Une chanteuse ukrainienne sur scène en Israël aux côtés de la star Ivri Lider
Viktoria Korniykova, qui vit à Berlin, affirme qu'il est difficile de comprendre les problèmes d'une autre nation ; une partie des recettes sera reversée à MDA en Ukraine
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
La chanteuse ukrainienne Viktoria Korniykova n’est jamais venue en Israël auparavant, mais n’a pas encore vu grand-chose de plus que son hôtel ou de l’amphithéâtre du parc Hayarkon où elle s’est produite jeudi soir avec son groupe, Leléka, aux côtés du chanteur Ivri Lider pour célébrer la Journée de l’Europe.
« Je veux me faire une idée de ce qu’est Tel Aviv », a déclaré Korniykova, qui a ajouté qu’elle prévoyait de passer la journée de vendredi à se balader dans la ville avant de rentrer à Berlin, où elle vit depuis sept ans.
L’artiste d’origine ukrainienne a été invitée à se produire à l’Euro Party organisée par la délégation de l’Union européenne auprès de l’État d’Israël avec Lider, une partie des recettes étant destinée à soutenir les efforts des services d’urgence de Magen David Adom en Ukraine.
Le spectacle était spécial, a déclaré Korniykova, un signe de solidarité pour l’Ukraine.
« J’ai ressenti une vraie responsabilité en sachant que ce public ne voulait pas seulement s’amuser, mais aussi soutenir l’Ukraine », a-t-elle déclaré.
Le groupe de Korniykova, Leléka, est une collaboration entre musiciens de Pologne et d’Allemagne, jouant un mélange inhabituel de jazz européen et de folk ukrainien, créant un son expérimental plein d’improvisation.
Leurs albums comprennent de la musique traditionnelle ukrainienne, comme « Karchata » ; une vieille chanson folklorique ukrainienne est la première piste de leur nouvel album « Sonce u Serci » (Soleil dans le cœur).
Korniykova a tendance à chanter également « Plyve Kacha » lors de nombreux concerts, une chanson contre la guerre qui figure dans l’album de Leléka de 2017.
La chanson est une conversation entre une mère et son fils, leur dernière avant qu’il ne parte à la guerre.
« Il sait qu’il va mourir », a déclaré Korniykova. « C’est le pleur de sa mère ».
Chanter cette chanson, un morceau triste et sincère, est comme une thérapie pour elle, a expliqué Korniykova.
« Il y a toujours une minute de silence de la part du public que je ne demande pas ; c’est un moment où je peux exprimer quelque chose que le peuple ukrainien ressent, et que toutes les mères qui ont perdu un enfant ressentent », a déclaré Korniykova. « Une mère c’est universelle. Les mères n’ont pas de nationalité et je souhaite simplement , au plus profond de moi, que nous puissions tous vivre en paix et ne plus jamais avoir de mères qui perdent leurs enfants. »
Si Korniykova vit en Allemagne depuis sept ans, sa famille vivait encore en Ukraine au début de la guerre.
Elle a passé les premières semaines de la guerre à évacuer en lieu sûr sa sœur et ses trois enfants qui vivaient à Kiev, sa mère et sa grand-mère handicapée physiquement qui n’avaient pas voyagé depuis de nombreuses années, et son père qui vivait encore dans la région orientale du Donbas, où Korniykova a grandi.
Elle les a tous amenés en Allemagne, installant chaque cellule familiale dans différents villages du pays.
Korniykova est toujours en contact étroit avec ses amis en Ukraine, et passe beaucoup de temps sur son téléphone pour aider là où elle le peut.
Le concert de l’Euro Party à Tel Aviv a offert une perspective différente de sa propre réalité, a déclaré Korniykova.
« Je pense que chaque action, chaque concert aide », a-t-elle déclaré. « Parfois, je suis exténuée, parce qu’il y a tellement de réfugiés et tellement de problèmes ; il est facile de perdre espoir. Puis on voit des gens dans un autre pays se rassembler pour célébrer la culture ukrainienne ; ça donne l’impression de ne pas être seul, que les gens se soucient de nous. Il n’y a peut-être pas de solution, mais cela aide d’en parler. »
Korniykova a également pesé le fait de se produire en Israël, un pays dont elle n’a lu que les gros titres, où elle a vu des personnes vêtues d’uniformes militaires dans la rue.
« Si ce n’est pas votre pays ou votre problème, c’est vraiment difficile à comprendre », a-t-elle déclaré. « Je pense souvent que je suis trop loin de l’Ukraine, et souhaiterai être plus utile, mais mes amis me disent de continuer à chanter dans le monde, pour montrer à quel point la culture ukrainienne est belle. »