Une kamikaze devenue pacifiste interdite d’assister à une première en Israël
Le Shin Bet empêche Shifa al-Qudsi du mouvement Combattants pour la paix d'assister à la projection du documentaire dans lequel elle figure
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
UUne activiste pacifiste palestinienne qui a jadis été formée pour être une kamikaze s’est vue refuser jeudi l’entrée en Israël pour assister à la première d’un documentaire dans lequel elle figure.
Shifa al-Qudsi, de la ville de Tulkarem en Cisjordanie et membre de l’organisation israélo-palestinienne Combattants Pour la Paix (CPP), a été empechée d’entrer en Israël jeudi par les forces de sécurité, lit-on dans un communiqué de CPP.
L’organisation a demandé au service de sécurité du Shin Bet de permettre à al-Qudsi d’assister jeudi après-midi à la projection d’un nouveau documentaire « Disturbing the Peace », dans lequel elle joue un rôle clé, au Festival du film de Jérusalem.
Un porte-parole de CPP a déclaré au Times of Israel que le Shin Bet a rejeté la demande d’al-Qudsi.
L’organisme israélien responsable de la délivrance des permis d’entrée aux Palestiniens n’a pas répondu à la question pourquoi la demande d’al-Qudsi a été rejetée.
« La politique d’Israël limitant les visas aux mouvements pour la paix empêche toujours que la voix palestinienne appelant à la fin du conflit parvienne au public israélien, » ont affirmé les dirigeants de CPP Udi Gur et Mohamad Awedah dans le communiqué.
Les voix des membres palestiniens de Combattants Pour la Paix est critique et non-violente. Le public israélien a le droit d’entendre que le changement est possible, comme le processus de Shifa l’illustre, et la tentative de la faire taire vise à déchirer les deux nations et à apporter le désespoir – mais nous croyons qu’il existe une autre voie, le chemin de l’espoir ».

En 2002, Qudsi a été recrutée pour perpétrer un attentat-suicide dans un supermarché dans la ville côtière de Netanya.
Agée alors de 24 ans et travaillant dans un institut de beauté à Tulkarem, Qudsi devait se faire exploser avec 15 kilos d’explosifs attachés à son corps sous une robe de maternité. Avant qu’elle n’ait pu accomplir l’attentat, des agents du renseignement israélien ont été prévenus et elle a été arrêtée et plus tard condamnée. Elle a purgé une peine de six ans dans une prison israélienne.

En prison, selon le communiqué de CPP – un groupe de vétérans israéliens et d’anciens terroristes palestiniens – Qudsi s’est rendue compte que beaucoup d’Israéliens voulaient la paix et a rejoint le groupe activiste après sa libération. Elle vit toujours à Tulkarem.
Le documentaire dans lequel joue Qudsi suit la transformation d’Israéliens et de Palestiniens qui ont participé au conflit en militants du mouvement Combattants Pour la Paix, qui cherche à mettre fin à la violence entre les deux parties.

Le 21 juillet, le film sera également projeté sur la barrière de sécurité près de Beit Jala, qui est située près de la ville de Bethléem en Cisjordanie.