Un soldat, soupçonné d’avoir menacé les manifestants avec une arme, arrêté
Les manifestants, au carrefour de Beit Kama, ont indiqué que le militaire avait précipité son camion dans leur direction avant d'en sortir ; la police militaire enquête
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Un soldat israélien a été placé en détention par les agents de police dans le sud d’Israël mercredi après avoir apparemment sorti une arme à feu et menacé un groupe de manifestants qui protestaient contre le plan de refonte du système judiciaire du gouvernement.
Un porte-parole de la police a indiqué que pendant le rassemblement organisé au carrefour de Beit Kama, au nord de Beer Sheva, un soldat était sorti d’un camion militaire et qu’il avait menacé, semble-t-il, les manifestants.
Ces derniers ont affirmé que le soldat avait accéléré dans leur direction et qu’il avait brandi son arme dans leur direction de façon menaçante.
« Nous étions sur le rond-point et le soldat a commencé à accélérer… il a presque touché l’agent de la police des frontières qui montait la garde autour de nous ainsi que plusieurs policiers », a commenté Gil Inbar, l’un des protestataires, auprès du site d’information Ynet.
« Les manifestants ont tenté de le stopper ainsi que la police. Il a arrêté le camion, il est sorti avec son arme et il a crié », a-t-il dit.
Les agents présents sur les lieux ont placé le soldat en détention et ils ont informé l’armée de ce qui s’était passé, a poursuivi le porte-parole.
אירוע חריג בהפגנות בדרום: חייל התעמת עם מפגינים והניף לעברם את נשקו. שוטרי תחנת רהט, שאבטחו את המחאה בבית קמה, עיכבו אותו והוא הועבר לחקירת מצ"ח. אחד המוחים במקום: הוא האיץ באמצע הכיכר, כמעט עלה על הניידת@Itsik_zuarets pic.twitter.com/rKLOUeMYOu
— כאן חדשות (@kann_news) March 1, 2023
Le soldat a été confié à la police militaire en vue d’un interrogatoire supplémentaire.
Un porte-parole de Tsahal a confié au Times of Israel que l’arme du soldat avait son cran de sûreté et qu’il n’y avait pas de chargeur à l’intérieur.
« L’affaire a été transférée à la police militaire pour examen et les circonstances de cet incident sont examinées », a ajouté le porte-parole.
Cet incident est survenu dans le cadre de manifestations massives dans tout le pays qui ont marqué « une Journée de perturbations » dans le cadre des initiatives de réforme du système judiciaire prises par le gouvernement.
Au moins onze personnes blessées dans des heurts avec la police à Tel Aviv sont arrivées dans les hôpitaux pour des hématomes, des coupures et des brûlures. Un homme aurait perdu une oreille, apparemment après avoir été touché par une grenade incapacitante.
Et au moins 50 personnes ont été arrêtées dans ces manifestations nationales – avec des blocages de routes, des services ferroviaires perturbés et des milliers de personnes qui sont sorties dans les rues. Dans une vidéo qui a été largement partagée sur internet, des agents de la police des frontières immobilisent un homme au sol, l’un d’eux le coinçant en appuyant son genou sur sa nuque.
Dans une rencontre récente avec les hauts-responsables militaires, le chef d’état-major, Herzi Halevi, a indiqué être conscient de la controverse qui entoure le plan de refonte mais il a déclaré qu’il ne permettrait pas que « la capacité de l’armée à mener à bien ses missions » soit mise en péril.
Il y a une liste de plus en plus importante de réservistes de l’armée qui menacent de ne plus assurer leur devoir de réserve en signe de protestation contre le plan gouvernemental.
Ces réformes radicales qui sont aujourd’hui avancées en toute hâte à la Knesset accorderaient au gouvernement le contrôle total sur la nomination des juges et notamment sur celle des magistrats de la Haute-cour, elles ôterait à la Haute-cour sa capacité à procéder au réexamen judiciaire et au rejet d’éventuelles législations et elles permettraient aux politiciens de nommer – et de renvoyer – leurs propres conseillers juridiques.
Selon les critiques, le plan portera gravement atteinte au caractère démocratique d’Israël en faisant exploser l’équilibre des pouvoirs, plaçant presque tous les pouvoirs entre les mains de l’exécutif et laissant les droits individuels et ceux des minorités sans protection.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu repousse, pour sa part, ces critiques, assurant que les propositions renforceront la démocratie plutôt qu’elles ne l’affaibliront et que le gouvernement ne fait que suivre la volonté du peuple.