Une artiste voit du réalisme et du romantisme partout : à la plage, dans la rue…
Zavi Apfelbaum présente sa dernière collection, 'Observatoire,' à la Maison des artistes de Tel Aviv
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Un vendeur de glaces sur la plage, un champ verdoyant en Toscane, les douces collines qui surplombent Efrat, des orteils manucurés dans un hamac, une rue de Tel Aviv bordée de bâtiments de style Bauhaus, avec le bleu du ciel et le vert des célèbres poubelles au premier plan.
Chacun de ces tableaux, éminemment réaliste et romantique, est extrait de la dernière exposition en date de l’artiste Zavi Apfelbaum, « Observatoire », visible à la Maison des artistes de Tel Aviv jusqu’au 14 octobre, pour découvrir la vision de cette artiste de Jérusalem des lieux et personnages qui peuplent le quotidien israélien.
« Je ne recherche pas les choses », explique Apfelbaum, à l’occasion d’une visite de son exposition. « Lorsque je m’arrête sur quelque chose, je n’essaie pas de comprendre pourquoi. Je ne réfléchis pas. Ce n’est pas un processus intellectuel. Si quelque chose attire mon attention, alors c’est que c’est digne d’attention. »
Cette exposition de quelque 18 peintures à l’huile est l’occasion pour le conservateur, Ermanno Tedeschi, qui a travaillé avec Apfelbaum sur une autre exposition l’an dernier dans sa galerie de Turin, de donner à voir toute la gamme des sujets qui intéressent l’artiste.
L’observation attentive des oeuvres permet de prendre conscience des infimes détails mis en avant dans ces représentations de natures mortes, paysages familiers, chaises de plage rayées ou téléphones portables.
On retrouve des scènes de plage israéliennes, comme cette vue du poste de sauvetage ou cette femme âgée drapée dans une serviette colorée, aux côtés de tableaux représentant des plages rocheuses à Hawaii, qu’Apfelbaum et son mari ont découverts récemment.
Nul doute qu’Apfelbaum et ses admirateurs israéliens ont un lien personnel avec ces plages de Tel Aviv ou les collines de Jérusalem, ce qui permet de se connecter intimement aux oeuvres, dit-elle.
Il est possible que la Toscane ou Hawaï parlent moins aux observateurs, mais ces paysages « se nourrissent de beaucoup d’autres choses », explique-t-elle, « des éléments familiers, comme une odeur ou une certaine lumière, une humeur ou un geste, capables de susciter des émotions ».
La peinture a toujours fait partie de la vie d’Apfelbaum, depuis son enfance à Los Angeles jusqu’à sa longue vie en Israël en passant par ses études d’art au Barnard College, en plus de sa vie de famille et de son travail à temps plein au ministère des Affaires étrangères.
Elle se souvient du jour où, enfant, ses dessins de ballon ont intéressé les passants d’un parc de Los Angeles. C’est là qu’elle a pris conscience qu’elle avait quelque chose qui attirait l’attention. Apfelbaum n’a jamais été artiste à temps plein, mais c’est pour elle bien plus qu’un passe-temps.
« A certains moments, je suis un peu plus active, à d’autres, moins, mais la peinture est une constante dans ma vie », confie Apfelbaum.
C’est une rencontre fortuite avec Tedeschi, galeriste dans sa ville natale de Turin (Italie), ainsi qu’à Rome et Milan, qui a conduit Apfelbaum vers de nouveaux publics et des façons différentes d’aborder son oeuvre.
Tedeschi a accueilli Apfelbaum pour une exposition à Turin l’an dernier, en plus de sa participation à une exposition collective d’artistes israéliens dans un musée de Gênes.
L’une des conséquences de son travail avec Tedeschi est l’inclusion de davantage de personnes dans ses paysages. Lorsque des silhouettes et visages viennent habiter ces scènes tranquilles et propices à l’introspection, ils se muent en mouvements dans le paysage, explique Apfelbaum.
Cela relève pour elle de la même sensation que celle éprouvée devant une de ses oeuvres, en reconnaissent des lieux, un quartier, un paysage ou une ambiance, une lumière ou même une émotion.
Apfelbaum dit avoir commencé à dessiner des gens, comme ces deux filles occupées à faire un selfie sur la plage ou cette femme assise sur une chaise rayée, à la mer Morte, mélange de familiarité et du sentiment que procure le regard porté sur un lieu bien connu.
« C’est une manière de se connecter directement à quelqu’un, à son être profond », dit-elle. « Ce n’est pas la personne qui m’intéresse, mais la possibilité de me connecter à ce qui lui est familier, à une scène ou un mouvement fait si souvent que cela fait immédiatement surgir des souvenirs. »
Si une scène l’interpelle et lui fait ressentir quelque chose, c’est là qu’elle regarde et peint, explique Apfelbaum.
« Si je représente fidèlement ce que j’ai devant les yeux, alors cela évoquera quelque chose pour certains ». « Peut-être pas la même émotion que celle qui m’a étreinte, mais il y aura quelque chose. C’est mon unique ambition, me connecter à autrui, être en phase avec les gens et faire surgir en eux ce qui doit s’exprimer. »
Maison des Artistes de Tel Aviv, 9 rue Alharizi, Tel Aviv. Entrée gratuite.