Une association offre des séjours en “tzimmer” pour des patients atteints d’un cancer
Avec 7 000 chambres en Israël et un faible taux de fréquentation en semaine, les propriétaires se montrent généreux avec leurs hébergements
Villa Vitrage, un tzimmer du village de Beit Hillel, sur le plateau du Golan, n’a quasiment que des critiques avec 4,5 étoiles sur Trip Advisor.
Les hôtes parlent du jardin luxuriant et plein de fleurs et de l’hospitalité chaleureuse et attentionnée des propriétaires. Ils n’ont cependant pas tendance à mentionner la soupe.
La soupe maison, a expliqué Yuval Olshinski, qui aide ses parents, Iris et Gili, à gérer l’endroit, est proposée aux hôtes pour 10 shekels le bol.
Tous les bénéfices financent les nuits gratuites que les Olshinski offrent régulièrement aux patients atteints d’un cancer via Refanah, une association à but non lucratif qui organise des séjours gratuits en tzimmer pour les couples ou les familles israéliennes faisant face à l’épreuve douloureuse d’un cancer.
« Les gens ont tendance à acheter la soupe, a déclaré Olshinski. D’abord, ils veulent de la soupe. Mais c’est toujours plus agréable de donner quelque chose et de recevoir quelque chose en retour, même si c’est quelque chose de petit et symbolique comme un bol de soupe. »
L’argent de la soupe aide à payer les coûts de nettoyage et de nourriture des Olshinski pour les séjours, et leur permet d’offrir un séjour par mois à Refanah.
Avec seulement 10 cabines dans le village de Beit Hillel, et un taux de fréquentation de 70 à 80 %, le tzimmer de la famille est petit mais populaire, a déclaré Olshinski.
« Mais il y a toujours un moment où nous n’avons un taux de fréquentation que de 50 % pendant la semaine, donc nous sommes heureux de le donner à ceux qui en ont besoin », a-t-il déclaré.
C’est l’idée de Refanah, l’effort d’une femme qui a commencé par Robyn Shames, de Jérusalem. Elle a entendu parler de Cottage Dreams, une association similaire en Ontario (Canada), quand un de ses proches qui souffrait d’un cancer du sein a été envoyé en vacances dans une cabine au bord d’un lac, sur la base de la disponibilité des propriétaires à donner une nuit ou deux.
« J’ai trouvé que l’idée était vraiment très intéressante, particulièrement avec tous les appartements fantômes dans ce pays, a déclaré Shames. J’ai aimé l’idée d’utiliser les ressources disponibles et pas complètement utilisées au bénéfice de personnes qui en auraient vraiment besoin. »
Shames, ancienne directrice exécutive d’ICAR, la coalition internationale pour les droits de la agunah, qui protège les femmes [aguda] dont les maris ne leur accordent pas l’acte de divorce juif [guet], a au départ créé Refanah seule, une forme personnelle de don juif, sa tentative de « faire quelque chose de bien tous les jours ». Mais elle a rapidement croulé sous la logistique et l’organisation de vacances gratuites pour les survivants du cancer, et ensuite, pour les patients également.
L’idée d’utiliser les appartements fantômes, les maisons de vacances de propriétaires étrangers qui ne sont là que quelques semaines par an, n’a pas fonctionné pour des raisons d’assurance. Si les personnes à qui l’on donnait la clef du domicile de quelqu’un d’autre cassaient ou volaient des objets, les assurances n’auraient pas couvert ce genre de dommages, a expliqué Shames.
Elle a ensuite réalisé que les tzimmer israéliens, ces cabines pastorales et ces appartements utilisés comme des bed-and-breakfast, ressemblaient beaucoup au modèle des cabines canadiennes qu’elle imitait.
Elle a appelé et envoyé des e-mails au hasard à 100 propriétaires de tzimmers pour voir combien d’entre eux diraient oui. Shames pensait que si elle obtenait entre 5 et 10 % de oui, elle pourrait avancer dans son projet. Elle a donc été surprise quand elle a vu que 50 % des propriétaires étaient d’accord et proposaient leurs cabines pour des visites multiples et répétées.
« Les gens sont en général très, très excités de cette opportunité de faire quelque chose d’agréable, a déclaré Shames. Ma grande surprise est le nombre d’endroits qui me donnent carte blanche et me disent ‘Continuez à nous envoyer des gens, et quand cela sera assez, nous vous le dirons’. »
L’un de ses hôtes réguliers est Tova Haddad, ancienne résidente du Gush Katif, dans la bande de Gaza, qui vit maintenant avec sa famille à Avnei Eitan, un village du plateau du Golan, où elle gère plusieurs cabines pour des couples et des familles.
Elle a entendu parler de Refanah par un ami de la communauté qui travaillait avec Shames.
« C’est facile de faire ce genre de bonnes actions via notre affaire, a déclaré Hadad. Le coût pour nous n’est pas énorme, particulièrement pendant les moments où nous n’avons pas beaucoup de réservations. Et nous gagnons beaucoup du bonheur que nous pouvons apporter à ces couples et ces familles. »
Le tzimmer de Hadad est l’un des rares listés par Refanah qui peut accueillir de grandes familles, et elle héberge souvent, a déclaré Shames, des familles qui ont jusqu’à sept enfants.
« Nous avons un grand espace, a déclaré Hadad. C’est le moyen le plus facile d’aider quelqu’un avec ce que j’ai. »
Il a été plus facile que Shames ne le pensait de trouver des propriétaires de tzimmer volontaires pour offrir des hébergements. Avec environ 7 000 tzimmer en Israël, et un taux d’occupation moyen de 50 % le week-end et 25 à 30 % en semaine, les propriétaires sont heureux d’avoir l’opportunité de faire quelque chose de bien, a-t-elle expliqué. La plupart offre des séjours en semaine, et beaucoup n’inclut pas le petit déjeuner.
Son projet initial était d’offrir via Refanah des vacances aux survivants du cancer célébrant leur guérison. Elle a d’abord reçu des noms d’autres organisations de soutiens aux patients, qui lui ont ensuite suggéré d’en offrir également aux personnes en traitement.
« Pour certains, ce sont les dernières vacances qu’ils seront capables de passer », a-t-elle déclaré.
Shames gère le système via le site internet de Refanah, qui comprend une liste des tzimmer, accessible via un code d’accès uniquement aux participants de Refanah qui ont obtenu le certificat médical indispensable pour vérifier leur maladie et leur capacité à voyager.
La plupart des tzimmer propose une fenêtre de deux mois pour les disponibilités, mais ont un accord avec Refanah, selon lequel ils peuvent reprogrammer le séjour s’ils ont une réservation payante en même temps.
« Je leur dit que s’ils ont besoin de nous déplacer, ils peuvent, a déclaré Shames. Je ne veux pas ruiner leur revenu. »
Il y a également un dépôt de 100 shekels que les participants de Refanah doivent payer, un coussin pour Shames et les tzimmer au cas où un participant ne vient pas.
Il y a eu de rares occasions où les bénéficiaires de Refanah n’appréciaient pas le cadeau qu’ils recevaient. Il y a eu cette famille avec huit enfants qui n’a pas accepté que la propriétaire ne puisse pas les héberger, et ont finalement mis la pagaille dans les chambres quand elle a abandonné. Ou une autre invitée de Refanah qui s’est plainte que les tzimmer disponibles sur le site n’étaient pas assez luxueux pour elle.
« Je ne suis pas une agence de voyage », a dit Shames, qui se paie via les petites donations qu’elle a obtenu de plusieurs organisation, de la famille et des amis. « Je dirai que 98 %, et même 99 % de mes donateurs sont heureux de proposer leurs tzimmer et autant pour ceux qui peuvent y partir. »
Les propriétaires de tzimmer ont également été flexibles, une famille avec 10 enfants ne pouvait pas rentrer dans le tzimmer qu’ils avaient choisi pour un séjour de quatre jours.
Les propriétaires leur ont permis d’échanger. D’autres ont offert des cadeaux similaires à des familles avec des enfants à besoins particuliers, ou victimes du terrorisme, et considèrent que le don à Refanah fait partie de leur donation de charité annuelle.
A Mashabim, la maison d’hôtes du kibboutz Mashabei Sade dans le Néguev qui a 78 chambres, la propriétaire Leah Sorek a déclaré qu’elle ne prêtait pas toujours attention à ses hôtes individuellement. Elle aime les laisser vivre, leur donner le temps de se reposer et de rassembler leur énergie.
« Ils nous laissent toujours une note de remerciement, a-t-elle déclaré. Nous ne le faisons pas quand nous sommes pleins, mais si nous avons des chambres libres, nous sommes heureux d’aider quelqu’un. »
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