Israël en guerre - Jour 371

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Une infirmière blessée par le Hamas quand elle soignait une victime sur une base militaire

Alors qu'elle se trouvait à la base Zikim avec son mari, rabbin, et huit de ses enfants en cette journée de fête, Michal Elon a quitté l'abri où elle s'était réfugiée pour aider une soldate blessée

Michal Elon, infirmière, a reçu une balle tirée par un terroriste alors qu'elle aidait des soldats blessés sur la base militaire de Zikim, le 7 octobre 2023. Elle est hospitalisée à l'hôpital Hadassah de Jérusalem d'où elle s'est entretenue avec le Times of Israel, le 19 octobre 2023. (Crédit : Renee Ghert-Zand/TOI)
Michal Elon, infirmière, a reçu une balle tirée par un terroriste alors qu'elle aidait des soldats blessés sur la base militaire de Zikim, le 7 octobre 2023. Elle est hospitalisée à l'hôpital Hadassah de Jérusalem d'où elle s'est entretenue avec le Times of Israel, le 19 octobre 2023. (Crédit : Renee Ghert-Zand/TOI)

L’infirmière en charge de Michal Elon à l’hôpital Hadassah de Jérusalem lui demande de se reposer encore.

« Non, je vais bien. J’ai envie de parler », dit Elon alors que la journaliste que je suis vient lui rendre visite dans sa chambre pour en savoir davantage sur ce qui lui est arrivé, ainsi qu’à sa famille, alors qu’elle se trouvait sur la base militaire de Zikim, située au nord de la bande de Gaza, dans la matinée du 7 octobre.

Le bras gauche immobilisé dans un plâtre impressionnant et relié à une perfusion en intraveineuse, Elon, 44 ans, se souvient de son arrivée en compagnie de son mari, rabbin, et de ses enfants sur la base, le 6 octobre. La famille réside en Cisjordanie, dans l’implantation de Kochav Hashahar.

Dans cette soirée du vendredi, il y avait eu un dîner de Shabbat partagé avec les soldats et avec les officiers. Impossible alors de s’imaginer que le matin suivant, six jeunes commandants et une recrue seraient tués en défendant la vie de 120 personnes, en empêchant les hommes du Hamas de prendre le contrôle de la base. Il y a eu aussi des blessés en ce samedi funeste, et notamment Elon, infirmière de son état qui a essuyé les tirs d’un terroriste après avoir quitté une zone protégée pour apporter des soins à une soldate blessé.

Elon et son mari, le rabbin Omri Elon, se portent souvent volontaires pour passer Shabbat sur les bases militaires, offrant une ainsi une pause bienvenue aux rabbins de l’armée, note-t-elle. Ce soir-là, Elon avait amené avec elle huit des dix enfants du couple – âgés d’un an et huit mois à vingt ans, précise-t-elle.

« Nous créons un environnement familial. Nous parlons avec les soldats. Nous apportons des jeux de société et nous jouons avec eux. Nous initions des activités », explique Elon au Times of Israel.

« Ce vendredi soir était particulièrement festif parce que c’était la fête de Simhat Torah et que les cuisiniers avaient préparé de nombreux plats spéciaux pour l’occasion. Les soldats étaient très heureux », se souvient-elle.

La famille Elon a logé dans un baraquement militaire agrémenté de lits superposés. Vers 6 heures 20 du matin, c’est le bruit d’une explosion qui a soudainement réveillé la quadragénaire.

« Je me suis dit que c’était étonnant. Il me semblait impossible qu’ils fassent des exercices pendant Shabbat, un jour de fête », raconte-t-elle.

Puis les sirènes d’alerte à la roquette ont été activées et son mari a rapidement réveillé les enfants, leur demandant de s’habiller au cas où ils aient à se refugier dans un abri antiaérien. Même si son époux n’utilise pas habituellement son téléphone le Shabbat, ajoute-t-elle, la situation était compliquée et il a donc appelé le rabbin de la base, chez lui, lui demandant si la structure dans laquelle séjournait la famille avait été créée pour résister aux attaques à la roquette. En l’absence d’une réponse, il a laissé un message.

Avant que le rabbin n’ait pu le rappeler, un soldat est arrivé en courant et il a demandé à la famille ce qu’elle faisait là.

Des soldats des unités de recherche et sauvetage du Commandement de la Défense passive de l’armée israélienne nettoient des débris d’une fausse frappe de roquette pendant un exercice à grande échelle, à Zikim, près de la frontière de la bande de Gaza, le 3 juillet 2016. (Crédit : unité des porte-paroles de l’armée israélienne)

« Il a dit : ‘Nous avons emmené les soldats dans la structure protégée. Vous devez y aller, et vite. Ce n’est pas sûr, ici’. Et nous avons donc couru vers l’abri alors que les sirènes sonnaient », dit Elon.

Elle déclare toutefois que le couple a eu le sentiment qu’il se passait quelque chose d’inhabituel quand il s’est rendu compte que des officiers avaient quitté le refuge et qu’ils n’étaient pas revenus. La famille se trouvait dans l’abri avec tous les soldats en formation, qui n’étaient entrés dans l’armée que deux mois auparavant.

Personne ne savait, à ce moment-là – tous l’apprendront plus tard – qu’environ 2 500 terroristes s’étaient infiltrés sur le territoire israélien, depuis Gaza, par voie aérienne, maritime et terrestre, ont tué environ 1400 personnes – des civils en majorité – et kidnappé 212 otages de tous les âges, sous couvert d’une pluie de roquettes prenant pour cible les villes et les villages israéliens. Des milliers de missile devaient s’abattre sur Israël, le 7 octobre.

Au kibboutz Zikim voisin, l’équipe chargée de la défense civile avait protégé la communauté face à l’assaut. Ses membres avaient ouvert le feu sur les hommes du Hamas qui tentaient de lancer un missile antitank à l’aide d’un dispositif portatif, des grenades et des bombes artisanales alors qu’ils s’efforçaient de s’introduire dans la communauté.

Quand la famille Elon et les soldats attendaient dans l’abri, quelqu’un était arrivé en disant qu’une soldate avait été blessée. Peut-être, d’ailleurs, était-elle morte au combat. Elon a ultérieurement compris que les soldats ne l’avaient pas amenée dans l’abri fortifié et n’avaient pas donné de détail sur son état de manière à ne pas effrayer les autres.

« J’ai dit que j’étais infirmière et que je pouvais venir voir si je pouvais apporter mon aide, d’une manière ou d’une autre. Je n’avais aucune idée de ce que la situation était en réalité », explique Elon.

« C’était horrible. Elle avait reçu une balle en plein visage. La balle était entrée par le nez et elle s’était coincée dans le crâne. Elle souffrait d’un traumatisme très grave à la tête », dit-elle.

Rhoda Smolow, présidente de l’organisation Hadassah, The Women’s Zionist Organization of America, rend visite à Michal Elon, blessée par un terroriste sur la base militaire Zikim, le 7 octobre 2023, alors qu’elle est hospitalisée à l’hôpital Hadassah, le 19 octobre 2023. (Crédit : Ariel Jerozolimski)

Elon a installé la soldate dans la pièce d’un bâtiment situé à proximité de l’abri et elle a tenté de s’occuper d’elle le mieux possible.

« Elle ne présentait pas une hémorragie importante parce que la balle n’était pas ressortie du crâne. Tout était très confus », se souvient-elle.

Plusieurs militaires se trouvaient avec elle, et elle leur a demandé de rapporter de l’eau et toutes les fournitures et autres équipements médicaux qu’ils pourraient trouver. Mais avant qu’ils puissent sortir, l’un des soldats, qui se tenait à la porte, a essuyé des tirs.

« Soudainement, nous avons entendu des tirs et ce soldat s’est écroulé dans la pièce. Il avait reçu une balle dans la tête et il saignait, des quantités énormes de sang. Je ne pouvais, de mon côté, absolument rien faire », raconte-t-elle, ravalant ses sanglots.

« L’autre soldat m’a demandé si je pouvais faire quelque chose pour lui. Je lui a répondu que je ne pensais pas qu’on puisse faire quoi que ce soit pour l’aider. Je me suis dit que peut-être, il était préférable que je me cache sous le lit. Je ne savais pas quoi faire. Je ne comprenais pas ce qui était en train de se produire. Je me disais qu’il s’agissait seulement d’une attaque à la roquette. Je ne savais pas que des terroristes se trouvaient dans la base », ajoute-t-elle.

Quelques seconde plus tard, une silhouette est apparue à la porte. Elon dit se rappeler qu’elle n’a pas été capable d’identifier ce qu’elle a vu à cet instant-là. D’un côté, la personne qui venait d’entrer ressemblait à un soldat, mais il y avait quelque chose d’anormal concernant son uniforme.

« Il m’a regardée dans les yeux, il a levé son arme et il a ouvert le feu. J’ai été touchée au bras, à l’estomac et à la poitrine. Je ne savais pas quoi faire. J’ai senti ma main tomber, c’était comme si elle n’était plus reliée à mon corps », explique-t-elle.

L’hôpital Hadassah Ein Kerem, à Jérusalem, le 17 août 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Elle a rapidement ôté le foulard qu’elle porte au quotidien sur ses cheveux – elle est religieuse pratiquante – et elle en a fait un garrot qu’elle a accroché à son bras. Elle dit qu’elle était bien déterminée à retourner dans l’abri, inquiète d’avoir des nouvelles de son époux et de ses enfants, inquiète de savoir si tous allait bien.

Elle est allée en titubant jusqu’au refuge et elle est tombée sur le sol alors qu’elle se trouvait à proximité de l’entrée. Son mari est sorti et l’a ramenée à l’intérieur, et elle a pu lui raconter ce qui était arrivé et lui donner des instructions sur la manière de prendre en charge au mieux ses blessures compte-tenu des circonstances.

« Les soldats ont été stupéfiants. Ils ont enlevé leur tee-shirt et ils ont pressé les blessures avec pour stopper les différents écoulements de sang. J’ai continué à saigner mais grâce à Dieu, je suis là aujourd’hui. Tout s’est finalement bien terminé », déclare Elon.

Elle a dit à son mari qu’outre les hémorragies, elle ne parvenait plus à sentir son bras, et elle a demandé à se rendre dans un hôpital – mais il était impossible de partir ou de faire appel à une ambulance dans ce contexte de tirs de roquette intenses et d’échanges de coups de feu.

Elon est resté consciente et, au bout de trois heures et demie, une ambulance militaire a réussi à entrer sur la base. Elle a été évacuée aux côtés de deux autres soldats – l’un blessé à la jambe et l’autre blessé à l’arme blanche, à la tête. La femme qui avait essuyé un tir au visage, la soldate qu’Elon avait soignée, a finalement survécu en faisant semblant d’être morte quand le terroriste est entré et qu’il a tué le militaire qui se trouvait dans l’encablure de la porte avant de tourner son arme vers Elon.

La quadragénaire a été emmenée à l’hôpital Barzilai d’Ashkelon, pris d’assaut au fur et à mesure que les victimes de l’attaque barbare du Hamas arrivaient. Elle a ensuite été transférée à l’hôpital Hillel Yaffe de Hadera, où elle a reçu les premiers soins. Une semaine plus tard, elle a été hospitalisée à Hadassah, à Jérusalem, où elle a subi une intervention chirurgicale de pointe visant à réparer le nerf qui a été endommagé dans son bras.

« La balle qui a touché ma poitrine est encore là. Je ne la sens pas. Les médecins ont décidé de la laisser là où elle est parce qu’elle est vraiment proche d’artères sanguines déterminantes et que ce ne serait pas sûr de tenter de l’enlever », explique-t-elle.

Michal Elon, deuxième à droite, avec sa sœur jumelle Yael Weissman, sa mère Rachel Alpert et son mari, le rabbin Omri Elon, à l’hôpital Hadassah de Jérusalem, le 19 octobre 2023. (Crédit : Renee Ghert-Zand/TOI)

Alors qu’elle était assise, grièvement blessée, appuyée contre le mur de l’abri, Elon raconte s’être efforcée de rester calme et de sourire pour rassurer ses enfants, serrés les uns contre les autres, qui attendaient anxieusement l’arrivée des secours. Après son évacuation par ambulance, l’armée a emmené son époux et la fratrie – aucun d’entre eux n’a été blessé – hors de la base.

Elle déclare que les enfants se sont conduits en véritables héros. « Ils ont affiché tellement de courage. Ils ont fait beaucoup de choses pendant ce temps-là. Ils sont forts, je le sens », dit-elle.

Cette expérience horrible les a rapprochés, selon leur mère.

« Ils n’arrêtaient pas de se quereller au sujet de qui dormirait dans quelle pièce et avec qui, et qui aurait enfin sa propre chambre à coucher. Maintenant, ils dorment tous ensemble dans une seule chambre. Aucun ne veut rester seul », déclare-t-elle.

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