Une Gazaouie de 18 ans reçoit un nouveau type de pacemaker en Israël – une première
L'équipe des médecins du groupe Save A Child’s Heart a implanté le dispositif cardiaque à la jeune femme en utilisant une nouvelle méthode de pose à l'hôpital Wolfson
Pour la toute première fois en Israël, un nouveau type de pacemaker a été implanté chez une jeune femme à l’aide d’une méthode innovante. Le pacemaker – identique à celui dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait bénéficié au mois de juillet – a été posé par cathétérisme à travers la nuque de la patiente et non par le bas ventre, ce qui est une procédure sans précédent.
C’est une jeune femme de Gaza, Shahad, qui a subi cette intervention chirurgicale inhabituelle qui a eu lieu début septembre. Elle a été prise en charge à l’hôpital Wolfson de Holon par le biais de l’organisation Save A Child’s Heart.
Save a Child’s Heart est un groupe humanitaire israélien qui travaille à l’international. Objectif : sauver la vie d’enfants issus de pays où l’accès à des soins cardiaques est limité ou non-existant. Fondée à Wolfson en 1995, l’organisation a sauvé la vie de presque 7 000 enfants venus de 70 pays et elle a fait venir plus de 150 personnels médicaux en Israël où ils ont pu suivre une formation.
Les pacemakers habituels, qui aident à maintenir un rythme cardiaque normal, sont placés sous la peau du patient, au niveau de la poitrine, près de la clavicule, lors d’une opération chirurgicale. Des fils électriques sont ensuite introduits dans le cœur par cathétérisme.
Ce nouveau pacemaker – le Micra, qui est produit par Medtronic – est placé directement dans le cœur et il n’y a pas de fils électriques. Il est plus petit qu’un dispositif conventionnel – il fait à peu près la taille d’une grosse capsule de vitamine – et il ne nécessite pas d’incision ou de lésion cicatricielle. Un autre avantage de ce pacemaker est la durée de sa batterie, qui est environ de vingt ans, soit une durée de vie bien plus longue que pour les autres types d’appareil.
« Nous soignons Shahad depuis qu’elle est toute petite. Elle présente une malformation anatomique du cœur, une malformation complexe. Toutes les parties majeures de son cœur sont inversées », a commenté le docteur Sagi Assa, cardiologue pédiatrique au sein de l’organisation Save a Child’s Heart et chef de l’unité de cardiologie interventionnelle à l’hôpital Wolfson.
« Habituellement, dans ce genre de situation, il y a des problèmes de bloc cardiaque, de forte arythmie, ou avec le pacemaker naturel du cœur – des problèmes qui se développent à partir de l’âge d’un an », a ajouté Assa.
Ce qui avait été le cas avec Shahad – et la pose d’un pacemaker s’était avérée indispensable. Mais des infections avaient continué à se développer à l’intérieur de son cœur, des infections entraînées par les fils électriques de l’appareil.
« Nous avons remplacé son pacemaker à plusieurs reprises au fil des années, mais son corps les rejetait. Elle développait des inflammations des tissus, très précisément là où le dispositif était implanté, à sa poitrine. Peu importe comment nous la prenions en charge et peu importe comment nous la traitions, avec des antibiotiques locaux et systémiques ou en lui donnant d’autres traitements, le problème se posait toujours », a raconté Assa.
L’arrivée de ce nouveau type de pacemaker a offert à l’équipe de Save A Child’s Heart une nouvelle chance d’aider à contrôler l’arythmie cardiaque de Shahad tout en évitant les complications.
Toutefois, les médecins ont rencontré une difficulté – celle que Shahad est née avec une interruption de la veine cave, avec pour conséquence qu’aucune veine majeure n’assure la connexion entre la partie inférieure de son corps et son cœur. Sans cette veine déterminante qui permet au pacemaker d’être introduit dans le cœur grâce à un cathéter de taille relativement large, il a fallu que l’équipe trouve une méthode différente pour installer le dispositif.
« Nous aurions évidemment préféré passer par l’aine – en particulier chez un enfant – mais dans le cas de Shahad, nous avons néanmoins été obligés de passer par la nuque, ce qui est risqué », a indiqué Assa.
« Nous avons dû réunir à cette occasion l’équipe de pédiatrie cardiaque et l’équipe d’électrophysiologie. Le procédure en elle-même est courte mais il fallait la faire avec beaucoup de soin », a-t-il ajouté.
L’avantage de passer par la nuque est que le cathéter traverse directement une veine jusqu’au ventricule droit du cœur où le pacemaker est installé. Les inconvénients, en revanche, sont que la taille du cathéter est relativement large par rapport à la taille de la veine et que la perforation de la nuque doit être faite avec une grande précision pour éviter d’endommager les artères proches et les vaisseaux sanguins qui alimentent le cerveau.
L’intervention a simplement consisté à perforer la veine dans la nuque, sans qu’un scalpel ne soit utilisé.
« Pas besoin de coupure. Pas besoin de scalpel. Le rétablissement et tout le reste se passent bien mieux, en particulier pour cette jeune fille. Une telle procédure a eu pour conséquence que rien d’externe au cœur, qu’aucun matériel n’a été installé en dessous de la peau, ce qui créait les complications chez elle dans le passé », a continué Assa.
Après s’être rétablie à l’hôpital pédiatrique Sylvan Adams et au Centre cardiaque international de Save a Child’s Heart à l’hôpital Wolfson, Shahad a pu partir et elle est retournée chez elle, à Gaza.
Après l’intervention chirurgicale, sa mère a déclaré que « j’ai eu très peur pour Shahad et je remercie l’association Save a Child’s Heart ainsi que l’équipe médicale pour leur aide et pour les soins apportés à ma fille, des soins qui lui ont sauvé la vie ».
Malgré sa maladie et plusieurs hospitalisations de longue durée qui avaient interrompu ses études au lycée, Shahad a réussi ses examens finaux. Elle est dorénavant étudiante en technologie et en création graphique dans une université de Gaza.