de ne pas reconduire à sa fonction Michal Neumann au poste de directrice de l’Enseignement supérieur. Neumann avait remplacé Matanyahu Englman il y a six mois, quand ce dernier avait été désigné contrôleur de l’Etat. Son mandat s’est achevé cette semaine.
Robin a affirmé que la décision prise par Elkin de se débarrasser de Neumann avait été motivée par son intention d’affaiblir l’indépendance du Conseil de l’enseignement supérieur – « Ce saint des saints dont le rôle est de servir de tampon entre la politique et la science ».
Il a ajouté qu’Elkin cherchait à « paralyser » les gardiens du savoir académique dans le pays.
Robin a expliqué qu’en Turquie, « comme dans d’autres endroits où il y a eu des tentatives visant à éliminer la démocratie », les institutions d’enseignement supérieur ont été parmi les premières à être prises pour cible.
« L’Etat d’Israël marche dans la même direction que certains de ces lieux très obscurs », a-t-il estimé.
Répondant au courrier, Elkin a semblé rejeter Robin comme appartenant à « un cartel, ici, qui souhaite conserver son pré carré ».
« Le conseil de l’Enseignement supérieur tente d’avoir le contrôle exclusif sur tous les budgets, d’avoir le contrôle exclusif sur plus de douze milliards de shekels sans aucune transparence », a écrit Elkin, ajoutant que les fonds méritaient également d’aller vers les écoles qui ne font pas partie du Conseil de l’enseignement supérieur.
« Il ne manque pas de rapports émanant du contrôleur de l’Etat qui indiquent des défaillances dans la gestion des fonds des institutions variées du Conseil de l’enseignement supérieur », a poursuivi Elkin.
Ce sentiment fait écho à celui qui avait été exprimé par l’un des prédécesseurs d’Elkin, Naftali Bennett, qui avait affirmé de la même manière qu’un « cartel » se trouvait à la tête du Conseil, empêchant les réformes et l’addition d’une nouvelle université dans les implantations.
Elkin occupe un poste qui a été créé à l’occasion de la formation du gouvernement actuel, dont les responsabilités dérivent du ministère de l’Education et de celui de la Protection environnementale (Elkin est également ministre de l’Eau).
Depuis qu’il tient ce rôle, il s’est querellé avec des membres du Conseil de l’enseignement supérieur en raison de son soutien à l’arrêt des examens sur les campus dans un contexte de pandémie de coronavirus.